Jérôme nous livre son évaluation du service voiturier sur une borne de recharge de l’A7
Fidèle lecteur d’Automobile Propre et engagé pour le développement de l’électromobilité, Jérôme était Gilet Bleu sur l’aire de repos de Saint-Rambert-d’Albon Ouest pendant la période de chassé-croisé entre les vacanciers de juillet et d’août. Il nous raconte son expérience.
Electromobiliste depuis 2014
Expert technique chez un opérateur téléphonique, Jérôme conduit une voiture électrique depuis 2014 : « On m’avait prêté une Renault Zoé lorsque mon Espace V6 est tombé en panne. J’étais prêt à en prendre une suite à une offre de location à 99 euros par mois. Ce n’était qu’une annonce impossible à mettre en pratique. C’est là que j’ai rencontré Sébastien Gall qui m’a fait essayer une Nissan Leaf « .
Pour rappel, ce dernier est à l’origine du Leaf France Café devenu e-France Café en 2022 : « Sébastien me compte également parmi les membres fondateurs de l’association. J’ai fini par acheter une Leaf en finition Acenta que j’ai gardée trois ans. Ne pouvant continuer avec une version 40 kWh trop chère, je suis revenu un peu au thermique. Jusqu’à pouvoir m’offrir une Leaf de deuxième génération d’occasion fin 2019 « .
C’est toujours la voiture qu’il utilise pour ses besoins personnels : » Pour la remplacer, j’hésite entre une Tesla Model Y et une Hyundai Ioniq 5. Je n’ai pas encore de voiture électrique pour mes fonctions professionnelles. Cependant, cela devrait changer en octobre prochain. Je devrais alors recevoir une Peugeot e-Expert « .
Habitué aux parkings très fréquentés
Convaincu des bienfaits de la mobilité électrique, Jérôme n’hésite pas à s’engager : « Très vite, j’ai participé à l’organisation des rencontres Leaf France Café qui ont démarré à Valence puis à Lyon plus près de chez moi. Nous avons échangé des conseils entre utilisateurs et informé les clients des centres commerciaux où nous nous sommes implantés. Ils ont ainsi pu bénéficier d’informations en dehors d’une relation client/vendeur de voitures « .
Un service qui l’a conduit à devenir Gilet Bleu il y a quelques jours : « Le principe est né d’un dialogue entre Vinci Autoroutes et la Ffauve, qui regroupe des associations d’utilisateurs de véhicules électriques, dont le e-France Café. J’avais manqué l’appel l’an dernier. J’ai néanmoins pu participer en 2024, en choisissant l’aire de service la plus proche de chez moi. Saint-Rambert-d’Albon Ouest est à environ une heure par la route nationale « .
Saint-Rambert-d’Albon est justement l’une des zones visitées par Soufyane pour prendre la température aux terminaux lors de la traversée : « Je n’ai pas eu l’occasion de le voir. J’y suis allé quelques jours plus tard, le vendredi 2 août, entre 10h et 16h environ. J’ai vu passer une cinquantaine de voitures électriques très diverses. « .
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Diversités
Jérôme a vu des véhicules insolites : « Il y avait quelques Tesla et pas mal de BMW : des iX, des i4 et, si j’ai bien vu, une i5. Il y avait aussi une Volkswagen ID.Buzz, une BYD Seal U et une MG Marvel R. À un moment donné, sur les six chargeurs haute puissance, il y avait une file de quatre Hyundai Ioniq 5. D’autres membres ont eu la chance de découvrir une Renault 5 E-Tech et une Lotus Eletre « .
Durant cette période estivale, il n’y avait pas que des Français dans les terminaux : « En gros, on a une répartition de quatre quarts, entre Français, Allemands, Néerlandais et Belges. Ces derniers deviennent très présents dans notre pays à cause de la fiscalité dans leur pays qui favorise les véhicules électriques d’entreprise. Les électromobilistes français ont peur de voyager loin en VE. Les étrangers qui viennent en France prouvent que ça marche « .
A la station de Saint-Rambert-d’Albon Ouest, les choses ne se sont pas vraiment enlisées lorsque notre lecteur a fait son service bénévole : « Au pire, il y avait trois voitures en attente, dont une Renault Zoé, car la borne tri-standard était utilisée par une hybride rechargeable. J’estime le temps d’attente maximum ce jour-là à cette station Ionity à douze minutes maximum. »
Les rôles à jouer
Si les choses se sont globalement bien passées ce vendredi 2 août 2024 à l’aire de repos de Saint-Rambert-d’Albon Ouest, c’est aussi parce que Jérôme était actif sur place : « Le site a commencé à se remplir vers 11h30 en raison du déjeuner. L’affluence a duré jusqu’à environ 15h. J’ai passé beaucoup de temps à courir dans tous les sens à ce moment-là pour signaler aux conducteurs de véhicules électriques de s’approcher, car la station n’est pas bien indiquée. J’ai indiqué une place disponible lorsqu’il y en avait une. « .
Il y a eu quelques accrocs à gérer : « Trois en tout : deux caravanes et une remorque. J’avais des parcelles, la mienne et celles de Vinci Autoroutes, pour leur réserver des places pour les garer le temps de la recharge. Il a fallu dételer, ce qui a pu causer un petit désagrément temporaire et un peu d’agacement chez certains automobilistes. Il y avait des gens de Vinci Autoroutes sur place qui organisaient des événements sportifs conviviaux pour les usagers « .
