«J’en ai marre», Mohamed Bouhafsi s’effondre devant Anne-Elisaberth Lemoine
L’ancien journaliste de RMC a livré un témoignage émouvant sur la multiplication des insultes racistes reçues depuis plusieurs jours.
La victoire du Rassemblement national, le 9 juin, aux élections européennes a visiblement « libéré la parole ». Depuis trois semaines, les racistes s’en donnent à coeur joie, comme en témoigne le récent témoignage de Karim Rissouli, qui a reçu à son domicile une lettre raciste disant que « les Français historiques s’en sont plein le cul de toutes ces bicots ».
Mais le présentateur de C ce soir n’est pas le seul journaliste à être visé par des insultes. Même constat pour Mohamed Bouhafsi, l’ancien spécialiste des transferts chez RMC, aujourd’hui chroniqueur à C à vous, et qui reçoit régulièrement des « sales arabes » ou des « sales racailles ».
« Cela fait une dizaine de jours que je doute de montrer ces images. Je me demande depuis dix jours : ‘Dois-je les montrer ? Est-ce que je vais faire la lumière sur ces gens-là ?’ a témoigné sur le plateau de C à vous celui qui a récemment réalisé un documentaire sur le racisme dans les stades.
Quand j’entends sur certains plateaux qu’il n’y a pas de liberté de parole, ça me touche car ce sont des messages continus depuis le 9 juin qui arrivent quatre à cinq fois par jour. Avant, c’était une fois par mois… Je n’avais jamais vécu ça. C’est assez désagréable et c’est désagréable aussi pour nos proches qui en reçoivent, je pense notamment à ma mère et ma sœur et on se dit : ‘Pour quoi ? »
» C’est inadmissible «
» J’aimerais qu’on arrête de m’essentialiser à cause de mon prénom ou de mon nom ou de ma supposée origine ou de ma prétendue religion, il a continué, ému. J’en ai marre qu’on me dise : « Tu es un con, tu es un musulman, un sale Arabe ». Qui connaît ma vie ? Qui sait le soir quand je rentre quelles sont mes valeurs, quelles sont mes origines, quelle est ma religion ? J’aimerais être essentialisé en tant que journaliste français. Arrêtez de me ramener à ce côté arabe. Je suis journaliste français, citoyen, c’est tout et rien d’autre. C’est assez bouleversant de se dire qu’on se bat tous les jours pour rassembler les gens et pour manger ça au quotidien et qu’on n’est pas fait pour ça et qu’on ne se lève pas le matin pour ça. »
Le témoignage du récent récipiendaire de la Légion d’honneur n’a pas laissé Anne-Elisabeth Lemoine indifférente. » C’est inacceptable et tout notre soutien, le soutien de l’équipe de Mohamed, à tous les journalistes de France Télévisions qui sont visés, mais aussi à tous les Français qui pourraient être confrontés à ces situations insupportables. elle a chuchoté.