PPersonne n’avait vu venir Joan-Benjamin Gaba dans une catégorie, les moins de 73 kg, où le judo français n’a jamais remporté de victoire mémorable. Personne, sauf « JBG » lui-même, ses coéquipiers de l’Insep, ses entraîneurs et peut-être aussi le maréchal Joffre. Le vainqueur de la Marne, dont la statue était enfermée dans le Grand Palais éphémère installé à…
PPersonne n’avait vu venir Joan-Benjamin Gaba dans une catégorie, les moins de 73 kg, où le judo français n’a jamais remporté de victoire mémorable. Personne, sauf « JBG » lui-même, ses coéquipiers de l’Insep, ses entraîneurs et peut-être aussi le maréchal Joffre. Le vainqueur de la Marne, dont la statue était enfermée dans le Grand Palais provisoire installé à deux pas de l’École militaire, aura sans doute reconnu l’un des siens, lundi, au cours d’une journée interminable, où Gaba a avancé sans relâche sur ses adversaires, remportant combat après combat, bataille après bataille. « Il l’a fait avec le casque », dira son entraîneur personnel, Stéphane Frémont.
Un bourreau de travail
Gaba en argent, Gaba dans la tête : « Je ressens beaucoup de fierté car je me suis battue à fond », a confié la nouvelle vice-championne olympique de 23 ans. « J’ai tout donné. Le judo c’est dans la tête, si ça suit, le corps aussi. Personne ne croyait en moi, ma sélection était contestée, mais je savais que je serais là le jour J. »
Une détermination sans faille, digne d’un militaire en mission. Frémont : « Joan fait partie d’un groupe de jeunes que nous avons réuni il y a deux ans à l’Insep, avec Richard Melillo. Ils se surnommaient « Les Forces spéciales ». Nous avons éduqué ce groupe à travailler et ils se sont nourris de ça. Nous leur avons dit : « quand tu ne le fais pas, d’autres le font ». Ou encore : « on s’entraîne à la hauteur de nos ambitions ». Et ce type de formule a infusé. Et puis, cette année, j’ai confronté Joan à ce qu’il voulait et à ce qu’il mettait en place. J’étais le miroir de ses envies. Je lui ai dit : tu annonce ceci, mais tu fais cela. Au bout d’un moment, c’était intégré. Il a fait le boulot. »
Il est arrivé 35ème mondial, il est reparti vice champion olympique. Il a passé une journée de folie !
Travailleur infatigable, Gaba s’est préparé aux JO avec une discipline quasi militaire. « Lui et le reste de l’équipe sont très sérieux, ils ne pensent qu’aux Jeux et parfois on est obligé de leur dire de sortir, de voir autre chose, rapporte le sélectionneur national Baptiste Leroy. Le gros problème de Joan était le contrôle du poids, donc on l’a orienté vers une diététicienne et après la première séance, c’était réglé. Il écoute et il fait ! »
Au Grand Palais, le plan était clair. Epuiser ses adversaires en déployant l’énergie folle qui coule en lui depuis l’enfance et qui a poussé ses parents, les premiers lassés du trublion, à recourir à l’exutoire du judo. Au premier round, Joan-Benjamin Gaba s’en est pris à Lasha Shavdatuashvili, vice-champion olympique et triple médaillé aux JO. Rincé, le Géorgien a été éliminé sur une 3e pénalité. En quarts de finale, c’est le Japonais Soishi Hashimoto, cinq médailles mondiales au torse, qui a rendu les armes, avec le golden score sur shido à nouveau. En demi-finales, le Moldave Odil Osmanov a vu les balles fuser de partout : waza-ari en début de combat sur prise au sol, avant un ippon.
Prévu pour Los Angeles
Une autre belle bataille l’attendait en finale face à Hidayat Heydarov, champion du monde et d’Europe en titre, numéro 1 mondial. Du haut de sa statue, surplombant le tatami, le bras tendu du maréchal Joffre semblait le désigner, lui, l’inconnu, l’outsider : Gaba était tout proche de marquer sur sa première attaque avant de faire tomber Heydarov au sol. Il était le premier à se lever, toujours, mettant la pression, mais l’Azerbaïdjanais repoussait tout. Dans le golden score, un mouvement de hanche de Gaba faisait vibrer le Grand Palais. Mais après plus de dix minutes de combat, c’est Heydarov qui trouvait l’ouverture.
Peu importe. L’argent lui va bien. Joan-Benjamin Gaba, prévu à Los Angeles 2028, a pris un peu d’avance sur le calendrier. « Sur la scène internationale du judo, c’est quelqu’un qui n’existait pas », rappelle Stéphane Frémont. Il est arrivé à 35 anset « Il a gagné le titre mondial, il repart vice-champion olympique. Il a passé une journée de folie ! »