Arthur de Laborde, avec AFP / Crédits photos : GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP
Le président Emmanuel Macron, qui « ne déteste pas les coups bas », a fait un « usage incongru » de la dissolution et « se crée » des problèmes « évitables », estime l’ancien ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer dans un entretien à Indiquer « Il y a du bon et du mauvais ‘en même temps’ dans la personnalité du président », estime Jean-Michel Blanquer, qui revient sur ses cinq années rue de Grenelle (2017-2022) dans un livre paru cette semaine, La Citadelle (Albin Michel).
Le chef de l’Etat a « une grande intelligence, une très forte capacité de travail, du dynamisme et de la créativité », mais « il ne déteste pas non plus les coups bas, aime écouter les conseillers du soir plutôt que les ministres du jour et se crée des problèmes qui auraient pu être évités », analyse l’ancien ministre. « D’une certaine manière, il réussit souvent dans ce qui est le plus difficile et échoue dans des choses assez simples. Il peut accomplir un exploit et le ruiner aussitôt par une phrase ou une posture », ajoute-t-il.
Pour Jean-Michel Blanquer, qui critique « l’usage incongru de la dissolution », une « crise de régime est malheureusement possible » en raison de la difficulté de former un gouvernement en partie à cause d’un « verrouillage du pouvoir présidentiel sur lui-même ».
« Les circonstances, mais aussi parfois la volonté du président, ont conduit à l’abaissement des forces de gouvernement de droite et de gauche au profit des extrêmes », une situation « mortelle » selon lui. Pourtant, le macronisme, au sens de « grand centre pivot capable de travailler avec la gauche ou la droite », « garde toute sa pertinence ».
Dans son livre, Jean-Michel Blanquer revient sur plusieurs escarmouches qui l’ont opposé à des figures du parti de Macron lors de ses cinq années à l’Education. Il raconte notamment qu’en 2020, lorsque Jean Castex avait remplacé Édouard Philippe à Matignon, le président avait envisagé de le nommer à l’Intérieur – ce sera finalement Gérald Darmanin.
Richard Ferrand, très proche d’Emmanuel Macron, s’était pourtant opposé à cette nomination, en raison des « positions jugées trop rigides » de Jean-Michel Blanquer face à « l’islamisme intégriste », et de l’impact possible de cette « intransigeance » sur « l’électorat musulman », affirme-t-il.
Evincé du gouvernement en 2022, Jean-Michel Blanquer se dit victime d’une « forme de disgrâce » et d’une « amnésie masochiste du président », qui n’a pas su, selon lui, « valoriser son propre bilan en matière d’éducation, alors que les raisons d’être fier ne manquaient pas ». « Quand on se bat comme un gladiateur et qu’en se retournant on voit l’empereur avec le pouce baissé, (…) on peut sentir une forme de trahison », estime l’ancien ministre.
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