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« J’espère que le public verra qu’on peut mettre le mot performance à côté du mot handicap »… Le message fort du sprinter Dimitri Jozwicki

Cinquième de la finale du 100 m dans la catégorie T38 samedi, le para-athlète de 27 ans a voulu, malgré sa déception, souligner la place des compétiteurs en parasport.

France Télévisions – Éditorial Sport

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Le sprinteur français Dimitri Jozwicki salue la foule, pleinement engagée à sa cause, au Stade de France, après sa finale du 100 m catégorie T38 lors des Jeux Paralympiques de Paris, le 31 août 2024. (MUSTAFA YALCIN / ANADOLU)

Quelques secondes après sa finale du 100 m dans la catégorie T38 (mouvements et coordination du bas du torse et des jambes légèrement limités) le samedi 31 août, Dimitri Jozwicki avait un message à transmettre.

« J’espère que les téléspectateurs et le public présent ce soir au Stade de France, qui vivent ces Jeux Paralympiques, verront qu’on peut mettre le mot performance à côté du mot handicap. On nous associe trop souvent à des déficiences. »a-t-il déclaré sur France Télévisions.

La déception légitime du musclé nancéien, cinquième à l’arrivée, a vite laissé place à quelque chose de plus important, ancré dans son travail quotidien de reconnaissance du parasport. Un combat qui est validé par son frère jumeau Rémi, présent dans les tribunes du Stade de France pour évoquer la trajectoire de son frère. « C’est son caractère, il aime donner du temps aux médias, aux partenaires, aux écoles, aux entreprises, pour partager sa vision et lutter contre la vision misérabiliste que l’on a du handicap. »

Ce personnage, c’est aussi et surtout son histoire personnelle qui l’a façonné. Atteint de tétraparésie – qui se traduit par un déficit au niveau articulaire, une plus grande fatigue musculaire et des problèmes de coordination –, il a dû attendre ses 8 ou 9 ans pour qu’un diagnostic médical soit posé. Comptez dix ans de plus pour accepter qu’il puisse concourir avec d’autres athlètes en situation de handicap. « sans prendre la place de personne »et vous avez un champion en devenir, qui s’attaque à la jeunesse et devient un athlète de haut niveau. Avant de nouveaux écueils.

« En 2020, il s’est cassé un os sous le piedse souvient de ses proches, dont son père André et sa mère Stéphanie. On lui a diagnostiqué une fracture de stress et on lui a dit qu’il ne serait pas à la hauteur. Juste après les Jeux paralympiques de Tokyo, un an plus tard, il a eu une occlusion intestinale majeure et on lui a dit qu’il ne pourrait plus courir. Mais il est revenu, encore une fois. La résilience est l’histoire de sa vie. »

Au Stade de France, devant un public acquis à sa cause, dont plus d’une trentaine de supporters venus spécialement de Tourcoing (Nord) pour le soutenir, Dimitri Jozwicki a tout donné pour décrocher un podium. Mais celui-ci lui échappera une nouvelle fois, comme au Japon il y a trois ans (4e), comme aux Championnats du monde de Paris en 2023 (5e) et à Kobe cette année (4e). Au Stade de France, il lui aurait fallu son meilleur chrono (10″99) pour faire aussi bien que le médaillé de bronze.

« C’est formidable, ça en dit long sur la notion de haute performance, même pour les sportifs en situation de handicap. Cela ne peut que nous faire progresser. Et aussi faire comprendre aux gens qu’il faut venir remplir les stades, pas seulement pour les Jeux, mais toute l’année. »

Dimitri Jozwicki, 5ème du 100m T38

à franceinfo : sport

Le regard se pose ensuite sur son biceps droit, où se trouve un tatouage en japonais. « Quatrième aux Jeux paralympiques de Tokyo »Rémi, son frère, nous traduit. Avant de le taquiner gentiment : « Depuis qu’il l’a eu, il n’a fait que cette position ! Je lui ai dit : ‘Si tu fais encore quatrième, je te coupe le bras et l’année prochaine, tu ne seras plus dans la même catégorie !’ » Le principal concerné a une autre idée, plus romantique. « Peut-être qu’au lieu de ‘5ème aux Jeux de Paris’ je mettrai : ’70 000′ avec un petit cœur à côté, pour me rappeler tout l’amour que j’ai reçu. »

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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