L’entraîneur allemand, en poste depuis neuf ans sur les bords de la Mersey, quittera Liverpool à l’issue du dernier match face à Wolverhampton dimanche, après avoir remporté tous les trophées possibles avec les Reds.
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« Nous avons tellement gagné avec Bob Paisley et Bill Shankly », peut-on entendre dans l’un des chants emblématiques des supporters de Liverpool. Aux deux entraîneurs mythiques des Reds des années 60 et 70, ils pourront bientôt ajouter Jürgen Klopp. L’entraîneur allemand, arrivé à Liverpool en octobre 2015, disputera son dernier match contre Wolverhampton, dimanche 19 mai (17 heures), avant de passer la main à Arne Slot.
« Ce ne sera pas agréable, mais dire au revoir sans se sentir triste ou blessé aurait signifié que le temps que nous avons passé ensemble n’était pas bon. »a déclaré vendredi le technicien allemand. Arrivé de Dortmund alors que les Reds sortaient d’une médiocre sixième place en championnat, Klopp a, en neuf ans, marqué à jamais l’histoire du club.
Tout d’abord en termes de titres : huit au total, dont un titre de champion (2020), le premier depuis 30 ans pour Liverpool. Mais aussi une sixième Ligue des Champions (2019), une FA Cup (2022) et deux Coupes de la Ligue (2022 et 2024). Une domination courte mais intense du football européen.
Mais si Jürgen Klopp a laissé une telle empreinte sur le club de la Mersey, c’est parce qu’il a tout de suite su prendre la mesure du lieu, où « Avant de mettre les pieds sur le terrain, les gens vous aiment, jusqu’à ce que vous les déceviez. Nous ne les avons jamais vraiment déçus »a salué l’entraîneur vendredi.
« Je n’oublierai pas un seul jour de cette époque, car j’ai rencontré les meilleures personnes que j’ai jamais rencontrées. Et je l’ai fait pour le meilleur club que j’aurais pu imaginer, dans une ville merveilleuse, très, très, très spéciale »
Jürgen Klopplors d’une conférence de presse vendredi
Celui qui aura bientôt 57 ans s’est imposé par son charisme naturel, sa proximité avec le public, qu’il harangue de coups de poing rageurs à chaque victoire, et sa philosophie de jeu basée sur une intensité constante.
Pour autant, la mission n’était pas un pari gagné d’avance. A son arrivée, les stars de l’époque étaient Philippe Coutinho, Adam Lallana et Christian Benteke.
Le projet Klopp a pris du temps, que ses managers lui ont accordé à une époque où les entraîneurs ont pris l’habitude de valser. « C’est un grand homme avec un grand cœur et une incroyable passion pour bien faire les choses »salua John W. Henry, le propriétaire de Liverpool.
Après trois saisons à peaufiner son effectif, « son » Liverpool a atteint sa vitesse de croisière en 2018-2019. Le technicien a apposé son empreinte sur un effectif composé de recrues connues (Alisson, van Dijk), de joueurs à leur plein potentiel sous ses ordres (Salah, Mané) et de produits maison (Alexander-Arnold, Gomez).
Pendant près de quatre ans, Klopp a étouffé toute l’Europe, les yeux rivés sur la machine à gagner qu’est le Manchester City de Pep Guardiola, qui a dû marquer 97 et 93 points pour arracher le titre en 2019 et 2022.
Si le palmarès de Klopp avait pu être encore plus étoffé, sa légende ne serait pas entamée. Dans un club où la romance prime encore parfois sur les résultats, l’Allemand a su emmener tout le monde avec lui. L’annonce de son départ, le 26 janvier, a surpris, mais son visage cicatrisé témoigne de l’usure physique et mentale que lui a coûté son séjour là-bas. « Je manque d’énergie. Je vais bien, mais je sais que je ne peux pas faire ce travail encore et encore »il expliqua.
Elle est intervenue dans une saison compliquée, où son équipe sortait souvent à peine la tête de l’eau. Signe que son message était peut-être aussi au bout du rouleau, après neuf années à exiger des efforts extraordinaires de la part de ses joueurs. L’annonce a d’abord eu un effet de choc : joueurs et supporters voulaient lui proposer une sortie par la grande porte. A cette date, les quatre titres étaient encore possibles.
Quatre mois plus tard, il n’y en aura qu’une, la Coupe de la Ligue. Les Reds sont restés coincés en championnat (à la troisième place), ont pris une gifle en Ligue Europa (en quarts de finale contre l’Atalanta) et ont laissé filer la FA Cup en quarts de finale (contre Manchester United). Les frustrations visibles de Mohamed Salah Ou Virgile van Dijk ont fini par être convaincus que le message ne s’imprime plus comme avant.
Le moment est donc venu pour Anfield de dire au revoir à celui qui lui a donné une nouvelle vie. Les « Scousers » lui chanteront une dernière chanson « Tu ne marcheras jamais seul » qui résonnera comme un chant du cygne. Dès lundi, Jürgen Klopp pourra quitter la Mersey l’esprit serein : il marchera au même niveau que Bill Shankly et Bob Paisley, parmi la trinité des entraîneurs mythiques de Liverpool.