Le Rassemblement national aborde la dernière ligne droite des législatives en tête des sondages. Jordan Bardella a déjà prévenu qu’il ne souhaitait devenir Premier ministre que s’il disposait d’une majorité absolue des députés à l’Assemblée nationale au soir du second tour.
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A moins d’une semaine du premier tour des élections législatives, dimanche Matignon semble à la portée du Rassemblement national. Mais Jordan Bardella ne partira sous aucune condition. Il l’a répété dimanche 23 juin dans une interview à Journal du dimanche. Il n’est pas question d’accepter le poste de Premier ministre s’il ne dispose que d’une majorité relative. Le président du parti d’extrême droite fait valoir ses revendications. Il réclame la majorité absolue, soit au moins 289 députés. C’est ça ou rien. Il ne veut pas prendre le risque de se brûler les ailes et de se retrouver à la merci d’une motion de censure. Pour Jordan Bardella, en entrant à Matignon, c’est ceinture et bretelles !
Si Emmanuel Macron l’appelle, peut-il refuser le poste ? D’un point de vue institutionnel oui, bien sûr. N’importe qui peut refuser d’être nommé, même avec la majorité absolue. Mais politiquement, ce serait très compliqué à expliquer aux électeurs RN. Privées de majorité absolue, ni Élisabeth Borne en juin 2022, ni Gabriel Attal en janvier 2023, n’ont refusé de se rendre à Matignon. Ils ont rencontré de nombreuses difficultés, ont dû surmonter une vingtaine de motions de censure, mais ils ont réussi à gouverner et même à faire voter des textes très clivants comme la réforme des retraites ou la loi sur l’immigration.
Les militants lépénistes rêvent de prendre le pouvoir depuis la création du Front National, il y a 52 ans ! Depuis 1972, l’un des slogans phares de l’extrême droite est « Le Pen vite ! ». Et hop, quand le RN serait enfin appelé aux affaires, son chef prendrait la fuite. Ce « refus des obstacles », selon l’expression de Gabriel Attal, pourrait avoir de graves conséquences électorales. En fait, le RN aurait du mal à se cacher, Jordan Bardella le sait, il bluffe donc pour deux raisons.
Cette technique lui permet de faire pression sur Emmanuel Macron. Coup sur coup Marine Le Pen et Jordan Bardella viennent d’évoquer la démission du chef de l’Etat. Oh, ils ne l’exigent pas, pas encore en tout cas, mais ils appellent le président à se remettre en question en cas de blocage. Une manière, mine de rien, de remettre le sujet dans le débat public, au risque de donner l’impression, déjà, d’esquisser un semblant de prise de pouvoir. L’autre raison est une tactique plus classique. En menaçant de paralysie en cas de majorité relative, Jordan Bardella cherche à mobiliser ses électeurs pour obtenir la majorité absolue, un objectif réalisable pour le parti d’extrême droite compte tenu de sa dynamique actuelle.