Combien d’athlètes nés en Russie participeront aux Jeux olympiques ? La réponse à cette question est plus complexe qu’il n’y paraît. Si les athlètes russes sont officiellement autorisés à concourir en tant qu’athlètes individuels neutres, nombre d’entre eux tenteront en réalité de décrocher des médailles au sein de délégations d’autres pays, grâce aux récents changements de nationalité.
L’invasion de l’Ukraine en février 2022 a poussé le Comité international olympique (CIO) à se prononcer sur le statut des athlètes russes, ainsi que biélorusses, « alliés » de Moscou. Aucune délégation russe n’étant autorisée aux Jeux olympiques de Paris, 15 athlètes russes et 17 biélorusses doivent concourir en tant qu’« athlètes individuels neutres ». Leurs dossiers ont été examinés et validés par le CIO pour s’assurer qu’ils ne soutiennent pas l’invasion de l’Ukraine et n’ont aucun lien avec l’armée russe. Ils doivent participer à 10 épreuves, allant du tennis au taekwondo en passant par l’aviron.
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Ce n’est pas la première fois que des sportifs russes sont empêchés de concourir officiellement sous la bannière de leur pays. Suite aux révélations sur le dopage institutionnalisé en Russie, le CIO avait suspendu en 2017 la participation de Moscou aux épreuves olympiques de 2017, jusqu’à une condamnation formelle du pays en décembre 2020 par le Tribunal arbitral du sport, qui a écarté temporairement la délégation russe.
Entre-temps, les athlètes russes ont participé aux Jeux d’hiver de Séoul en 2018 sous le nom d’« Athlètes olympiques de Russie », puis sous le terme de « Comité olympique russe » (ROC) aux Jeux de Tokyo (2021) et Pékin (2022), avec un drapeau et un hymne différents de ceux officiels en Russie.
Mais si ces règles de neutralité doivent permettre à un nombre limité d’athlètes russes de participer aux Jeux, des dizaines d’autres sportifs de la même nationalité seront en réalité censés concourir. Comment ? En évoluant sous les bannières d’autres pays, dont ils ont pu acquérir la nationalité récemment pour continuer à accéder à la compétition sportive.
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Selon le Wall Street Journal (WSJ) citant le ministère russe des Sports en août 2023, 67 athlètes du pays ont changé de nationalité entre février 2022 et cette date. Le nombre réel pourrait en réalité atteindre 200 athlètes. Évidemment, tous ne participeront pas aux Jeux de Paris, mais le WSJ a réussi à identifier 18 athlètes nés en Russie qui ont changé de nationalité depuis 2022 et sont inscrits aux JO de cet été.
Par exemple, Georgii Okorokov, né à Amga, un village de l’Extrême-Orient russe, fait partie de la délégation australienne, où il tentera de décrocher une médaille en lutte. Igor Myalin, un plongeur, concourra pour l’Ouzbékistan. Dans la délégation française elle-même, on retrouve Anastasiia Kirpichnikova, qui a acquis la nationalité en avril 2023, et qui participera aux épreuves de natation.
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Une pratique qui permet à de nombreux sportifs de concourir aux Jeux malgré les sanctions, alors que la Russie envoie habituellement de nombreux sportifs à chaque édition, souvent couronnée de succès. A Tokyo, où se sont tenus les derniers Jeux d’été avant l’invasion à grande échelle de l’Ukraine, la ROC s’est classée troisième en nombre de médailles, derrière la Chine et les Etats-Unis.
Face aux sanctions, Moscou a tenté de relancer les « Jeux mondiaux de l’amitié », substitut des Jeux olympiques introduits pour la première fois par l’URSS avec le boycott des Jeux de Los Angeles en 1984. Ceux-ci ont finalement été reportés à 2025. Quant aux Jeux des BRICS, organisés à Kazan (République russe du Tatarstan) en juin, ils ont surtout accueilli des athlètes russes et biélorusses, malgré la présence de dizaines de délégations. Face à l’échec de ces initiatives, pour de nombreux sportifs russes, changer de nationalité semble être la seule option possible pour continuer à concourir dans les grands événements sportifs internationaux.
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