Jusqu’au bout, les joueurs n’ont pas respecté le cadre lors de la tournée en Argentine
Alors que la tournée de l’équipe de France de rugby en Amérique du Sud a tourné au cauchemar, le président de la Fédération française de rugby, Florian Grill, s’est longuement exprimé ce mardi matin. Sans toutefois parvenir à rassurer sur le respect de l’encadrement des joueurs lors de leurs sorties, avec une possible désobéissance après le dernier match des Bleus en Argentine.
Fermeté et réponses étaient attendues lors de la conférence de presse tenue ce mardi matin par Florian Grill à Marcoussis. Si le président de la Fédération française de rugby (FFR) a annoncé un changement de protocole pour les rassemblements à venir, littéralement « un avant et un après Mendoza », des zones d’ombre persistent autour du « cadre » mis en place autour des Bleus.
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Règles non respectées
Car une chose est sûre, ce cadre n’a pas été respecté par les joueurs. En place depuis plusieurs années, il repose, selon le président de la FFR, sur un principe « d’autonomie et de responsabilisation ».
« Il prévoit que les joueurs puissent sortir en groupe, avec des joueurs cadres qui se chargent de prévoir les taxis pour faire rentrer tout le monde en même temps », explique Florian Grill. Un protocole respecté, notamment par Baptiste Serin, le capitaine des Bleus lors de la tournée.
Mais cela n’a pas suffi : « Un certain nombre de joueurs ont décidé de ne pas respecter le cadre », a poursuivi le patron du rugby français, « donc ce n’est pas le staff qui est responsable, ce sont les joueurs qui ont décidé de sortir de ce cadre ».
Parmi ces joueurs, donc : Hugo Auradou et Oscar Jegou, mis en examen pour viol aggravé et toujours détenus à Mendoza, et Melvyn Jaminet, auteur de propos racistes sur l’un de ses réseaux sociaux et exclu du groupe par mesure de précaution. Le staff est donc mis hors de cause, tout comme les dirigeants, qui auraient joué le rôle qui était le leur. Reste alors la question de la pertinence de ces règles et de la capacité de la direction à les faire respecter.
« On ne leur a pas dit de rester dans leurs chambres. »
Car il semble impossible pour le staff d’empêcher les joueurs de partir. La semaine dernière, alors qu’Oscar Jegou et Hugo Auradou étaient déjà en détention, les internationaux non convoqués pour le dernier test face à l’Argentine ont demandé et obtenu une autorisation de sortie auprès de Jean-Marc Lhermet, vice-président délégué au haut niveau.
Ce dernier l’a confirmé mardi matin : « L’annonce de l’équipe pour le dernier match a été faite jeudi soir. Il y a encore des joueurs pour qui la tournée était terminée. Ils sont venus nous demander ce qu’ils pouvaient ou ne pouvaient pas faire. Nous leur avons permis de sortir de l’hôtel pour aller manger au restaurant, profiter de la ville, éventuellement boire quelques verres de manière contrôlée. Nous ne leur avons pas dit de ne rien faire et de rester dans leur chambre jusqu’à la fin de la tournée. »
Une sortie finale interdite ?
Une autorisation réservée aux joueurs hors groupe et qui ne devrait pas s’appliquer à ceux qui ont disputé ce dernier match face à l’Argentine. Mais selon nos confrères de L’Equipe, après ce dernier match de la tournée, des joueurs auraient néanmoins pris la décision de sortir, allant à l’encontre des consignes. Florian Grill avait mis son veto à une sortie. Si elle a eu lieu, c’était dans son dos : « Le soir du troisième match, on a organisé la remise des casquettes. Il y a eu un dîner et un potluck. Des joueurs ont demandé à sortir, Jean-Marc a dit non. Donc s’il y a eu des sorties, c’était un faux pas de plus. A nous de mettre en place l’arsenal de décisions en cas de faux pas. On leur avait dit de rester à l’hôtel. »
Un changement de ce cadre à venir
Le cadre collectif établi par la Fédération française ne résiste pas aux décisions individuelles des joueurs, qui ne semblent pas prendre conscience de la résonance des événements extra-sportifs de cette tournée. Un cadre qui évoluera, dès le prochain rassemblement, assure Florian Grill, sans toutefois en donner les contours : « Nous allons changer les règles. Nous ne voulons pas d’une décision qui tombe d’en haut, nous allons le faire en concertation avec les joueurs, le staff, la Ligue nationale de rugby. Nous comprenons qu’il y ait besoin d’une soupape, mais il n’y a pas lieu d’aller dans ces extrêmes, qui sont de toute façon incompatibles avec la performance sportive. »
Outre le renforcement des règles, les instances du rugby français souhaitent également durcir les sanctions disciplinaires, qui pourraient inclure des amendes, mais aussi « des exclusions temporaires ou définitives des équipes de France, comme on l’a fait avec Jaminet, explique Florian Grill. Il faut passer par là, c’est un enjeu de survie pour le rugby français ». Et d’image aussi.