Divertissement

« J’étais doué pour le sexe, l’alcool et les photos »

Kate Winslet incarne Lee Miller, une photographe qui décide qu’elle ne doit rien reculer pour capturer l’histoire en photographie. L’actrice incarne cette artiste intransigeante et porte les traces du temps qui passe. Le destin tragique d’une femme libre et d’une artiste insoumise face à l’horreur du monde.

France Télévisions – Culture Edito

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Temps de lecture : 4 min

Kate Winslet incarne le photographe Lee Miller. (SKYUK)

Rares sont les photographes qui pourraient faire l’objet d’un biopic. Il faut, au-delà du regard et de l’œuvre, avoir un destin romantique. Capa, Man Ray ou Vivian Maier pourraient le revendiquer, et ceux que j’oublie je m’en excuse.

Mais c’est Lee Miller, le photographe le plus emblématique et énigmatique du XXe siècle, qui fait irruption à l’écran, incarné par une Kate Winslet en colère. En salles le 9 octobre 2024.

Le film commence sur un champ de bataille assourdissant et périlleux. Un air deC’est nécessaire sauver le soldat Ryan par Steven Spielberg. Lee Miller est à Saint-Malo en août 1944. Photographe de guerre, elle suit les troupes de libération qui avancent contre des Allemands désorientés. Les combats font rage, le mur de l’Atlantique doit céder au prix de lourdes pertes. La peur est visible sur son visage.

Flash-back et quelques mois plus tôt, c’est un coin de campagne mougins baigné de lumière méditerranéenne. Cette fois, un air de film de Jean Renoir. Lee Miller est belle, plantureuse et extrêmement sexy. Elle dévore la vie. C’est l’avant-guerre et l’insouciance rime avec vin rouge et pique-nique sur des nappes en tissu. L’alcool et les rires coulent à flots, tout comme les mots pleins d’esprit. Les invités sont des artistes, Paul Éluard en fait partie. Il écrira plus tard Liberté en 1942, pendant l’Occupation.

Mais l’inquiétude guette. L’Allemagne nazie est à l’affût.« Un beau matin, l’Europe était en guerre », Lee Miller a déclaré.

Un coin de campagne, à Mougins, dans

Troisième époque, Lee Miller est vieille, ravagée par l’alcool et la cigarette, son visage est marqué par la désillusion et le ressentiment. Elle se raconte elle-même, le modèle, ensoleillé et beau qui est parti en guerre pour libérer la femme qui est en elle. En près de deux heures, la vie chaotique et le combat féministe de Lee Miller se dévoilent.

Jusqu’à la photographie qui pourrait résumer sa vie. Elle est nue dans la baignoire d’Adolf Hitler. Elle arrive de Buchenwald et de Dachau, elle est une des rares à témoigner en images des horreurs des camps. Des corps décharnés, des tas de cadavres puants, des regards où la mort se cristallise. Lee Miller photographie sans relâche malgré l’envie de vomir. Personne ne peut sortir intact de ces visions. Elle continue son chemin vers 16 Prinzregentenplatz, la maison d’Adolf Hitler qui venait de se suicider à Berlin. Et elle veut prendre un bain…

Lee Miller ne provoque pas, mais dépeint la barbarie de cette époque. David Sherman, journaliste du magazine vie prend la photo. Elle se lave « Boue de Dachau dans la baignoire d’Hitler ». Elle n’en parlera alors plus jamais.

Kate Winslet a attrapé Lee. Elle parle de son personnage comme ça. « Personnes aimé Lee, Elle fait LE hommes fou, Et sans maquillage et cheveux en désordre, elle était juste fidèle à lui-même et irrésistible. C’est ce que j’ai cherché à restaurer en incarnant cette femme désorganisée, difficile à suivreet parfois même catastrophique, qui était farouchement indépendant et qui s’est acceptée telle qu’elle était. »

Ce qui pourrait aussi se résumer par cette phrase de Lee : «J’étais doué pour le sexe, l’alcool et les photos.»

À son retour de la guerre, Lee Miller fut surpris de constater que ses photos n’étaient pas publiées. Andrea Riseborough qui incarne à merveille la si britannique rédactrice en chef du Vogue La Britannique Audrey Withers aura cette réponse qui sonne si juste aujourd’hui : « Les gens doivent aller mieux. Lee Miller ne sait pas ce que les gens pensent, contrairement aux autres. Kate Winslet semble avoir compris Lee, préférant rendre hommage à ses dons pour plaire et déplaire.

Alexander Skarsgård, qui incarne le peintre, photographe et poète anglais Roland Penrose, époux de Lee Miller, révèle : « La passion (par Kate Winslet) car le sujet du film était contagieux. Il était clair qu’elle connaissait chaque personnage sur le bout des doigts, qu’elle était attachée à eux, et c’est aussi ce qui m’a donné – ainsi qu’à plusieurs de mes partenaires – l’envie de participer au projet.

Kate Winslet incarne le photographe Lee Miller. (FRANÇAIS DE KIMBERLEY)

Lee Miller va abandonner la photographie de guerre, miné par la dépression et les secrets de famille enfouis, pour se tourner vers la cuisine. Un refuge. Dans le biopic, ses confessions, un verre de scotch à la main et une cigarette blonde aux lèvres, à la fin de sa vie, entre mauvaise humeur légendaire et profonde tristesse lui rendent hommage. Kate Winslet s’expose alors sans maquillage, sans rides et sans traits tirés.

Grâce à elle, ce biopic devrait nous permettre de découvrir cette immense photographe et cette femme qui s’est battue pour son indépendance. Elle préférait disparaître plutôt que d’être invisible.

Affiche de film "Lee Miller" de Ellen Kuras avec Kate Winslet. (RD)

Genre : Biopic, Drame, Guerre
Directeur: Ellen Kuras
Acteurs : Kate Winslet, Andy Samberg, Alexander Skarsgard, Marion Cotillard
Durée : 1h57
Sortie : 9 octobre 2024
Distributeur : SND M6

Synopsis: La vie incroyable de Lee Miller, ex-mannequin pour Vogue et muse de Man Ray qui est devenue l’une des premières femmes photographes de guerre. Partie au front et prête à tout pour témoigner des horreurs de la Seconde Guerre mondiale, elle a, par son courage et son refus des conventions, changé la façon de voir le monde.

Malagigi Boutot

A final year student studying sports and local and world sports news and a good supporter of all sports and Olympic activities and events.
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