Le RN a produit un document de 12 pages pour préciser les calendriers « d’urgence » et de « réforme ».
Après deux semaines de flou, d’imprécision et d’annonces fragmentaires distillées ici et là, Jordan Bardella a présenté lundi le « programme de récupération » du Rassemblement National (RN). Tout cela, en présence de sa championne Marine Le Pen, »candidat naturel» pour 2027, et son allié Éric Ciotti, président contesté des Républicains. Face à eux, le nationaliste, qui mène la campagne de son camp pour entrer à Matignon en cas de victoire aux législatives dans quinze jours, est revenu sur son document de 12 pages distinguant le «heure d’urgence » de « le temps des réformes« . Avec un gros inconvénient cependant : l’absence totale de quantification de nouvelles dépenses ou de mesures d’économies.
Dans l’état actuel des choses, la partie la plus détaillée – et la plus urgente – du programme se concentre principalement sur un petit mois, celui de juillet. S’il obtient la majorité absolue le 7 juillet et est ensuite nommé premier ministre, Jordan Bardella souhaite qu’une session parlementaire extraordinaire soit organisée pour voter une baisse de la TVA sur tous les produits énergétiques. Une circulaire sera adressée à la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) pour vérifier que la réduction est « effective ». Il souhaite également renégocier les règles de fixation des prix de l’électricité au niveau européen. Le président du RN veut également faire voter la réduction des dispositifs de cumul emploi-retraite, et la suppression de l’impôt sur les personnes handicapées. « revenus d’activité » les médecins et infirmières à la retraite reprennent du service.
Selon lui, cette convocation estivale du Parlement servira également à faire adopter un projet de loi de politique pénale : mise en œuvre »peines minimales pour les récidivistes, les agressions contre les personnes exerçant une mission de service public et le trafic de drogue »et un texte sur la suspension des allocations familiales « pour les parents de délinquants mineurs ou de récidivistes coupables d’échec ». Sans oublier une grande loi sur l’immigration, prévoyant la suppression du droit foncier, la restriction du regroupement familial, la fin de l’AME pour« une aide d’urgence vitale »facilitation des expulsions et « retour du délit de séjour irrégulier ». S’il prend la tête du gouvernement, Jordan Bardella souhaite un décret dès son arrivée pour annuler la réforme de l’assurance chômage, et deux circulaires ministérielles pour renforcer la protection fonctionnelle des fonctionnaires « attaqué ou menacé », et accrocher « toutes les régularisations de clandestins par les préfets ».
Au sortir de ces « urgences », le RN pourra se consacrer à ses « réformes », dont le calendrier est bien plus imprécis. Le premier budget, attendu à l’automne, servira de premier test grandeur nature pour le parti. D’autant que les stratèges lepénistes l’abordent en assurant qu’ils ne détérioreront pas les comptes publics : autrement dit qu’ils ne laisseront pas filer la dette ou les déficits. D’où la décision de « protéger la trajectoire budgétaire de la loi de programmation militaire », mais aussi de baisser les impôts sur la production. Pour connaître ses marges de manœuvre, le patron du RN compte en effet sur la « commission d’évaluation des comptes publics » qu’il souhaite lancer. La fraude, notamment sociale, est actuellement au cœur de sa stratégie d’économie : carte vitale biométrique, contrôle des prestations sociales ou encore accès facilité au plus grand nombre de dossiers pour les organismes sociaux.
Sur les retraites, dont le projet lepéniste n’est pas vraiment aligné avec celui d’Eric Ciotti – malgré leur « Alliance» -, Jordan Bardella veut donner la priorité aux carrières longues dès l’automne. « Les Français qui ont commencé à travailler avant 20 ans et qui ont accompli 40 ans de service pourront prendre leur retraite à 60 ans », il a dit. Le reste de la réforme, telle que proposée par Marine Le Pen en 2022, sera peut-être mise en œuvre ultérieurement.
En termes d’annonces, c’est principalement sur le thème de l’éducation que Jordan Bardella s’est adressé, avec «un big bang d’autorité» prévoyant l’interdiction du téléphone portable dans les collèges et lycées, le « vouvoiement » obligatoire pour les enseignants ou encore la poursuite de l’expérimentation des uniformes à l’école. Enfin, le président du RN a affirmé que «les postes les plus stratégiques de l’État seront réservés aux citoyens français et aux ressortissants français», confirmant que les binationaux ne peuvent pas y être employés. Sans pour autant supprimer le principe de la double nationalité.