Deux anciens maires du secteur Les Républicains (LR) sur le même banc du tribunal correctionnel de Marseille, mais deux systèmes de fraude différents. L’un, décrit comme« abject » Ou « chasse aux procurations » passé la porte d’un Ehpad, l’autre s’est installé dans la panique entre les deux tours des élections municipales de 2020 pour tenter de ne pas perdre un fief réputé imprenable de la droite dans la cité phocéenne.
La mise en examen du vice-procureur Jean-Yves Lourgouilloux a clairement fait la distinction, jeudi 26 septembre, au quatrième jour du procès des treize prévenus jugés pour préparation de 194 procurations illégales. C’est d’ailleurs pour cela que le magistrat a placé les deux élus aux extrémités de l’échelle des peines qu’il a sollicitées.
En haut : Julien Ravier, ancien maire du 11e et 12e arrondissements, comète de la vie politique marseillaise, contre lesquels il a requis trois ans de prison avec sursis, 20 000 euros d’amende et la durée maximale d’inéligibilité prévue par la loi, soit dix ans. Ci-dessous : l’ex-maire du 6e et 8e arrondissements, Yves Moraine, le « fils politique de Jean-Claude Gaudin » contre lequel il a requis trois mois de prison avec sursis, 10 000 euros d’amende et dix-huit mois d’inéligibilité. Dans son secteur, 31 procurations avaient été faites sans passer par un officier de police judiciaire. Pour Monsieur Lougouilloux, « Le détournement du droit de vote par la fraude contribue à la détérioration de la confiance dans la vie politique ».
Vaste fraude dans deux secteurs
Mi-juin 2020, la justice avait mis au jour une vaste fraude dans deux secteurs détenus par LR, consistant à récupérer les papiers d’identité des électeurs pour les transformer en procurations avec la désignation d’un agent, d’un militant ou d’un fonctionnaire territorial acquis par les Républicains. Le système a pu fonctionner grâce à la complicité de Roland Chervet, un commandant de police en préretraite. Il se rendait régulièrement à la mairie du 11e et 12e arrondissements pour tamponner les procurations remplies par les secrétaires de mairie, petites mains de la fraude, à qui les colistiers mais surtout Richard Omiros, directeur de cabinet de Julien Ravier, fournissaient aux cartes d’identité des électeurs parfois une simple photo transmise par SMS.
« Une production artisanale de qualité moyenne »selon le procureur qui a requis la même peine de deux ans de prison avec sursis, de 10 000 euros d’amende et de cinq ans de privation du droit de vote à l’encontre de ces deux acteurs principaux, « le policier sans qui rien n’était possible » et le bras droit du maire de secteur, « Point central, conducteur de manœuvres frauduleuses ». M. Lourgouilloux s’est montré plus indulgent envers trois secrétaires de l’atelier de fabrication avec des réquisitions allant de quatre à huit mois de prison avec sursis, de 2 000 à 5 000 euros d’amende et d’un à deux ans d’inéligibilité.
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