Toute la semaine, Midi Olympique vous propose une série d’interviews avec Carla Neissen, capitaine de l’équipe de France de rugby à 7 qui visera l’or aux Jeux Olympiques de Paris, à partir du 28 juillet. Ce jeudi, dans l’épisode 4, elle vous ouvre les portes de sa vie de rugbyman, sous un angle plus personnel. Et plus particulièrement de ses origines sociales, qui plongent leurs racines dans le milieu des gens du voyage.
Carla Neisen n’a pas toujours osé parler de sa vie loin des terrains. Issue du milieu des voyageurs, l’internationale française revient sur son ancienne pudeur avant d’aborder le sujet sans tabou. De son enfance aux critiques qu’elle a reçues jusqu’à la femme qu’elle est devenue, Carla Neisen évoque sa vie sans ballon.
Qui est Carla Neisen en dehors du rugby ?
Je suis une personne assez organisée. Quand je planifie quelque chose, je veux que ce soit bien fait. En ce qui concerne mon caractère, je pense que je suis une personne gentille qui aime faire plaisir, donner aux autres. Quand j’étais jeune, j’étais très susceptible. Aujourd’hui, c’est différent, je comprends beaucoup plus de choses.
Votre frère, Anderson, a parlé avec beaucoup d’admiration de l’importance que vous accordez à votre mode de vie sain…
Quand on est dans le monde du sport, il faut faire attention. Je ne suis pas quelqu’un qui sort beaucoup. Je ne bois pas d’alcool, je ne fume pas. Je n’ai jamais eu envie de tout ça, même si ça ne m’empêche pas de prendre du plaisir quand je le peux. J’aime prendre soin de moi. L’alimentation est très importante. Elle a un gros impact sur les performances. J’ai aussi été suivie plus rigoureusement en fin de saison, pour être dans la meilleure forme possible avant les Jeux Olympiques. Je suis très exigeante envers moi-même, mais je fais tout pour réussir, et si ce n’est pas le cas, je n’aurai aucun regret.
Quelle est votre relation avec votre famille ?
Ma famille m’a toujours soutenue. Aujourd’hui, je suis souvent loin d’eux mais j’ai toujours autant de soutien. Ils sont heureux et fiers de tout ce qui se passe.
Vous venez du milieu des gens du voyage, pouvez-vous nous parler de votre enfance ?
Mes parents étaient forains, tout en ayant une entreprise de bâtiment à côté. Nous venons du milieu des gens du voyage. Nous avons grandi dans ce milieu. Mes parents ont pris la décision d’arrêter de voyager dès notre entrée à l’école. Ils voulaient vraiment que nous soyons dans de bonnes conditions. Je sais d’où je viens mais c’est vrai que dans ce milieu-là, c’était assez dur et mes parents voulaient vraiment que nous évoluions différemment de ce qu’ils avaient connu. Ils nous ont permis de grandir avec d’autres personnes, dans un environnement différent et avec des gens qui m’ont permis de jouer au rugby. Mon enfance a tourné autour du rugby. Tous les week-ends, j’étais au stade pour aller voir mon père et mon frère jouer.
Les femmes occupent une place particulière parmi les voyageurs. Comment votre choix de jouer au rugby a-t-il été perçu ?
C’est très particulier pour nous. Chez les voyageurs, une fille qui quitte la maison de ses parents pour aller jouer au rugby, ça ne se fait pas vraiment… Certains autour de moi ont peut-être trouvé ça bizarre mais, j’y reviens, j’ai eu le soutien de mes parents qui ont toujours voulu qu’on fasse ce qu’on voulait avec mon frère. C’était le plus important et ils n’avaient aucune hésitation par rapport au rugby. Même ma mère n’avait pas forcément d’appréhension, elle venait juste me voir à la fin de chaque journée pour voir si tout allait bien…
Être issu de la communauté des voyageurs était-il un sujet tabou ?
Pour être honnête, au début je ne l’ai pas forcément dit. Ce n’est pas quelque chose que je vais dire en premier. Ce n’était pas un secret mais au début, j’avoue que j’avais un peu peur d’être jugé. Puis, avec le temps, je me suis dit que je n’avais aucune raison de mentir et de ne pas montrer la personne que je suis vraiment. C’était important pour mes parents aussi. Ils ont vécu des choses compliquées quand ils étaient jeunes et ils nous ont permis d’avoir la vie que nous avons. Aujourd’hui, on en plaisante avec le staff et les joueurs. Ils savent que je viens de ce monde-là et on en rigole beaucoup. Au début, c’était vraiment la peur d’être jugé mais je pense que ça ne fait pas de moi une personne différente. On est juste différents dans notre métier.
Votre série de la semaine
Épisode 1, lundi – Son rêve olympique
Épisode 2, mardi – Son rôle de capitaine
Épisode 3, mercredi – Son lien avec le rugby
Épisode 4, jeudi – La vie sans ballon
Épisode 5, vendredi – Rugby féminin