Une « première » dans l’Histoire. Le ministère ukrainien des Affaires étrangères a annoncé mercredi qu’un porte-parole généré par l’intelligence artificielle (IA) serait désormais chargé de commenter les affaires consulaires en lisant des textes qui doivent pourtant encore être écrits par des humains.
« Pour la première fois dans l’histoire, le ministère ukrainien des Affaires étrangères a créé une personnalité numérique utilisant les technologies de l’intelligence artificielle pour commenter officiellement les informations consulaires destinées aux médias », indique l’institution. Cet avatar s’appelle Victoria Shi, un prénom qui évoque la « victoire » de son pays dans la guerre contre l’invasion russe. Quant à son nom de famille, il signifie simplement « AI » en ukrainien.
« Je suis une personne numérique. Cela signifie que le texte que vous entendez n’a pas été lu par une personne réelle. Cela a été créé par l’intelligence artificielle », a déclaré la nouvelle porte-parole, qui a des traits de jeune métisse, dans sa première vidéo YouTube. « Je pourrai informer le public, en fournissant des informations vérifiées et opportunes de la part des services consulaires ukrainiens », a-t-elle poursuivi, vêtue d’une veste noire sur laquelle est épinglée une épingle aux couleurs de l’Ukraine. .
Un QR code pour certifier l’authenticité des vidéos
L’avatar a emprunté son apparence à la chanteuse et influenceuse ukrainienne Rosalie Numéro, ancienne candidate de l’édition ukrainienne de l’émission de téléréalité « The Bachelor », née à Donetsk, grande ville de l’Est occupée par la Russie. Ce dernier « a accepté de participer volontairement au projet » et « de servir de prototype », précise le ministère dans un communiqué.
Le service de presse du ministère des Affaires étrangères a toutefois précisé à l’AFP que les communiqués seraient « rédigés et vérifiés par de vraies personnes ». « L’intelligence artificielle nous aide uniquement à générer la partie visuelle », a-t-il expliqué. Ses futures déclarations seront publiées en ligne et mises à la disposition des journalistes. Le ministère a précisé qu’il ne remplacerait pas son porte-parole officiel, le bien réel, et qu’il ne s’occuperait que des affaires consulaires.
L’IA, une technologie en plein essor, est devenue incontournable ces dernières années. Mais son développement à grande vitesse soulève également des questions éthiques dans de nombreux domaines. Le journalisme ne fait pas exception et l’utilisation du contenu généré par l’IA est débattue dans les rédactions. Le ministère a assuré avoir mis en place des mesures pour éviter la propagation de fausses déclarations de sa porte-parole, notamment un QR code destiné à prouver l’authenticité des vidéos.
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« Pas un caprice »
Le choix d’un porte-parole généré par AI vise également à « économiser du temps et des ressources au ministère », a déclaré le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba. « Les vrais diplomates pourront être plus efficaces et se concentrer sur d’autres tâches », a-t-il déclaré. Le communiqué souligne également que la création de cet avatar « n’est pas un caprice, mais une exigence en temps de guerre ». « En effet, pour obtenir les résultats dont le pays a besoin, il est nécessaire d’accélérer tous les processus et d’avoir une longueur d’avance », a soutenu le ministre.
Le projet a été réalisé notamment en collaboration avec l’ONG « The Game Changers », qui avait déjà mis en place un dispositif de réalité virtuelle pour le ministère ukrainien des Affaires étrangères, baptisé « Experience the War », qui permettait aux gens de s’immerger « dans la réalité de l’agression russe contre l’Ukraine » à l’aide de lunettes connectées, « depuis n’importe quelle partie du monde ».