A 32 ans, et après quinze titres de championne du monde toutes disciplines confondues, Pauline Ferrand-Prévôt est enfin devenue dimanche championne olympique de VTT cross-country.
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« Regardez mon père, il est chef d’orchestre. »taquine, hilarante, Pauline Ferrand-Prévôt. Depuis plusieurs minutes, la toute nouvelle championne olympique de VTT cross-country savoure l’instant, dimanche 28 juillet, pendant que son père donne le rythme à une Marseillaise chanté par le public.
Murée dans le silence pendant plusieurs mois pour se protéger avant « la date de sa vie »La native de Reims prend cette fois le temps de répondre aux sollicitations des médias. Entre deux mots, et sans cacher son émotion, elle n’hésite pas à s’interrompre pour se tourner vers le public.
« J’ai gardé beaucoup de choses pour moi ces derniers mois… J’avais hâte de pouvoir partager, de vivre à nouveau normalement. Je suis heureuse de pouvoir à nouveau profiter des gens », souffle-t-elle. Cela fait une bonne heure que « PFP » a franchi la ligne en tête, avec près de trois minutes d’avance sur ses poursuivantes, après avoir dominé la course. Mais le public français est toujours là, chantant à la gloire de celle qui, avec cette médaille d’or autour du cou, s’installe un peu plus au panthéon du sport français.
« C’est la victoire d’une vie, une journée et une course parfaites. J’étais en mode robot. Je ne voulais pas montrer mes émotions. Je voulais voir au premier tour comment étaient les autres, j’ai vu que je passais une journée incroyable. J’ai fait toutes les montées à pleine vitesse, les descentes propres pour récupérer »se souvient la Remoise après la course, le regard humide qui trahit son émotion. Il faut dire que, jusqu’à présent, son histoire olympique a été cruelle. Arrivée chaque fois favorite, elle est repartie bredouille de Londres, Rio et Tokyo.
« C’est incroyable. Je ne m’en rends pas compte du tout, peut-être sous la douche ce soir quand je suis seule. J’ai pu le savourer dans le dernier tour »« Je suis très fière de moi, je suis fière de moi. Je … « Je n’ai pas de mots… »prévient Sylviane Dubau, sa mère, « Je vole, c’est magique ici en France avec ce public de folie. Ce qui lui arrive est incroyable. Elle nous disait depuis des jours qu’elle allait le faire, elle était incroyablement déterminée pour cette course… »
« Nous sommes fiers d’elle. Nous avons toujours su qu’elle serait formidable, mais à ce point-là… Je lui ai toujours dit qu’elle serait championne du monde, elle l’a été quinze fois, mais championne olympique, c’est encore autre chose. Surtout que c’était sa dernière chance. »
Sylviane Dubau, mère de Pauline Ferrand-Prévôtà franceinfo : sport
Un plan qui s’est déroulé sans accroc, malgré les risques d’incidents propres au VTT, qui ont malheureusement affecté les deux autres favorites, la Française Loana Lecomte et la Néerlandaise Puck Pieterse. « Pauline est incroyable. On avait l’impression que rien ne pouvait lui arriver, qu’elle contrôlait tout. Bravo à cette immense championne », salue Tony Estanguet sur la ligne, ravi d’assister à cette deuxième médaille d’or de l’équipe de France, sous un soleil de plomb, qui brillait cependant moins fort que la reine du VTT.
De son propre aveu, Pauline Ferrand-Prévôt n’a relâché son effort que lors du dernier des sept rounds. « Je me suis un peu moins poussé car je savais que je ne pouvais pas faire d’erreur donc j’ai quand même pris du plaisir, je suis content. Après c’est vrai que j’étais tellement concentré que c’était difficile de vraiment profiter du public mais maintenant je peux en profiter »confie-t-elle, avec un énième sourire avant de dessiner un cœur avec ses doigts en direction des milliers de fans encore présents.
« Merci Pauline »la Marseillaise et autres »« Celui qui ne saute pas n’est pas français » résonnent en boucle au pied de la côte d’Elancourt, dans de longues minutes de bonheur, hors du temps. Le public français savoure d’autant plus l’instant qu’il sait que Pauline Ferrand-Prévôt raccrochera le VTT à la fin de la saison, pour revenir au cyclisme sur route, elle qui fut déjà championne du monde en 2014. Ce n’est désormais plus un secret : la Champenoise rêve du Tour de France.
« Elle vient de gagner la seule chose qui lui manquait en VTT. Mais c’est une accro du vélo. J’ai compris qu’il lui manquait quelque chose dans le cyclisme : ça s’appelle le Tour de France. C’est tout ce qui lui manque, mais elle en est capable. »assure Yvan Clolus, le sélectionneur de l’équipe de France, précisant que Pauline Ferrand-Prévôt se donne « deux ou trois ans pour y arriver ».
Une chose est sûre : ses parents sont prêts, comme sa mère, Sylviane : «Elle a été championne du monde de VTT en France aux Gets, elle est championne olympique en France aujourd’hui. Pour l’année prochaine, on a vraiment intérêt à acheter un van pour la suivre sur le Tour de France… ». Une Grande Boucle où la nouvelle championne olympique ne viendra pas en touriste, mais, comme toujours chez elle, pour la gagne.