Joe Biden a retiré Cuba de la liste noire des États soutenant le terrorisme afin de » encourager « discussions menées sous l’égide de l’Église catholique pour la sortie d’un « un nombre important de prisonniers politiques » sur l’île, a déclaré mardi 14 janvier un haut responsable américain.
Cette décision surprise du président sortant, officialisée dans un mémorandum publié par la Maison Blanche, est une « geste de bonne volonté »» a ajouté cette même source, qui dit espérer des libérations très rapides, avant même la prestation de serment lundi de Donald Trump, dont le parti soutient une ligne très dure contre les autorités communistes cubaines.
Suite à cette décision, Cuba a annoncé mardi soir que 553 personnes emprisonnées pour « divers délits » sera libéré » progressivement « . Les autorités cubaines n’ont pas précisé si parmi les personnes qui seront bientôt libérées figurent des Cubains condamnés pour avoir participé aux manifestations antigouvernementales de juillet 2021, les plus importantes depuis l’avènement de la révolution castriste en 1959.
Le haut responsable américain a toutefois déclaré lors d’une conférence de presse en ligne que parmi les personnes libérées figuraient « défenseurs des droits de l’homme »y compris des manifestants emprisonnés. Il a déclaré que la libération « se produirait dans un laps de temps relativement court » et a précisé que l’accord avait été négocié avec l’aide de l’Église catholique.
Donald Trump peut mettre Cuba sur liste noire
« Les États-Unis ont adopté des mesures qui vont dans le bon sens, mais le blocus persiste »a réagi sur X le ministre cubain des Affaires étrangères, Bruno Rodriguez Parrilla, faisant référence à l’embargo économique américain en vigueur depuis 1962 contre l’île communiste.
Quelques jours avant de céder le pouvoir à Joe Biden en janvier 2021, l’ancien et désormais futur président républicain a pris la décision exactement inverse, celle de placer Cuba sur cette liste qui comprend également la Corée du Nord, l’Iran et la Syrie. Il est tout à fait possible que Donald Trump décide de remettre Cuba sur la liste après son arrivée au pouvoir.
Son futur chef de la diplomatie, le sénateur républicain de Floride Marco Rubio, a bâti toute sa carrière politique en s’appuyant sur la diaspora cubaine anticastriste. Ses propres parents ont quitté Cuba pour les États-Unis en 1956, trois ans avant l’arrivée au pouvoir de Fidel Castro.
Joe Biden a annoncé mardi deux autres mesures unilatérales destinées à soutenir les négociations en cours sous l’égide de l’Église catholique. Le président démocrate suspend d’une part la possibilité de porter plainte devant les tribunaux américains pour des expropriations à Cuba, et lève d’autre part certaines restrictions financières.
Accusé de « porter atteinte » au travail du futur gouvernement
Le sénateur républicain du Texas, Ted Cruz, a immédiatement dénoncé la décision. « inacceptable » de retirer Cuba de la liste des États soutenant le terrorisme. Il a accusé Joe Biden de chercher à « saper » le travail du futur gouvernement de Donald Trump et du Congrès, à majorité républicaine.
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Interrogé sur la possibilité de lier ainsi les mains du président élu républicain, six jours avant sa prestation de serment, le haut responsable déjà cité a assuré qu’il y avait « une opinion largement partagée, dans les deux partis (Démocrate et Républicain), que personne ne devrait être détenu sans raison à Cuba ».
Selon les chiffres officiels, quelque 500 personnes ont été condamnées à des peines allant jusqu’à 25 ans de prison pour leur participation aux manifestations des 11 et 12 juillet 2021. Les ONG et l’ambassade des États-Unis à Cuba dénombrent au total des milliers de personnes. « prisonniers politiques » sur l’île. En février 2023, un envoyé du pape François demande à La Havane la libération des manifestants emprisonnés.
L’Église catholique a déjà plaidé en faveur de la libération des prisonniers dans le passé. En 2010, Raul Castro, alors président, négocie avec la hiérarchie catholique la libération d’un peu plus de 130 prisonniers politiques, dont 75 issus du « printemps noir », une vague d’arrestations contre la dissidence.
Le gouvernement cubain nie l’existence de prisonniers politiques et accuse les opposants d’être « mercenaires » à la solde de Washington.