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Jill Biden, la Première Dame qui murmurait à l’oreille du Président des États-Unis

La Première dame des États-Unis vole au secours de son mari, Joe Biden, qui apparaît affaibli par son âge et suscite l’inquiétude au sein de son propre camp.

Après sa défaite au débat présidentiel face à Donald Trump jeudi 27 juin, Joe Biden sait qu’il peut compter sur sa femme Jill, son roc depuis près de cinquante ans. Contre toute attente, la « Flotus » (anagramme de « First Lady of the United States ») est là. Elle tient bon et rassure, tant bien que mal, une partie du camp démocrate qui, inquiet de la fragilité du président, réclame désormais son retrait de la course à la Maison Blanche. « Nous ne laisserons pas ces 90 minutes définir les quatre années de sa présidence. Nous continuerons à nous battre », a réaffirmé la première dame à Washington. Vogue dont elle fait la couverture du dernier numéro.

Dans un éditorial publié vendredi soir et intitulé « Pour servir le pays, le président Biden doit quitter la course » (à la Maison Blanche), le New York Times Le quotidien américain a décrit Joe Biden comme « l’ombre d’un leader » après que le président de 81 ans a « raté son propre test ». Mais son entourage reste optimiste et a clairement fait savoir qu’il n’avait aucune intention de mettre un terme à sa candidature. « Sa femme Jill et son fils Hunter auraient été les plus ardents à lui conseiller de ne pas abandonner », a déclaré notre confrère Adrien Jaulmes, correspondant du quotidien. Figaro à Washington.

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Qu’est-ce qui convaincra Joe ? Absolument oui! Si l’on en croit le long portrait qui lui est consacré VogueJill Biden serait simplement celle qui murmure à l’oreille du président. « Les gens ne la mentionnent pas lorsqu’ils parlent des principaux conseillers de Biden, mais elle confirme son instinct et est sa plus proche confidente », explique Katie Rogers, correspondante de la Maison Blanche pour New York Timesau journaliste de VogueMaya Singer : « Elle croit vraiment en la capacité de son mari à faire avancer les choses pour le peuple américain, qu’il la soutienne ou non. C’est pourquoi elle se bat si fort pour qu’il obtienne un second mandat, car il y a encore des choses à l’ordre du jour. Et elle m’a dit qu’elle allait redoubler d’efforts et se battre deux fois plus fort, en raison des menaces qu’elle voit, en particulier pour les femmes. »

Une « Première Dame » normale

Pour l’heure, dans la course à la Maison Blanche, la très vivace First Lady de 73 ans semble tenir parole. Exit les cours d’anglais qu’elle donne habituellement en tant que professeure au Northern Virginia Community College (NOVA, pour faire court), elle s’adresse à la foule, notamment américaine. Récemment, devant l’antenne du Minnesota de « Women for Biden », Jill Biden a troqué sa casquette d’institutrice pour endosser le costume de « Flotus ». « Nous sommes la première génération depuis un demi-siècle à donner à nos filles un pays avec moins de droits que nous », prévient-elle. Avant de se montrer combative : « Quand nos corps sont en jeu, quand l’avenir de nos filles est en jeu, quand notre pays et sa liberté sont en jeu, nous sommes inébranlables et inarrêtables. Il est temps de leur montrer, une fois de plus, de quoi nous sommes capables ! »

Féministe, engagée… Jill Biden s’efforce aussi de paraître accessible et la plus simple possible. Ainsi, à son arrivée à la Maison Blanche en 2017, elle a insisté pour conserver son poste. Requête acceptée par le président. Depuis, deux jours par semaine, le Dr Jill Biden se débarrasse de son identité de « Flotus » pour se rendre à NOVA, où elle est professeure au département d’anglais. Un poste qui lui permettrait de garder le contact avec le monde extérieur à Washington ? Peut-être. En tout cas, Jill Biden dit avoir les pieds sur terre. Oui, elle comprend les inquiétudes des citoyens, la difficulté de la vie quotidienne. « Je sais que les prix des denrées alimentaires augmentent. Je vais à l’épicerie quand je suis à Wilmington. Et j’ai élevé trois enfants, j’ai fait les courses pendant combien d’années avant d’obtenir ce poste ? Ce n’est pas comme si je ne le savais pas », insiste-t-elle auprès du journaliste de Vogue qui la suivit dans de nombreux voyages.

Jill Biden ne s’en cache pas : la « normalité » lui manque. Contrainte par le rôle présidentiel de son mari, la mère de famille rêve de choses simples comme « aller dans les magasins de tissus », « déjeuner » en famille, « aller dans les pépinières et regarder les plantes », soupire Mary Doody, l’une des plus anciennes et plus proches amies de la première dame. « Elle veut que (Joe) soit réélu parce qu’il y a encore beaucoup à faire, mais je vous garantis que lorsqu’il quittera ses fonctions, ils ne garderont pas un appartement à Washington. Ils seront à la maison et heureux d’être à la maison. » Une remarque de Jill Biden corrobore cette confiance : « Ce n’est pas très souvent que Joe et moi avons l’occasion de passer toute une matinée ensemble, juste à prendre un café, vous savez, à discuter… », avoue-t-elle à Voguesans en dire plus.

Cible des républicains

Durant 47 ans de mariage, Jill Biden n’a jamais vraiment aimé la politique. « Elle a tout fait pour échapper aux projecteurs et a continué à travailler comme enseignante parallèlement à la carrière politique de Joe, même lorsqu’elle était première dame », écrit notre consœur Hélène Vissière dans LE Figaro Pourtant, ces derniers jours, elle se retrouve, malgré elle, au centre de la polémique. Et pour cause, selon les démocrates, Jill Biden est l’une des seules, avec la sœur cadette de Joe, Valerie, et quelques proches conseillers, à pouvoir le convaincre de céder sa place à un candidat plus fringant. Or, « si elle n’était pas très enthousiaste à l’idée de sa candidature en 2020, elle l’a pleinement soutenu depuis, et selon les médias, l’a encouragé à se représenter car elle estime qu’il est le seul à pouvoir servir de rempart face à Donald Trump », observe Hélène Vissière, correspondante à Washington.

Le débat télévisé de jeudi dernier, où Joe Biden a livré une prestation désastreuse, n’y a rien changé. Depuis, Jill se veut rassurante et poursuit ses interventions avec un message clair : « Joe, tu as fait un si bon travail ! Tu as répondu à toutes les questions ! Tu connaissais tous les dossiers ! », s’est-elle par exemple exclamée lors d’une soirée électorale ce vendredi. Et cette prise de position ne passe pas du tout auprès des conservateurs, qui ont fait de Jill Biden leur cible favorite. Partout sur les réseaux sociaux et dans les médias, les républicains l’accusent d’être une sorte de Machiavel en jupe qui tire les ficelles, cache l’état de décrépitude de son mari et l’oblige à se présenter par pur intérêt : celui de rester à la Maison Blanche. Des accusations qui, forcément, contredisent le portrait que l’on dresse habituellement de Jill Biden. Reste à savoir si le roc qu’elle représente pour son mari ne s’effondrera pas sous l’effet de la tempête qui secoue le camp démocrate.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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