JO Paris 2024 – Antoine Dupont : « Pour atteindre cet objectif immense, j’ai dû faire des sacrifices »
Le joueur toulousain a partagé, ce lundi, au club français, sa fierté d’être entré dans la famille olympique française mais aussi et surtout ses ambitions pour le tournoi qui débutera mercredi. Un rêve d’enfant qu’il a mûri en projet concret depuis deux ans et demi.
Comment avez-vous vécu vos premiers pas au village olympique ?
C’était une grande source de fierté de dire que nous avions la chance de participer aux Jeux Olympiquesde pouvoir entrer dans ce village mythique, de côtoyer toutes les nationalités, toutes les disciplines sportives. Si personne dans cette équipe n’est satisfait d’avoir mis les pieds au village, cela ne fait qu’attiser notre ambition. On a été accueillis par tous les membres des différentes équipes françaises qui étaient en bas de notre bâtiment, avec Jackson Richardson comme leader, qui nous a fait un super discours à notre arrivée. Ça nous a vraiment mis dans l’ambiance. Pour le reste, c’est proche de ce qu’on vit habituellement mais c’est vrai que ce village, tant qu’on n’y est pas entré, c’est difficile de l’imaginer. C’est beaucoup de fierté et beaucoup d’enthousiasme. Maintenant on a envie d’y être mercredi.
Quels souvenirs d’enfance cette participation vous rappelle-t-elle ?
Nous avons tous des souvenirs des Jeux olympiques. C’est une compétition mythique qui a fait rêver des générations de passionnés de sport. Quand nous étions petits, nous avons commencé à supporter des disciplines dont nous ne connaissions pas les règles. Il suffisait qu’un Français se mette à applaudir ou à sauter. Mes premiers souvenirs doivent remonter à 2004. Une image marquante a été le titre de Laure Manaudou. Usain Bolt, lui aussi, a marqué toute une génération par l’excellence dont il fait preuve sur la piste.
Quand exactement avez-vous décidé de relever ce défi olympique ?
Je crois que la première fois que j’en ai parlé avec les différents staffs, c’était lors du Tournoi 2022, le Grand Chelem. J’en avais parlé avec l’encadrement du XV de France puis avec mon club, évidemment. Ça avait été un sujet de conversation car je savais que j’allais devoir avoir un temps de récupération, ce qui m’a fait rater un Tournoi des Six Nations. Mais pour me donner les moyens d’atteindre cet immense objectif, j’ai dû faire des sacrifices. J’avais envie de passer du temps avec cette équipe et dans cette discipline qui reste unique. Il fallait que je m’y familiarise et cela demandait du temps. Le projet s’est construit avec la Fédération et le club. Il a été fait intelligemment pour que je puisse performer sur les deux plans, à XV et à 7. Cette saison, ça s’est plutôt bien passé. J’espère que ça va durer encore quelques jours.
Peut-on dire que votre adaptation à 7 vous permet d’aborder ces Jeux Olympiques avec une grande confiance ?
Pour le moment, le projet se déroule plutôt bien. J’ai eu la chance d’intégrer une équipe qui était déjà performante. Même s’il n’y avait pas eu de victoire en World Series, il y avait une quatrième place sur le circuit mondial la saison précédente, ce qui était très convaincant pour la suite. Il y avait un effectif en construction, avec des jeunes joueurs, voire des très jeunes joueurs. Je fais désormais partie des plus anciens de l’équipe… Ils m’ont accueilli à bras ouverts, m’ont donné beaucoup de conseils, m’ont beaucoup rassuré. Il y a aussi un management qui a été très efficace de la part de Jérôme qui ne m’a pas trop exposé lors de mes premiers matchs durant lesquels j’ai pu me rendre compte des exigences de cette discipline en ayant quelques minutes au début à Vancouver et en jouant de plus en plus. C’est ce qui m’a permis d’entrer petit à petit dans ce sport et, au final, d’avoir des résultats pas trop mauvais. (sourire).
Qu’est-ce qui vous a frappé dans le plateau de l’équipe, différent de celui auquel vous faites habituellement face en XV ?
C’est vrai que ce sont des nations qui évoluent par rapport au XV. J’ai vite compris qu’il n’y avait aucune nation à sous-estimer, que le rugby à 7 est une discipline qui rend très humble. On sait que ça peut très bien se passer puis très mal la minute d’après. Il ne faut jamais baisser les bras. J’ai pu m’en rendre compte très vite. Déjà, en regardant les matchs à la télé puis en les vivant. On voit que le côté athlétique de la discipline nivelle le manque de technique que peuvent avoir certaines nations qui n’ont pas les mêmes moyens que nous pour se développer ou le même appétit pour ce sport dans leur pays.
Quels sont les points forts de ce groupe France ?
La force de ce groupe, c’est d’avoir de belles individualités, beaucoup de joueurs talentueux. Mais c’est surtout le collectif qui prime. On sait que c’est ce qui fait fonctionner les équipes de sports collectifs. Encore plus avec le rugby à 7. Si un joueur rate, ça peut coûter très cher si le suivant ne veut pas rattraper son erreur. C’est ce qui transparaît de cette équipe avec le fait qu’il y a beaucoup de bonne humeur sur le terrain et en dehors. Je me suis juste intégré dans ce groupe en essayant d’apporter l’expérience que j’avais, qui n’était pas celle du rugby à 7. Je leur ai posé beaucoup de questions au début, j’étais un peu perdu sur mon positionnement. Ils ont été indulgents avec moi. Au final, il y avait pas mal de similitudes entre ce que je nourrissais et ce qu’ils transmettaient au quotidien.