En plus de l’accueil, le bénévole quinquagénaire veille à minimiser le temps d’identification aux bornes : « Je n’ai vu personne utiliser le Plug & Charge. En revanche, j’ai invité les gens à privilégier, lorsque c’était possible, l’utilisation du badge, plus rapide que de passer par l’application. En plus de gérer le trafic, j’ai dû donner beaucoup d’explications. Ainsi à ceux qui chargeaient pour la première fois sur une borne rapide, comme ce couple avec une Mercedes EQA de location « .
Une présence bienvenue
Lorsque le site est devenu encombré, Jérôme a invité les conducteurs de véhicules électriques à se diriger vers la station suivante : « Il ne reste qu’une quinzaine de kilomètres. Mais c’est une Electra, et beaucoup voulaient rester avec Ionity en raison de leur adhésion et de leur badge. Surtout ceux qui conduisent des Kia, des Hyundai, des Volkswagen et des BMW. « .
Bien qu’il n’ait reçu que des retours positifs, l’acteur d’e-France Café a noté : » Les conducteurs de véhicules électriques ne se parlent pas entre eux. Ils branchent leur voiture, vont faire ce qu’ils ont à faire, puis repartent. J’ai fait remplir un questionnaire de Vinci Autoroutes. Ils ont tous dit qu’ils étaient contents de trouver quelqu’un à la station pour les renseigner. Beaucoup ont apprécié qu’on leur explique pourquoi ça ne fonctionnait pas comme ils le pensaient. « .
Alors un conducteur de Renault Zoé : « Il s’agit d’une infirmière qui utilise cette voiture quotidiennement sans aucun problème. Elle pensait pouvoir accéder à la charge rapide, me disant qu’il suffisait de retirer un cache. La réalité est que sa voiture n’avait pas l’option CCS « .
Il a observé quelques incivilités, mais n’a malheureusement pas pu faire grand chose contre les auteurs : « L’un d’eux était dans une BMW hybride rechargeable, une 330e je crois. Il a branché sa voiture sur la borne tri-standard en promettant de revenir dans cinq minutes. Finalement, il est arrivé au bout d’une heure et demie. C’était une personne âgée qui ne parlait pas très bien français. J’ai essayé de lui expliquer qu’en faisant cela, il avait fait attendre les autres usagers et que ce n’était pas non plus économique pour elle. « .
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Bilan
De sa première expérience en tant que Gilet Bleu, Jérôme a déjà pas mal d’idées pour améliorer la situation : « Il y a un gros travail de pédagogie à faire auprès des nouveaux conducteurs de véhicules électriques. C’est aux concessionnaires de s’en charger. Il ne faut pas mettre en charge un véhicule électrique s’il reste 50 % d’énergie dans la batterie, sauf raison valable. De même, dans une station saturée, il faut libérer de la place dès qu’il reste 80 % d’énergie. Quelques utilisateurs m’avaient laissé leur numéro de portable pour que je puisse les appeler en cas de désagrément « .
Aucun défaut constaté sur les bornes : » Une seule qui affichait le menu de démarrage plusieurs fois sans que cela affecte les recharges. Une seule voiture n’a pas pu trouver d’énergie, une Hyundai Ioniq 5, alors que d’autres du même modèle n’ont rencontré aucun problème. Dans une station comme celle-ci, il faudrait ajouter quatre chargeurs haute puissance aux six existants et un deuxième tri-standard. Avec, si possible, un abat-jour, ne serait-ce que pour visualiser clairement les informations sur l’écran « .
L’électromobiliste engagé pensait aussi » à l’absence d’affichage tarifaire et à l’organisation de la station qui ne facilite pas les manœuvres qui peuvent vite devenir dangereuses. Notamment avec une caravane ou une remorque qu’il faut dételer. Pour décourager ceux qui laissent leur VE branché trop longtemps, il faudrait une tarification horaire dissuasive, à partir de 85 % par exemple, et encore plus lourde quelques minutes après avoir atteint 100 % « .
Automobile Propre et moi tenons à remercier vivement Jérôme pour son témoignage que nous avons sollicité, sa sympathie envers notre média et son accueil.
Afin de ne pas décourager nos lecteurs de témoigner à l’avenir, tout commentaire désobligeant contre notre interlocuteur, sa vie, ses choix et/ou ses idées sera supprimé. Merci de votre compréhension.
Avis de l’auteur
Dans ce témoignage, il y a une sorte d’affrontement entre deux mondes : celui des pionniers de la mobilité électrique qui communiquent pour encourager son développement, et celui des automobilistes devenus électromobilistes sans chercher à cultiver la sympathie avec leurs pairs.
Heureusement, il y a des bénévoles et des associations d’usagers pour remettre un peu d’huile dans les rouages. Vinci Autoroutes a aligné quelques bonnes idées cette année pour apporter un peu de légèreté aux emplois du temps les plus chargés. Avec les Gilets Bleus, mais aussi en organisant des petits événements sportifs conviviaux l’année où se déroulent les Jeux Olympiques à Paris.
Personnellement, je trouve tout cela très encourageant, car les constructeurs et leurs concessionnaires ont beaucoup de progrès à faire en termes de pédagogie pour bien utiliser les véhicules électriques, mais aussi pour prendre en charge et expliquer certains problèmes que leurs clients constatent à l’usage. Il est rare que ce soient des acteurs privés à but lucratif et des associations d’usagers qui se mobilisent pour obtenir le meilleur d’une catégorie de voitures particulières.