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Immigration, défense, «Europe mortelle»… Ce qu’il faut retenir du discours d’Emmanuel Macron à la Sorbonne – Libération

Après une longue satisfaction, un avertissement : «Notre Europe d’aujourd’hui est mortelle. Elle pourrait mourir. Tels sont les propos d’Emmanuel Macron ce jeudi 25 avril à la Sorbonne. Pour le chef de l’Etat, qui prononce un grand discours sur l’Europe dans la célèbre université parisienne, l’UE se trouve aujourd’hui menacée. « Aux crises que nous avons vécues, nous avons réagi vite, solidaires. Mais est-ce suffisant ? La lucidité et l’honnêteté nous obligent à reconnaître que la bataille n’est pas encore gagnée, loin de là. Le risque est immense d’être affaibli, voire relégué. », dit le président. Pour le sauver d’un tel risque, Emmanuel Macron estime que «les choix doivent être faits maintenant.

Et de développer : « c’est aujourd’hui que se joue sur notre continent la question de la paix et de la guerre et de notre capacité à assurer ou non notre sécurité (…) les grandes transformations, celle de la transition numérique, celle de l’intelligence artificielle, comme celle de la l’environnement et la décarbonation, se jouent désormais.

« Une défense crédible »

Face aux différents risques, Emmanuel Macron affirme vouloir avancer pour une meilleure défense européenne. Parce que, « L’Europe puissante est une Europe qui se fait respecter et assure sa sécurité »affirme le chef de l’Etat. « Ce qu’il nous faut réaliser, et c’est le nouveau paradigme en matière de défense, c’est une défense crédible du continent européen »a poursuivi Emmanuel Macron.

Pour cela, le chef de l’Etat annonce une invitation « Dans les mois à venir » des différents partenaires pour « construire cette initiative européenne de défense qui doit être avant tout un concept stratégique ». Selon Emmanuel Macron, une meilleure défense européenne passe aussi par « une préférence européenne pour l’achat de matériel militaire en Europe » et par « une capacité européenne de cybersécurité et de cyberdéfense ».

« Maîtrisez les frontières et assumez-les »

Après la défense, l’immigration. Le président de la République estime que l’Union européenne doit aller plus loin dans la lutte contre l’immigration. « L’Europe puissante est aussi une Europe qui contrôle ses frontières », assure Emmanuel Macron. « Si nous voulons résister à ce changement de règles, à cette escalade de la violence, à cette désinhibition des capacités sur notre continent et au-delà, nous devons nous adapter en termes de concept stratégique, de moyens et nous devons reprendre pleinement le contrôle de nos frontières et l’assumer. « , il continue.

Le Président plaide alors pour une meilleure collaboration entre les Etats. « Cela nécessitera davantage de coopération avec les pays d’origine et de transit, des conditionnalités plus claires et une lutte acharnée contre le modèle économique des passeurs et des trafiquants d’êtres humains »il élabore. « Nos politiques de retour sont aujourd’hui trop divisées »regrette le locataire de l’Elysée qui dit vouloir faire « Le Conseil Schengen (…) un véritable conseil de sécurité intérieure de l’Union. »

« Produire plus et vert »

Sur le plan économique, Emmanuel Macron appelle à créer un « nouveau paradigme de croissance et de prospérité ». Parce que, « Si nous vivons avec les règles de politique de concurrence, de politique commerciale, de politique monétaire et budgétaire qui sont les nôtres aujourd’hui, nous n’y arriverons pas »affirme le locataire de l’Elysée qui réclame un nouveau « pacte de prospérité » construit sur le principe « produire plus et vert ». « La production décarbonée est une opportunité de réindustrialisation et de maintien de nos industries », se vante-t-il. Le chef de l’Etat défend également une simplification normes et un meilleur accompagnement des entreprises face à la concurrence. « Le marché unique est un choix de simplification, mais nous devons aussi, d’une manière ou d’une autre, mettre fin à une Europe compliquée »il explique.

