Judith Godrèche et Arthur Teboul : dialogue intime et politique

Les deux artistes ont marqué le paysage culturel français ces derniers mois : Judith Godrèche, en devenant une figure incontournable du mouvement Metoo dans le monde du cinéma, d’abord aux Césars, puis à l’Assemblée nationale ; et Arthur Teboul, chanteur du groupe Feu ! Chatterton, et interprète de la chanson L’affiche rouge par Léo Ferré lors de la panthéonisation de Missak et Mélinée Manouchian, rendant ainsi hommage à tous les résistants étrangers.

Artistes témoins des problématiques de leur temps, ils usent des mots avec conscience de leur pouvoir fédérateur et dénonciateur, mais aussi de leur capacité à raconter des histoires singulières.

« La solitude donne de la force, confie Judith Godrèche. C’est avec les mots de la solitude que j’écris. Et c’est cette solitude qui rencontre celle des autres et forme foule. C’est l’idée que le combat peut naître de la rencontre de toutes ces solitudes, en fait. » À la fin de la semaine dernière, l’actrice a publié une chronique dans le journal Libérer à l’occasion des journées d’été des écologistes pour rappeler au Nouveau Front Populaire l’urgence de recréer une commission d’enquête parlementaire sur les violences sexuelles au cinéma, interrompue par la dissolution de l’Assemblée.

Arthur Teboul revient sur son interprétation de L’affiche rouge : « Je pense que si on avait chanté cette chanson au Panthéon il y a quinze ans, personne ne l’aurait ressentie de la même façon. Parce qu’il y a des fantômes du passé qui reviennent. Il y a de la haine, du désarroi, de la violence et une peur sociale, sociétale qui est là, qui infuse. C’est fou à quel point ces mots de Manouchian repris par Aragon, qui ont maintenant 80 ans ou presque, parlent au présent. »