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Jean-Marc Jancovici explore l’énergie hydrogène pour les transports

Interrogé par une commission d’enquête sénatoriale, le scientifique estime que cette source d’énergie « ne résout pas les problèmes », notamment pour l’aviation.

Dans le « mix énergétique », l’hydrogène est aujourd’hui présenté comme une nouvelle alternative aux énergies fossiles, notamment pour les transports. Il équipe déjà certaines voitures, est testé sur le rail et pourrait dans un futur lointain propulser des avions.

Mais pour Jean-Marc Jancovici, ce n’est pas une bonne idée. Interrogé ce lundi par la commission d’enquête sénatoriale sur la production, la consommation et le prix de l’électricité à l’horizon 2035 et 2050, le scientifique donne un avis assez tranché.

« L’hydrogène est une énergie finale donc en tant que telle, il ne résout pas les problèmes d’énergie primaire. C’est un vecteur énergétique qui concurrence le vecteur électrique », explique-t-il.

« Et quand on regarde bien ce qu’on peut et ne peut pas en faire, partout où l’hydrogène entre en concurrence avec l’électricité, c’est un vecteur énergétique qui a moins d’efficacité que l’électricité, notamment dans les transports » poursuit-il, également professeur.

Et de détailler : « son rendement est quatre fois inférieur puisque si vous faites de l’hydrogène avec de l’électricité en général, vous en perdez 30 à 40% au moment de l’électrolyse, vous perdez 20% au moment de la logistique, c’est-à-dire de la compression à stockage et vous en perdez la moitié dans la pile à combustible du véhicule pour refaire de l’électricité.

Gadgets

« En gros, on perdait les trois quarts de l’énergie en cours de route par rapport à un système où on aurait utilisé directement l’électricité pour la mettre dans les routes », explique Jean-Marc Jancovici.

« Donc personnellement, je ne vois pas l’intérêt de l’hydrogène dans les transports », dit-il.

En revanche, « le seul intérêt de l’hydrogène est comme molécules chimiques dans l’industrie pour la réduction du minerai de fer ou la fabrication d’engrais (fabrication d’ammoniac), donc comme matière première ». « Il peut être intéressant, mais comme énergie ». vecteur, je ne pense pas que cela présente beaucoup d’intérêt. »

« Quant à l’aviation, l’avion à hydrogène existe déjà, il s’appelle la fusée Ariane. Ce n’est pas le même prix et ce n’est pas le même coût. Je suis prêt à parier toutes mes économies que je mourrai sans avoir vu l’aviation commerciale à hydrogène », dit le scientifique.

Et d’enfoncer le clou : « Donc voilà, on va finalement faire trois gadgets à hydrogène, mais ça n’ira pas plus loin, je n’y crois pas. »

Et rappelons que l’hydrogène a une très mauvaise densité énergétique par unité de volume « vous aurez vraiment un énorme char volant avec trois passagers, donc ce sera un coût totalement prohibitif ».

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Affaires

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Ray Richard

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