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Judith Godrèche, ici lors de la manifestation devant le CNC, le 13 mai 2024.
CULTURE – Un rire qui en dit long. Judith Godrèche, qui a libéré la parole aux victimes de violences sexistes et sexuelles au cinéma, s’est moquée de Vincent Lindon lundi 13 mai sur France Inter. L’acteur avait, un peu plus tôt dans la journée, demandé un « feuille de route » pouvoir aider les femmes, en prétendant ne pas savoir le faire seul.
A la veille de l’ouverture du Festival de Cannes et quelques heures après une manifestation devant le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC), Judith Godrèche était l’invitée de l’émission de Fabienne Sintes. Le téléphone sonne. La question d’un auditeur nommé Vincent est alors lue à l’antenne : « Je suis un homme de 70 ans complètement consterné par ce que j’entends. J’aimerais crier autant et autant que les femmes mais comment le faire et à qui ? »
Une réflexion qui fait écho aux propos de Vincent Lindon également sur France Inter lundi matin. Il a appelé les hommes à « soutenir les femmes » dans le mouvement #MeToo au cinéma et a exigé un « feuille de route » afin de les aider. « Tu dois me guider. il ajouta.
« Personne n’a besoin d’une feuille de route pour savoir »
Appelée à réagir à ses propos, Judith Godrèche a d’abord éclaté de rire. » Pardon « elle s’est excusée, une réaction qui en dit long sur ce qu’elle pense. « Par exemple, je ne sais pas, sur un tournage en ouvrant les yeux, elle suggère alors. C’est compliqué de ne pas voir. »
« L’identification est une drôle de chose. C’est la capacité de s’identifier à tout le monde sans dire « je ne peux pas m’identifier à elle parce que c’est une femme ». Il devrait être possible de s’identifier à tous les genres humains. A partir du moment où vous vous identifiez, vous savez que ce qui fait du mal aux autres vous fait du mal. »elle analyse.
L’actrice de 52 ans poursuit : « Je ne pense pas que quiconque ait besoin d’une feuille de route pour le savoir, il me semble. C’est aussi pour cela qu’il n’est pas nécessaire de suivre une formation pour savoir qu’abuser sexuellement de quelqu’un n’est pas bien. Nous n’avons pas besoin d’être formés pour savoir ne pas violer. »
Godrèche regrette le silence du CNC sur Boutonnat
Elle fait ici une double référence au CNC. Tout d’abord, sur la formation dispensée à « 6 000 professionnels du cinéma (producteurs, réalisateurs, diffuseurs, exploitants…) sur la prévention des violences sexistes et sexuelles sur les plateaux de tournage » depuis 2020, un argument avancé par l’institution ce lundi en réponse à la manifestation devant ses locaux.
Et deuxièmement au patron du CNC, Dominique Boutonnat, mis en examen pour agression sexuelle sur son filleul. Les manifestants réclamaient sa suspension compte tenu de la gravité des faits qui lui sont reprochés, et voulaient que le CNC soit irréprochable au sujet des violences sexuelles au cinéma.
Ils ont été déçus. « Nous avons été très poliment écoutés, reçus et la réponse lorsque nous nous sommes rendus dans les bureaux du CNC a été le silence » a regretté l’actrice, toujours sur France Inter. Sera-t-il davantage écouté au Festival de Cannes ? Le sujet des violences sexuelles sera abordé de front, avec la présentation de son court métrage réalisé avec un millier de victimes de violences sexuelles qui ont répondu à son appel sur les réseaux sociaux.
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