Les ingrédients sont là : l’audace et le courage. En mai 2020, Léon Marchand est un jeune étudiant en pleine période Covid-19 et en fin de confinement, qui s’apprête à décrocher son baccalauréat scientifique avec mention et à débuter des études d’informatique à l’Université Toulouse-III-Paul-Sabatier 4.
Le jeune nageur, à peine majeur, s’entraîne avec le club des Dolphins de TOEC et va changer son destin en jouant avec le clavier de son téléphone. A la réception d’un mail d’une dizaine de lignes rédigé par ses soins avec son CV en pièce jointe, l’entraîneur américain Bob Bowman est dans son bureau en Arizona.
« J’étais assis dans mon bureau et j’ai reçu un mail me demandant si j’étais intéressé à l’avoir dans mon équipe. Je n’avais absolument jamais entendu parler de lui avant ! » a-t-il déclaré au Parisien-Aujoud’hui en France avant les JO.
Le courriel écrit par Léon Marchand à Bob Bowman :
» Cher Monsieur,
Je suis un nageur français, je m’appelle Léon Marchand (18 ans).
J’aimerais aller à l’Université d’État de l’Arizona à l’été 2021 pour nager et concourir dans la NCAA avec votre incroyable équipe. Pensez-vous que je pourrais obtenir une bourse ?
Quel est le niveau d’études requis (TOEFL, SAT, etc.) ? Ci-joint mon CV.
Merci d’avoir pris le temps de considérer ma demande.
Sportivement, Léon »
« J’ai cherché sur Internet »
Mais Léon Marchand n’est pas arrivé là par hasard. En effet, Céline Bonnet et Xavier Marchand, ses deux parents, sont d’anciens nageurs ayant participé aux Jeux olympiques (en 1992 pour sa mère et en 1996 et 2000 pour son père)Et comme si le destin l’avait forcé, Bob Bowman connaissait le père de Léon.
« En voyant le nom de famille, j’ai pensé qu’il était peut-être le fils de Xavier, qui nageait à l’époque de Michael (Phelps). J’ai donc fait comme tout le monde, je suis allé sur Internet pour voir si c’était vrai. (rire). « Et puis j’ai regardé ses chronos et je me suis dit qu’il était vraiment rapide et que j’adorerais travailler avec lui. C’était aussi simple que ça », raconte l’Américain de 60 ans, qui n’a jamais supprimé le précieux email rendu public par The Athletic.
Un échange de courriers empreints de politesse et d’intérêt commun, et le rendez-vous en visioconférence était déjà fixé. Un premier entretien qui en entraîna d’autres et surtout une arrivée de Léon Marchand à l’Université d’Arizona, 4 mois plus tard. Un changement de vie, de Toulouse à l’Ouest des Etats-Unis, qui le conduisit à 10 titres de champion des grandes écoles américaines en 3 saisons.
Les deux hommes ne se sont finalement rencontrés qu’en 2021, aux JO de Tokyo, où le jeune homme a participé à trois épreuves individuelles et à un relais, dont une finale sur 400 m quatre nages (6e place). Trois ans plus tard, Léon Marchand a surpassé sous la tutelle de Bob Bowman dans les bassins des JO de Paris 2024 avec 4 médailles d’or et 4 records olympiques battus en autant de courses, en attendant, pourquoi pas, une cinquième avec le relais 4×100 m quatre nages dimanche soir.