« Une question de principe » traite d’un scandale de corruption survenu en 2011 au Parlement européen. José Bové, député européen, était alors celui qui avait flairé le complot… Venu à l’American Cosmograph pour présenter le film, AAntoine Raimbault, son réalisateur et José Bové nous en disent plus.
Après l’excellent « Une conviction intime » sur l’affaire Viguier, Antoine Raimbault attaque une nouvelle fois à une question de justice, monjes d’un genre différent. Politique économique. Dans ce qui est, selon son expression, « un thriller de bureau bien mené », il remonte pas à pas jusqu’à « la porte Dalli » ou le licenciement dans la plus grande opacité, de John Dalli, commissaire européen à la santé. Une affaire mêlant corruption, conflits d’intérêts, fausses accusations et impliquant les plus hautes autorités européennes, dont José Barroso, alors président de la Commission, les lobbysle tabac et l’Office européen de lutte antifraude Olaf. Sans oublier José Bové qui, député européen, est celui qui DONC a élevé le lièvre…
Pourquoi vous intéressez-vous à cette affaire ?
Antoine Raimbault : Au débutjIl voulait travailler sur le trafic d’influence, sur les lobbies, sur le financement des institutions publiques par des intérêts privés. Et au fil de mes recherches, je suis tombé sur l’affaire Dalli que j’ai ensuite retrouvée racontée par José Bové dans un chapitre de « Hold-up à Bruxelles, des lobbys au cœur de l’Europe ».son livre dans lequel il raconte les combats qu’il a menés lorsqu’il était député européen. J’ai trouvé qu’il y avait là de la matière pour un « thriller de bureau », avec beaucoup de thèmes qui m’intéressaient, Droit, Justice Et ce qui m’a d’ailleurs permis de plonger au cœur des institutions européennes, dont je ne connaissais presque rien. . J’avais donc l’ambition de prendre ce matériau complexe et d’en faire un film de cinéma.
Le film s’appelle » toi« une question de principe », est-ce par principe que vous étiez intéressé par le licenciement de Dalli ?
José Bové : Oui, car a priori, je n’avais aucune raison personnelle de le défendre, hormis le sentiment d’injustice à son égard. Nous n’étions pas du même camp politique, mais nos discussions avaient toujours été correctes, et sachant que son père était mort d’un cancer du poumon, je ne voyais pas pourquoi il aurait accepté de se laisser corrompre par l’industrie du tabac, ce dont on lui reprochait. … Alors, j’ai tout de suite senti que c’était un coup monté…
Et Bouli Lanners pour incarner José Bové ?
Antoine R.Aimbault : Il me fallait un acteur qui soit l’incarnation de José. Bouli et José ont beaucoup de points communs. Tous deux ont une nature bien trempée et Bouli a un truc un peu punk que José a aussi, mêlé d’une grande tendresse. En emmenant Bouli rencontrer José sur le plateau du Larzac, en les voyant rire tous les deux, j’ai tout de suite su qu’il allait se passer quelque chose.
Comment maintenir ce rythme de thriller dans cet univers bureaucratique qu’est le Parlement européen ?
Antoine Raimbault : En ne sacrifiant jamais rien au rythme, au crescendo de l’enquête qui part des paroles et va vers l’action. Il faut toujours laisser un ballon en l’air à la fin de chaque séquence afin de pouvoir jongler avec un autre lors de la séquence suivante.
Le Parlement européen apparaît comme un immense mécanisme difficile à manœuvrer…
José Bové : Contrairement à ce qu’on pourrait penser, l’opacité du Parlement européen est bien moins grande qu’en France et son fonctionnement est bien plus démocratique qu’à Paris. Dans le fonctionnement politique français, tout noir ou tout blanc, majorité et opposition ne construisent jamais rien ensemble. Au Parlement européen, différents partis politiques, même opposés, peuvent travailler ensemble lorsqu’ils poursuivent le même objectif. J’ai moi-même, comme on le voit dans le film, travaillé sur cette affaire avec Inge Grassle, présidente de la commission de contrôle budgétaire qui était membre du PPE, donc un parti de droite. En Europe, c’est normal, c’est comme ça que ça marche. Et côté bureaucratie, il y a moins de fonctionnaires à la Commission européenne qu’à Paris…