La saga des droits TV de la Ligue 1 s’est terminée avec l’accord permettant DAZN Et être au sport de diffuser respectivement 8 et 1 match de L1 par journée. Une formule qui rapportera environ 500 millions d’euros à la LFP. Mais tous les clubs de l’élite n’approuvent pas cet accord. Parmi eux, le président du RC Lens, Joseph Oughourlian. Le dirigeant nordiste a d’ailleurs vivement critiqué ce choix sur son profil Linkedin.
« Alors que l’interminable dossier des droits TV a rendu son verdict et que l’heure est aux satisfactions, je partage avec vous mes profondes inquiétudes exprimées à de nombreuses reprises ces derniers jours. Non par fatalisme mais par ténacité. Je suis un président inquiet pour ses supporters cherchant à regarder les matchs de leur club favori. Pour avoir accès à l’intégralité du championnat, il faudra désormais cumuler un abonnement DAZN (8 matchs sur 9) dont le prix sera d’environ 35 euros et un abonnement beIN (pour le match du week-end) à 15 euros par mois. 50 euros mensuels, entre 500 et 600 annuels, c’est le prix (cher) à payer pour suivre la Ligue 1. Cet élément, qui semble bien secondaire à l’heure où mes confrères ne s’intéressent qu’au prix de vente des droits, est pourtant central. Il nous renvoie à un principe fondamental bafoué : le positionnement tarifaire d’un produit. Après le tandem Amazon (dont le Pass Ligue 1 coûte 14,99 euros en plus de Prime) et Canal+ (environ 20 euros par mois), comment penser qu’une inflation du coût de l’abonnement avec l’accès à des catalogues moins généralistes pourra soutenir une croissance des téléspectateurs du foot français ? Comment penser un instant qu’aller à contre-courant de la tarification attractive des offres populaires du marché (moins de 15 euros par mois pour Netflix par exemple) puisse être une voie durable pour le sport le plus populaire qui soit ? Je suis un Président soucieux de l’état financier du football français. 500 millions d’euros valorisés, cela fait finalement environ 9 millions d’euros pour le RCL. Jamais les clubs de L1 n’ont reçu aussi peu de droits TV. A l’inverse, s’abonner à l’offre L1 a rarement représenté un tel effort financier pour les fans. A titre de comparaison, payer l’offre TV cette saison sera plus cher que l’abonnement le plus cher à Bollaert (545 euros). Cette tarification ouvre clairement la voie au piratage. De plus, avec la visibilité des partenaires dégradée, c’est tout un modèle de revenus qu’il va falloir réinventer. Je suis un membre inquiet du conseil d’administration de la LFP. Alors que la contrainte de l’absence de diffuseur devrait nous conduire à saisir l’opportunité de gérer notre propre offre TV, lisible, plurielle et abordable, cet entêtement à penser des montants fixes me renvoie aux mirages du passé. De plus, alors qu’il y a toujours eu un consensus pour refuser de vendre l’affiche du jour à un acteur isolé, céder tardivement à cette tentation crée un retournement de situation où l’économie à court terme prend le pas sur la stratégie. « La folie, c’est faire toujours la même chose et s’attendre à des résultats différents » disait Einstein, je crains que le pseudo-conservatisme des présidents ne nous y mène tout droit » Le message est passé.
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