Réuni ce mardi matin, le bureau de l’Assemblée a jugé que la proposition de destituer les Insoumis était « recevable ». Elle sera donc débattue en commission des lois ainsi qu’en séance publique. Elle n’a toutefois quasiment aucune chance d’être adoptée.
Le bureau de l’Assemblée nationale a tranché. Réunie ce mardi matin, la plus haute instance collégiale du Palais Bourbon a décidé de juger « admissible » La procédure de destitution du président de la République soutenue par La France Insoumise est en cours. Les débats auront donc lieu dans quelques semaines en commission des lois de l’Assemblée nationale et, probablement, en séance publique dans l’hémicycle. Si cette procédure n’a quasiment aucune chance d’aboutir – elle doit notamment être validée par les deux tiers du Parlement -, c’est la toute première fois qu’une telle proposition passe le filtre du bureau de l’Assemblée.
La composition de cette instance y est pour beaucoup. En minorité au Palais Bourbon, les députés de l’alliance de gauche Nouveau Front Populaire sont majoritaires au sein du bureau, après la défection de plusieurs macronistes dans l’Hémicycle en juillet dernier lors de l’élection des secrétaires. En supériorité numérique, les députés des quatre groupes de gauche ont donc tous voté pour le « recevabilité » de cette proposition mardi matin. Et ce sont les socialistes qui, après bien des hésitations, ont fait pencher la balance. « Cette procédure étant signée par plus d’un dixième des membres de l’Assemblée, et motivée, nos représentants au bureau voteront en faveur de sa recevabilité »le groupe socialiste l’avait annoncé dans un communiqué publié la veille.
12 voix pour, 10 contre
Malgré l’opposition des députés du camp majoritaire, de droite, et du Rassemblement national, l’initiative des Insoumis peut donc être examinée à l’Assemblée : victoire par 12 voix pour, 10 voix contre. « Les macronistes ont dû se réapproprier la démocratie »a déclaré la présidente du groupe Insoumis, Mathilde Panot, à sa sortie du bureau. Avant de se réjouir : « C’est un événement sans précédent dans l’histoire de la Ve République qui vient de se produire. »Référence à 2016, lorsque la procédure de destitution lancée par les députés Les Républicains contre François Hollande avait été jugée irrecevable faute de majorité de droite à l’époque au sein du bureau de l’Assemblée.
Les socialistes ont pour leur part justifié leur choix de laisser passer ce texte, expliquant qu’ils auraient pris la même décision si la proposition était venue de « de tout autre groupe » du Palais Bourbon. « Nous ne répondons pas aux diktats des Insoumis »L’opposition a notamment lâché le socialiste Inaki Echaniz, salle des Quatre Colonnes. La décision des Insoumis de déposer cette procédure de destitution fait suite à la décision d’Emmanuel Macron de ne pas nommer de Premier ministre issu du Nouveau Front populaire, malgré leur arrivée en tête au soir du second tour des législatives anticipées de 2024. « Un coup d’État antidémocratique »ils jugent.
La procédure devrait être examinée prochainement par la Commission des lois de l’Assemblée nationale. Même en cas de rejet, elle pourrait ensuite – sauf manœuvre de dernière minute – être débattue dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale.