Son nom a été scandé par le public de Bauer. La montée officialisée malgré la défaite contre Dijon (0-2) lors de la 30ème journée de National, Habib Beye est resté près de 35 minutes en conférence de presse.
Comment te sens-tu ce soir?
HABIB BEYE. L’objectif prioritaire était de ramener ce club en L2. Est atteint. Il y avait de la tension, de la pression pour finir cette balle de match. Ce soir (vendredi), on ne méritait pas mieux que cette défaite. Mais c’est un énorme soulagement. Ce soir, le plus beau cadeau n’était pas la victoire. Mais c’était de voir mes joueurs heureux. Ils finissent épuisés. Mais ils ont fait le boulot les premiers et méritaient de vivre ces moments.
Sur le plan personnel, comment vivez-vous cette ascension ?
Il y a 2 ans et 10 mois, je l’ai dit à mon président, je vous promets de ramener ce club au haut niveau. L’année dernière, nous avons pleuré ensemble (NDLR : le Red Star a terminé 3e). Mon président a souvent été critiqué mais les gens ne réalisent pas ce que signifie bâtir un club. C’est aussi un cadeau de le voir heureux. C’est un privilège d’avoir eu cette première expérience d’entraîneur dans ce club et d’avoir les mains libres. Malgré la déception de l’année dernière, le président a attendu trois semaines et demie pour que je parte ensemble. Pour moi, ce sont de grandes valeurs.
Cette hausse est-elle aussi une forme de réponse à vos détracteurs ?
On m’a critiqué, le consultant qui s’ouvre trop et qui embarque une équipe. C’est une relation déséquilibrée. Quand je passe à la télé, je ne suis pas entraîneur. Et quand je suis coach, je ne suis pas consultant. Mais nous avons travaillé comme des fous avec mon staff. Dès que j’ai repris ce club, j’ai dit que je ferais tous les sacrifices pour mener à bien ma mission. J’ai tout entendu, du manque de respect mais aussi du respect de la part des collègues entraîneurs. Je n’ai rien à prouver sauf aux personnes qui m’ont fait confiance et à moi-même. Nous voulions procurer des émotions par le jeu. J’ai aimé que les gens me disent que j’étais venu chez Bauer et j’ai adoré. Nous sommes arrivés à quelque chose de sain que nous avons rendu sublime.
Il y a désormais un titre de champion National à remporter…
Cette ascension n’est pas un aboutissement. C’est un point de passage. Maintenant, nous devons être un très bon champion. La fête sera encore plus belle le 18 mai. C’est inhabituel de valider une montée en L2 à 4 journées de la fin. Nous avons bâti sur le traumatisme de la saison dernière. Il n’y a rien de plus beau que de se reconstruire à travers des échecs. Nous sentions que cette équipe était programmée pour vivre ce que nous vivons. Mon travail consistait à changer la vie des joueurs.
La question que tout le monde se pose est aussi celle de votre avenir…
Je suis en fin de contrat. J’ai été approché par deux clubs du Top 10 de Ligue 1, dont Lyon, mais je suis resté pour finir ma mission. Ce n’est pas un secret. Nous prendrons le temps de nous asseoir et de manger avec mon président, avec qui j’ai une relation privilégiée, pour prendre les bonnes décisions. Si on part ensemble, ce sera à 2000% comme l’année dernière. Nous prendrons la décision avant le match de Versailles (3 mai). Ma décision est prise. Mais j’ai besoin d’éléments pour nourrir ma réflexion.
Ce est-à-dire ?
J’ai besoin de savoir où le club veut aller à l’avenir. Red Star, je ne veux plus jamais le revoir en National. Je ne m’en cache pas, j’ai l’ambition d’entraîner au plus haut niveau le plus rapidement possible. Mais je me suis donné du temps pour ça parce que j’aurais pu partir. Mais je devais être prêt.
Quels seront vos critères de sélection ?
Ils sont liés à mon projet de carrière, à mon ambition et à la perspective de travailler dans un club qui m’en donne les moyens. Si demain je suis entraîneur du Red Star en L2, je serai clair : je veux qu’une équipe monte très vite en L1. C’est ce que je dirai à mon président et aux investisseurs. Je suis lucide, je sais qu’il faut du temps pour construire une équipe de très haut niveau en L2, comme on a pris le temps de le faire en National. Mais il me reste peu de temps dans mon ambition…