Le président de la République propose également qu’« un objectif de croissance voire un objectif de décarbonation » soit intégré dans les missions de la Banque centrale européenne (BCE). « Il faut avant tout avoir une obsession qui est celle de la productivité. Et pour cela, nous devons être une grande puissance d’innovation et de recherche.

Un leader mondial de l’UE en matière d’IA

Emmanuel Macron souhaite que l’Union européenne devienne un « leader mondial » d’ici 2030, avec « stratégies de financement dédiées »dans cinq « secteurs stratégiques de demain » : intelligence artificielle, informatique quantique, espace, biotechnologies et « nouvelles énergies » (hydrogène, réacteurs modulaires et fusion nucléaire).

Défense de « l’humanisme européen »

Avant de conclure, Emmanuel Macron évoque longuement « L’humanisme européen ». « Être Européen, ce n’est pas simplement habiter une terre de la Baltique à la Méditerranée ou de l’Atlantique à la mer Noire, c’est défendre une certaine idée de l’homme qui place l’individu comme libre, rationnel et éclairé, au-dessus de tout. », il a dit. Pour défendre « la séparation des pouvoirs, les droits des oppositions et des minorités, la justice indépendante, la presse libre, les universités autonomes et la liberté académique (…) renié dans trop de pays européens », le chef de l’Etat plaide pour un « conditionnalité budgétaire à l’État de droit dans le versement des fonds de l’Union ». Comprendre un mécanisme qui réduirait les subventions aux pays coupables de « des violations graves » principes développés ci-dessus.

Toujours dans la rubrique « défense de l’humanisme européen », Macron plaide pour une majorité numérique à quinze ans. « Avant quinze ans, il doit y avoir un contrôle parental sur l’accès à cet espace numérique »il croit. « Parce que c’est un accès, si on ne contrôle pas son contenu, qui est le fruit de tous les risques et distorsions d’esprit, qui justifient toutes les haines », justifie-t-il. Et comme déjà annoncé, Emmanuel Macron renouvelle son souhait de voir le droit à l’avortement inscrit dans la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne.

Critique des nationalismes

En toute fin de discours, le chef de l’Etat a voulu cibler les « des nationalismes qui ne proposent plus de quitter l’immeuble ou de le démolir, mais qui proposent de ne plus respecter les règles de copropriété ». Référence notamment au Rassemblement national qui ne propose plus de sortie de l’UE. Face à l’extrême droite, Macron estime que « la réponse n’est pas dans la timidité » mais « en audace »affirmant que « L’Europe est une conversation qui ne finit jamais ».

Sept ans après un premier discours sur l’Europe

Telle était la feuille de route : Emmanuel Macron devait revenir à la Sorbonne, sept ans après un premier discours, avec un nouveau plaidoyer pour une Europe « plus souverain et plus puissant » dit l’Elysée. Le 26 septembre 2017, le président de la République s’était déjà exprimé dans la célèbre université pour développer sa vision de l’UE. Le chef de l’Etat avait notamment appelé à construire un « Souveraineté européenne » dans les domaines de la défense, de la politique étrangère (y compris son volet commercial), de la transition écologique, de la réindustrialisation, du numérique ou encore de la politique d’immigration et d’asile.

L’Elysée l’a assuré, le discours d’Emmanuel Macron ce jeudi n’avait qu’un seul objectif : « influencer l’ordre du jour » de la prochaine Commission européenne. « C’est un moment institutionnel pour un chef d’Etat, qui n’engage pas simplement les paroles de sa sensibilité politique, mais les paroles d’un pays », ont insisté les gens autour de lui. Mais pour ses adversaires, ce discours a surtout des visées électorales. Selon eux, Emmanuel Macron passe surtout à l’offensive au moment où son camp, emmené par l’eurodéputée Valérie Hayer, peine à se frayer un chemin dans la campagne et reste loin derrière le candidat RN Jordan Bardella dans les sondages. Le président du parti d’extrême droite a d’ailleurs décidé d’organiser une conférence de presse cet après-midi pour présenter son programme. Et ainsi tenter d’imposer un duel au sommet.

Mise à jour à 13h13 à la fin du discours d’Emmanuel Macron.

Cammile Bussière

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