Nouvelles

« Jean-Luc Mélenchon à la télé tous les deux jours nous étranglait. J’ai dû couper la corde pour pouvoir respirer. »

François Ruffin, investi par le Nouveau Front Populaire, remporte le second tour des élections législatives dans la première circonscription de la Somme. Ici, à Paris, le 9 juillet 2024.

Réélu de justesse dimanche 7 juillet dans la 1D circonscription de la Somme face au Rassemblement national (RN), le député François Ruffin porte un regard critique sur La France insoumise (LFI), le parti politique qu’il a quitté avant le second tour des législatives. Appelant à ne pas s’opposer « La France des villes et des tours »il accuse son ancien parti d’avoir sciemment abandonné les campagnes populaires et les terres ouvrières, pour se concentrer uniquement sur les jeunes et les quartiers.

Comment analysez-vous les résultats des élections législatives ? Est-ce vraiment une victoire de la gauche ?

Au soir des élections européennes, le 9 juin, la gauche était en lambeaux, le moral dans les chaussettes. « Soyez unis »UN « Front populaire »on arrive à rallumer la lumière dans quatre semaines, c’est un espoir. Mais au risque de jouer les rabat-joie, je dis : « Soyez prudent, c’est un sursis. » Il y a un effet trompe-l’oeil. Le mode de scrutin, les institutions, ont contenu la montée du Rassemblement national (RN), mais la vague est puissante.

Ma Picardie a élu treize députés d’extrême droite sur dix-sept, c’est pire dans le Pas-de-Calais. 57 % des ouvriers ont voté RN au premier tour, et perdre les ouvriers, c’est très grave pour la gauche : ce n’est pas seulement perdre des voix, c’est aussi perdre son âme. Et dans ma circonscription aussi, il faut le dire clairement : j’ai perdu huit points en deux ans.

Lire aussi | En direct, législatives 2024 : la gauche cherche toujours son candidat à Matignon, la droite revendique le poste

J’avais identifié cette difficulté en 2022, dans mon livre Je vous écris depuis le front de la Somme (Les liens qui libèrent). La gauche a souffert de trois « des trous » :un trou géographique, la France des villes ; un trou démographique, les personnes âgées ; un trou social, les salariés modestes. Mais cette alerte n’a servi à rien. La situation s’est aggravée, et a même basculé.

Comment avez-vous vécu la campagne ?

Dans la douleur. D’un côté, il y avait la force d’attraction du RN : en face de moi, le candidat était Jordan Bardella. Pour beaucoup de gens, Marine Le Pen et lui incarnent le changement. Et de l’autre côté, une force de répulsion. Pendant trois semaines, nous avons porté notre croix, un sac à dos rempli de pierres, nous nous sommes heurtés à un mur, à un nom : « Mélenchon, Mélenchon, Mélenchon. » Avec le profil de la gauche, de LFI, ces deux dernières années, je savais que nous étions en train de perdre du terrain. Mais je pensais que ma figure, localement, allait servir de paratonnerre.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés François Ruffin dans la lutte dans la Somme pour les législatives : « Dites-le clairement, c’est fini avec LFI. Dites-le à tout le monde ! »

Et bien non, ce n’est pas suffisant, ni pour Sébastien Jumel (député communiste sortant (PCF), défait en Seine-Maritime)ni à Fabien Roussel (secrétaire national du PCF, défait dans le Nord)ni aux autres. C’était presque comique : les gens me disaient « On adore vos discours, c’est génial », « attends, j’appelle ma femme, on va prendre un selfie »et finalement, contre Macron et Mélenchon, ils ont voté pour Bardella !

Il vous reste 63.98% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Cammile Bussière

One of the most important things for me as a press writer is the technical news that changes our world day by day, so I write in this area of technology across many sites and I am.
Bouton retour en haut de la page