Jean-Marc Ayrault appelle à « suspendre l’examen de la réforme du corps électoral avant que la situation ne se dégrade »
L’ancien Premier ministre a cosigné un article en ce sens dans « Le Monde » avec Manuel Valls et Édouard Philippe. Il craint un nouveau conflit entre loyalistes et séparatistes.
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Jean-Marc Ayrault, ancien Premier ministre, a appelé lundi 13 mai sur franceinfo pour « suspendre l’examen » de la « réforme du corps électoral », ce qui provoque de vives tensions en Nouvelle-Calédonie. Il a cosigné ce week-end en Le monde une tribune avec Manuel Valls et Édouard Philippe invitant Matignon à se saisir du dossier. « Il faut redonner à cette question une dimension politique plus globale et interministérielle et surtout remettre le dialogue dans le moteur » il a recommandé.
Emmanuel Macron a proposé dimanche une réunion à Paris pour relancer le dialogue, tandis que l’Assemblée nationale examine lundi et mardi un projet de loi constitutionnelle, contesté par les indépendantistes, qui permettrait aux nouveaux résidents installés depuis moins de 10 ans de voter aux élections locales en Nouvelle Calédonie. La main tendue du chef de l’Etat « aller dans la bonne direction », selon l’ancien Premier ministre. « Cela veut dire qu’une partie de notre message a été entendue » a-t-il estimé.
Mettre en place « une nouvelle commission de dialogue »
Jean-Marc Ayrault n’est pas sûr que cela suffise à calmer les indépendantistes qui voient dans ce projet de loi le risque de « minimiser encore davantage le peuple autochtone kanak » au profit des nouveaux arrivants. Le spectre d’un conflit sanglant vécu dans les années 1980 entre loyalistes et séparatistes refait surface. « C’est dangereux parce que l’histoire nous apprend que ça peut dégénérer » a estimé Jean-Marc Ayrault. Ce conflit a conduit aux accords de Matignon en 1988 sous l’égide de Michel Rocard.
Le gouvernement souhaite évidemment laisser du temps à la discussion après le vote du Parlement : « C’est une mauvaise méthode » alors que « le climat est très dégradé, la confiance s’érode, notamment à l’égard de l’Etat », a estimé l’ancien Premier ministre. Jean-Marc Ayrault craint que cela soit perçu « comme un passage en force » par les séparatistes. Il propose également « que nous mettions en place une nouvelle commission de dialogue comme ce fut le cas sous Michel Rocard et Lionel Jospin ». Selon lui, « Il faut le faire vite, avant que la situation ne se détériore. » Les prochaines élections provinciales devraient avoir lieu avant le 15 décembre.