Jordan Bardella s'en remet aux hauts fonctionnaires, une tactique qui a rarement favorisé le RN
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Jordan Bardella s’en remet aux hauts fonctionnaires, une tactique qui a rarement favorisé le RN

Jordan Bardella s’en remet aux hauts fonctionnaires, une tactique qui a rarement favorisé le RN
Marine Le Pen et Florian Philippot photographiés lors de la campagne présidentielle de 2017 (Illustration)
SÉBASTIEN BOZON / AFP Marine Le Pen et Florian Philippot photographiés lors de la campagne présidentielle de 2017 (Illustration)

SÉBASTIEN BOZON / AFP

Marine Le Pen et Florian Philippot photographiés lors de la campagne présidentielle de 2017 (Illustration)

POLITIQUE – Jouez du hautbois, sonnez des musettes. Le Rassemblement national propulse (encore) un « enarch et haut fonctionnaire » sur sa liste pour les élections européennes. Son nom (inconnu du grand public) : Pierre Pimpie. Marine Le Pen salue un « serviteur dévoué de l’État », ayant déjà travaillé à ses côtés. En effet, comme le rapporte Le Parisien, le quinquagénaire a contribué au volet économique du programme du candidat RN à la présidentielle.

Derrière ce nouveau « ralliement », une stratégie de communication largement éprouvée depuis l’époque du Front National. Il s’agit d’apparaître comme une force d’attraction, et d’utiliser le profil  » techno » de ces recrues pour atténuer le caractère antisystème du projet lepéniste. Le tout pour véhiculer une image de sérieux, préalable indispensable à quiconque veut se normaliser et apparaître comme un parti dit « gouvernemental ».

Le Gallou, Mégret, Blot…

Le recrutement récent de l’ancien patron de Frontex, Fabrice Leggeri, énarque et normalien avec 30 ans de haute fonction publique à son actif, répond à cette logique. Il a été salué avec les mêmes mots lors de son rassemblement pour les européennes. «  Je suis honoré que Fabrice Leggeri, qui est un grand serviteur de l’État, ait choisi le RN et apporte sa valeur ajoutée et son expertise à notre projet », a expliqué depuis Menton le président du RN, et tête de liste européenne, Jordan Bardella. En réalité, le recrutement par le parti extrême de personnalités issues de la haute fonction publique n’est pas (du tout) un phénomène nouveau, comme le soulignait le mois de mars Le Parisien.

En 1985, Jean-Yves Le Gallou est le premier énarque à adhérer au Front national. Idéologue identitaire, il fait partie de ceux qui ont imposé le concept de « préférence nationale » au sein du logiciel frontiste. Treize ans plus tard, il participe à la scission organisée par Bruno Mégret, avant de voguer vers l’extrême droite la plus radicale. En 2022, l’intéressé se retrouve logiquement dans l’entourage du candidat Éric Zemmour.

L’homme n’est plus (du tout) en odeur de sainteté au RN, Marine Le Pen l’ayant d’ailleurs qualifié de « révisionniste » devant les journalistes. En 1988, un autre énarque rejoint Jean-Marie Le Pen : Yvan Blot. A la fois identitaire et racialiste, ce haut fonctionnaire a eu une trajectoire proche de Jean-Yves Le Gallou, faisant également partie de ceux qui ont trahi le parti pour Bruno Mégret. Yvan Blot est décédé en 2018, et a souvent eu des propos (très) durs à l’encontre de Marine Le Pen, dont il mettait en doute les capacités mentales. S’il n’était pas un énarque, Bruno Mégret avait de son côté proposé au Front national son CV de polytechnicien, se retrouvant affublé du surnom de « le technocrate  » dans la presse.

Et c’est via une alliance électorale appelée (enfin, eh bien) » Rassemblement national » que ce haut fonctionnaire fait ses premiers pas au FN en 1986. Douze ans plus tard, et après une ascension fulgurante au sein de l’appareil frontiste, il trahit Jean-Marie Le Pen. Sans surprise, il s’est également retrouvé du côté de la Reconquête en 2022.

Enarchs déchus

Toujours parmi les énarques déchus, Florian Philippot figure en bonne place. Comme Bruno Mégret, il était lui aussi numéro 2 du Front national, mais aux côtés de Marine Le Pen. Et comme le fondateur du MNR, il a lui aussi tenté l’aventure en solitaire, avec un succès électoral inversement proportionnel au poids qu’il avait au sein du parti d’extrême droite. Ayant désormais mis le cap vers les terres europhobes et complotistes, Florian Philippot prône le Frexit et considère que Marine Le Pen a trahi sa cause.

Autre énarque qui a laissé un souvenir très mitigé au RN : Jean Messiha. Présenté également comme une recrue de choix au moment de son arrivée, et membre comme Pierre Pimpie du célèbre « Horace » Conseillant Marine Le Pen pendant plusieurs années, il a notamment été responsable de l’argumentation de la candidate RN. Adepte des effusions de sang sur Twitter comme sur les plateaux du groupe Bolloré (et des road trips sur fond de fake news), il a claqué la porte du Rassemblement national en novembre 2020, jugeant le parti dépassé. Il rejoint également Éric Zemmour en 2022.

En 2021, un autre profil au CV similaire, Christophe Bay, rejoint les rangs du RN comme directeur de campagne de Marine Le Pen pour 2022. Et toujours avec la même musique.  » Je n’ai pas choisi un profil politique, mais plutôt celui d’un grand serviteur de l’État », » a déclaré la candidate RN. Or, «  ses escapades » sont pointés du doigt par la presse, et mettent à mal tout le sérieux que cet ancien préfet était censé apporter au parti lepéniste. Pierre Pimpie ou Fabrice Leggeri connaîtront-ils le même sort ? Avoir. On rappellera seulement que, dès sa nomination, l’ancien patron de Frontex, qui a quitté son agence sur fond de scandale, est visé par une plainte pour complicité de crimes contre l’humanité.

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