JO 2024-Basket : « Ce n’est plus le jeu des années 90 », « déclaration regrettable et inacceptable… » Forte tension et clash public chez les Bleus
Evan Fournier, joueur clé, et Vincent Collet, le sélectionneur, ont été les auteurs de déclarations sulfureuses, conséquences de la lourde défaite contre l’Allemagne (85-71).
« Une déclaration regrettable et inacceptable »: l’équipe de France de basket s’est livrée à un échange de propos public, samedi 3 août, au lendemain de sa première défaite contre l’Allemagne (85-71) et à trois jours de son quart de finale, sur fond de désaccord tactique.
La mèche a été allumée par Evan Fournier au stade Pierre-Mauroy de Villeneuve-d’Ascq (Nord), après la lourde défaite contre la Mannschaft, qui a mis au grand jour les lacunes des Bleus qui affronteront très probablement la redoutable équipe canadienne.
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« Je pense que parfois, on fait des erreurs dans la manière dont on veut jouer », a déclaré le leader offensif des Blues ces dernières années. « De nos jours, la meilleure défense reste l’attaque. Ce n’est pas le jeu des années 90 ou 2000, où on pouvait vraiment défendre sur demi-terrain. Votre attaque est essentielle pour l’équilibre, pour la transition. Surtout quand vous jouez avec une équipe aussi forte en transition que l’Allemagne. »
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Interrogé samedi à Paris, où les Français sont réunis pour disputer la phase finale, le sélectionneur Vincent Collet n’a pas éteint le feu : « Evan Fournier, ce n’est pas le groupe, c’est Evan Fournier. C’est une déclaration regrettable et inacceptable dont il porte la responsabilité. On va s’en expliquer. Je n’ai pas d’autre commentaire à faire. »
Interrogé sur d’éventuelles conséquences pour le latéral après ces propos, Collet a déclaré : « L’équipe de France n’est pas celle du sélectionneur mais d’une fédération, vous verrez mardi en termes de coaching » lors du quart de finale, à Bercy.
« Cela me rend triste »
Fournier s’est ensuite présenté devant les médias et s’est dit « désolé que Vincent l’ait pris comme ça, ça me désole ». « Ce n’est pas le but qu’il prend mal, je veux juste qu’on avance. Une seule chose me motive, c’est qu’on fasse une bonne performance », a-t-il ajouté.
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Il a également clarifié et assumé ses propos tenus la veille : « Quand tu perds des ballons, quand tu prends des tirs à 15 mètres, tu alimentes les autres équipes sur du jeu rapide et c’est difficile d’être en place défensivement sur demi-terrain, de se replier. Ce n’est pas quelque chose qui peut être réfuté. Je maintiens ce que j’ai dit. »
« On n’a jamais dit qu’il ne fallait pas attaquer, on cherche aussi à trouver de la fluidité en attaque, mais pour l’instant ce n’est pas la clé. La clé c’est de trouver une identité (défensive) plus forte », qui nous permettra de « marquer plus sur du jeu rapide », a répondu Collet, pour qui la France est « la dernière équipe » dans ce secteur en phase de poules.
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Cet échange de propos illustre les difficultés tactiques et ludiques des Bleus, recentrés après le fiasco du Mondial 2023 sur une identité défensive forte et repliée sur elle-même, autour de Victor Wembanyama.
Mais il est souvent mal servi et fait aussi parfois de mauvais choix en prenant des tirs extérieurs compliqués, comme s’il n’était pas suffisamment cadré.
« Rester ensemble »
Le discours est-il encore entendu dans les vestiaires ? Depuis le début des Jeux, un refrain revient trop souvent, de manière inquiétante au point de sembler évident, dans la bouche de plusieurs joueurs : les consignes du sélectionneur doivent être appliquées.
Contre la Mannschaft, ce n’était pas le cas, selon Nicolas Batum vendredi : « En première mi-temps, nous sommes une équipe qui ne veut pas écouter les consignes, qui ne veut pas jouer à fond. En tant que vieux de cette équipe, j’ai poussé un cri à la mi-temps. » Interrogé samedi, Nando De Colo, autre joueur clé des Blues, a estimé que les joueurs ont essayé « d’appliquer les choses, mais chacun à (sa) manière ».
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En même temps, a-t-il dit, ils doivent aussi mieux lire les situations : « Il faut faire confiance à ses coéquipiers. Faire confiance, ce n’est pas seulement faire la passe supplémentaire parce que c’est ouvert, c’est aussi comprendre le jeu (…) et pas forcément répéter ce qu’on a vu à l’entraînement ». Le meneur de 37 ans, comme les autres joueurs, a également appelé les Blues à rester « ensemble ».
« Nous devons essayer de trouver des solutions par nous-mêmes, mais quand je dis nous, c’est le staff et les joueurs ensemble, il ne faut pas essayer de blâmer l’un ou l’autre », a-t-il souligné.