Pour sa première apparition à la Fête de l’Humanité, Judith Godrèche a présenté son court métrage Moi aussi, à l’Espace Jack Ralite. Elle a été accueillie avec enthousiasme par la manifestation féministe organisée en hommage à une autre militante emblématique, Angela Davis, mais aussi pour soutenir Gisèle Pelicot, une victime de viol dont le procès a un écho retentissant puisqu’il accuse le patriarcat.
La réalisatrice, qui a réussi à obtenir une commission d’enquête parlementaire contre les violences sexuelles, depuis dissoute, était l’invitée de l’Agora, samedi 14 septembre, où elle s’est exprimée devant un large public. Une carte blanche intimiste, franche et combative.
Dans les manifestations auxquelles vous participez, beaucoup de gens, notamment des jeunes, vous interpellent car vous incarnez un combat, un espoir. Comment ne pas les décevoir ?
On fait d’abord les choses pour soi. On donne parce qu’on a besoin de donner. On se sent alors moins seul. Parfois je me dis : si j’arrête de lutter, comment vais-je tenir debout ? C’est devenu mon moteur. Avec ce combat, cette énergie, ce mouvement en avant, je n’ai même pas le temps de m’asseoir et de ressentir l’annihilation d’une expérience, d’une réalité ou d’une solitude.
J’ai probablement très peur d’arrêter de jouer. C’est très angoissant de se retrouver dans l’espèce de vide intersidéral de sa chambre et de sa réalité. Les gens qui sont là, qui m’écoutent, c’est à moi qu’ils donnent. J’ai ce privilège. Il est compliqué d’imaginer que les gens fassent des choses par abnégation et par don de soi. Le soutien de toutes les personnes anonymes qui, à travers mes mots, se retrouvent un instant, est d’une importance vitale pour moi.
Il est difficile pour une femme de prendre la parole dans la société, surtout lorsqu’elle dénonce des violences sexuelles. Vous dites souvent que mener un combat a un prix. Ressentez-vous un contrecoup ?
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