Jysk, c’est quoi ce « Ikea danois » qui ouvre magasin après magasin en France ?
Présent en France depuis 2007, ce distributeur danois qui a conquis l’Europe du Nord et l’Allemagne a repris ici son expansion en 2020 et compte désormais 72 magasins.
Jysk ouvre à Metz, Jysk ouvre à Châteauroux, Jysk ouvre à Denain, Jysk prépare son arrivée à Narbonne ou Ploërmel… Depuis plusieurs mois, la presse régionale fait état des ouvertures régulières de points de vente de cette marque d’ameublement.
Peu connue au niveau national, cette marque a fait de la France l’un de ses objectifs prioritaires. Mais qu’est-ce que Jysk ?
« C’est le plus grand distributeur danois avec un chiffre d’affaires total de 5,5 milliards d’euros », précise Luc Weiland, responsable du développement de Jysk en France. Nous sommes présents en France depuis 2007 mais c’est depuis 2020 que nous avons vraiment accéléré.
Celui que l’on surnomme naturellement le « Ikea danois » survivait joliment en France dans les années 2010 avec pas plus d’une trentaine d’ouvertures en plus d’une décennie. Mais avec le rachat par la société mère au Danemark en 2020 (la France était auparavant gérée par une direction allemande), Jysk a depuis changé de cap.
Déjà 1.000 magasins en Allemagne
Le groupe a inauguré cette semaine son 72e point de vente à Denain près de Valenciennes, soit plus de 30 ouvertures depuis le Covid. Depuis la pandémie, elle a doublé son chiffre d’affaires en France à 68 millions d’euros.
Bien qu’on le compare à Ikea en raison de ses origines scandinaves et de ses petits prix, Jysk est pourtant un concept bien différent. D’abord parce que les magasins sont plus petits. Les points de vente sont sur un standard de 1 250 m², contre 15 000 à 20 000 pour son concurrent suédois.
Autre différence : s’il se positionne dans les mêmes gammes de prix (panier moyen de 45 euros), le danois propose de nombreuses marques comme Simmons, Dodo ou Dunlopillo, tandis qu’Ikea ne vend que ses propres produits.
Des marques principalement venues d’ailleurs dans la literie, car c’est avec ces produits que l’entreprise a démarré.
C’est en 1979 qu’un certain Lars Larsen, alors âgé de 31 ans, ouvre un magasin de literie dans la région du Jutland, au nord du Danemark. Pour le nom, il opte pour « jysk » qui est le surnom affectueux donné aux habitants de la région (équivalent local de nos « ch’tis »).
Spécialisée dans les produits en duvet d’oie (d’où le logo de la marque), Jysk s’est forgé une bonne réputation localement en tant que vendeur de produits de qualité à des prix abordables.
De quoi financer une expansion rapide d’abord au Danemark puis à l’étranger avec l’Allemagne en 1984 puis progressivement dans toute l’Europe du Nord dont la Suède à partir de 1991. Dans la patrie d’Ikea, le Danois compte même désormais 134 magasins.
Présence dans les petites villes
En partant de la literie, Jysk élargit progressivement sa gamme. D’abord dans le linge de maison puis le mobilier (tables, armoires, chaises…), la petite décoration (style scandinave comme Ikea), la salle de bain et surtout le salon de jardin.
« Nous sommes très forts sur le mobilier de jardin qui représente 35 à 40 % de notre chiffre d’affaires en saison, indique Luc Weiland. Nous avons nos propres marques sur ces produits, nous sommes un peu une référence.
Dans un marché du meuble en France très concurrentiel et pas des plus dynamiques de ces dernières années, Jysk entend jouer la carte du style scandinave, accessible et proche de chez soi.
Avec ses magasins imposants, Ikea a besoin de très larges clientèles tandis que le Danois peut se contenter de « retail parcs » plus modestes.
«Nous avons un réseau plus solide que notre concurrent, reconnaît le responsable de l’expansion. On peut aller dans des villes de 10 000 habitants comme c’est le cas dans le nord. Nous sommes souvent le seul acteur sur un bassin de 45 000 habitants. »
Pas encore rentable en France en raison de son expansion rapide et relativement récente, Jysk espère réussir ici et en Allemagne. Outre-Rhin, le distributeur est une institution avec quatre décennies de présence et près de 1 000 magasins. En France, le chemin est encore long. Jysk, par exemple, n’est pas présent en Ile-de-France et très peu dans le sud-est où les loyers restent encore trop élevés.
«Nous visons un objectif à long terme de 500 magasins dans le pays», confie Luc Weiland. « Cela prendra le temps qu’il faudra. »