Jean-Noël Barrot, un néophyte en politique étrangère

Peu connu du grand public et des diplomates il y a huit mois, Jean-Noël Barrot venait à peine de s’imposer comme ministre délégué aux Affaires européennes lorsqu’il fut propulsé à la tête du ministère des Affaires étrangères dans le gouvernement de Michel Barnier.

A 41 ans, ce vice-président du MoDem remplace Stéphane Séjourné, pressenti depuis lundi 16 septembre pour rejoindre la Commission européenne, après la démission fracassante de Thierry Breton en raison de profonds désaccords avec sa présidente allemande, Ursula von der Leyen. M. Barrot est le quatrième chef de la diplomatie française depuis la première élection d’Emmanuel Macron en 2017 ; le troisième depuis le début de son deuxième mandat en 2022, alors que la crise politique provoquée par la dissolution de l’Assemblée nationale inquiète les partenaires de la France et brouille son message.

Si sa carrière a été fulgurante, M. Barrot est un néophyte en matière diplomatique. L’ancien étudiant d’HEC, où il a enseigné l’économie après un passage au MIT à Boston, est titulaire d’un doctorat en sciences de gestion. Ses travaux de recherche ont porté, entre autres, sur le financement des entreprises. Il a également débuté sa carrière ministérielle dans le giron de Bercy, comme ministre délégué au numérique (de juillet 2022 à janvier de cette année). Sans véritablement faire de percée médiatique, il a œuvré au renforcement de la régulation du secteur afin de protéger les mineurs contre la pornographie en ligne et de limiter la toute-puissance des multinationales.

Un baptême du feu à l’Assemblée générale de l’ONU

Jean-Noël Barrot se présente comme un « Européen convaincu » et se dit très attaché à la force motrice du tandem franco-allemand, malgré les fortes tensions entre Paris et Berlin, notamment depuis la guerre en Ukraine. Petit-fils du résistant chrétien-démocrate Noël Barrot, il est le fils de l’ancien ministre centriste et commissaire européen, Jacques Barrot, décédé en 2014, alors qu’il siégeait au Conseil constitutionnel. Comme son père, qui fut député de la Haute-Loire pendant plus de trois décennies, Jean-Noël Barrot a commencé sa carrière politique dans le canton d’Yssingeaux, mais c’est dans les Yvelines qu’il a été élu à l’Assemblée nationale en 2017, département où il a été réélu en juillet, à la suite de la dissolution.

La décision surprise du chef de l’Etat l’avait pris de court à l’époque. Quelques semaines plus tard, en plein Jeux olympiques, le ministre démissionnaire confiait lors d’une réception organisée à Paris par l’ambassade d’Allemagne qu’il ne voyait pas d’issue rapide à la crise politique. Il était encore loin de se douter qu’il pourrait remplacer M. Séjourné, qui ne cachait pas son intention de rester, après à peine huit mois à son poste.

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