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Jours d’attente maintenus pour la fonction publique, les syndicats annoncent la grève

Jours d’attente maintenus pour la fonction publique, les syndicats annoncent la grève

 » On prend au mot le jeu du ministre : trois jours d’attente, trois jours de grève », a lancé Christian Grolier, secrétaire général de l’UIAFP-FO après l’échec d’une réunion jeudi entre les huit principaux syndicats et le ministre de la Fonction publique Guillaume Kasbarian. Les deux principaux syndicats de fonctionnaires, FO et la CGT, ont réclamé « mobilisation » et le  » grève « , probablement début décembre. « Il faut l’installer rapidement » confirme Sylviane Brousse, coordinatrice de la Fonction publique CGT. Tous les syndicats sont d’accord sur le principe d’une grève, mais pas sur les modalités qui seront discutées mardi prochain entre eux.

Guillaume Kasbarian rejette le projet de fusion des catégories de fonctionnaires

A l’origine de la zizanie : une proposition du ministre d’instaurer trois jours d’absence lors des arrêts de travail, contre un actuellement, ainsi que de baisser leur indemnisation de 100 % à 90 %. Ces mesures permettraient à l’exécutif de réaliser 1,2 milliard d’euros d’économies. Guillaume Kasbarian est resté ferme sur ses positions et a maintenu les amendements du projet de loi de finances.

 » Il était soi-disant très attaché au dialogue social, mais il a seulement dit qu’il n’était pas d’accord avec nous. », s’enrage Sylviane Brousse. « Ce n’est pas un dialogue social si nous ne pouvons pas avancer et débattre. »

Cette proposition a été dévoilée notamment par le ministre de l’Economie, Antoine Armand, afin de réaliser 5 milliards d’euros d’économies supplémentaires et alors que le déficit public de la France dérapera à 6,1% du PIB en 2024, selon le projet de loi de finances de fin de gestion. présenté mercredi au Conseil des ministres. Un discours qui a suscité la colère des syndicats, la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet, dénonçant même un « dénigrement officiel ». Elle critique également la justification du gouvernement qui juge le délai de carence de trois jours comme un juste équilibre avec le secteur privé où cette mesure est déjà en vigueur. « Dans le privé, pour l’écrasante majorité des salariés, c’est neutralisé » par des accords de branche ou d’entreprise, objecte le dirigeant.

Augmentation des arrêts maladie

Cette décision très impopulaire est prise alors que la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM) a récemment tiré la sonnette d’alarme contre l’augmentation des dépenses liées aux arrêts maladie, en hausse de 5,4 milliards d’euros entre 2015 et 2023. Si l’effet de la hausse des salaires le vieillissement de la population expliquant en partie cette augmentation, la CNAM assure que le nombre de contrôles augmente également, mais dans une moindre proportion par rapport aux deux autres facteurs. Par ailleurs, un récent rapport de l’Inspection générale des finances a montré que les salariés du secteur public sont absents en moyenne 14,5 jours par an, contre 11,7 jours par an dans le secteur privé.

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Une différence qui s’explique principalement par un plus grand nombre de personnes âgées dans la fonction publique, une plus grande pénibilité du travail ainsi qu’un plus grand travail de nuit. Si l’on prend en compte ces éléments dans le calcul de l’écart des jours d’arrêt de travail, alors celui-ci serait équivalent entre les salariés du privé et les salariés de la fonction publique de l’Etat (FPE) ainsi que de la fonction publique hospitalière (FPH). Seule la fonction publique territoriale connaît un nombre d’arrêts maladie important et inexpliqué.

Une mesure inefficace ?

« Il y a beaucoup de causes, il ne faut pas prendre des chiffres bruts comme ça » s’agace Sylviane Brousse, soulignant que l’étude utilisée par le gouvernement se base sur des chiffres de 2022, peu après la pandémie. « Cela fausse les résultats »» a ajouté le syndicaliste.

Surtout, pas sûr que l’instauration de plusieurs jours de carence réduise le nombre d’arrêts de travail, bien au contraire. Pour l’économiste Nicolas Da Silva, spécialiste de la santé et de la protection sociale :

 » Si vous mettez en place moins de droits de protection, les gens les utiliseront moins et il y aura sûrement une réduction des arrêts de travail de courte durée. En revanche, cela dégrade les conditions de travail à long terme et peut conduire à des arrêts maladie plus longs. »

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« Le gain n’est pas si clair »confirme le médecin du travail Christian Expert. Les syndicats réclament davantage de mesures préventives et regrettent que le gouvernement les retire progressivement.

D’autant que la fonction publique doit faire face à d’autres difficultés, évoquées également lors de la rencontre avec le ministre de la Fonction publique comme le problème de l’attractivité du secteur. Le ministre a également confirmé le gel de la valeur du point d’indice en 2024, le mécanisme utilisé pour calculer le salaire de base des fonctionnaires. Une décision qui, là encore, ne risque pas de rendre ce secteur attractif.

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