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« Je suis militaire, je vote pour Bardella » : le RN rappelé à l’ordre par le chef de la gendarmerie

En tentant de flirter avec l’armée, le RN s’est rapidement fait réprimander. Samedi 1er juin, le parti d’extrême droite a publié sur ses réseaux sociaux deux affiches pour les élections européennes qui flirtent avec la légalité : « Je suis gendarme, je vote Bardella » Et « Je suis militaire, je vote Bardella », à chaque fois accompagné d’un individu de dos, en uniforme.

Or, cette campagne qui cible autant qu’exploite l’armée semble contrevenir au principe d’impartialité qui lui a valu le surnom de Grande Muette – au point d’interdire le droit de vote aux militaires avant 1945.

Selon le Code de la Défense « Les opinions ou croyances, notamment philosophiques, religieuses ou politiques, sont libres » mais « ne peut cependant s’exprimer qu’en dehors du service et avec la réserve exigée par l’État militaire. » Une règle qui « s’applique à tous les moyens d’expression. » Un décret de 2007 prévoit également l’interdiction du port de l’uniforme militaire. « à l’occasion de toute activité ou manifestation à caractère syndical ou politique ».

Une campagne « inacceptable »

Un principe fondamental de l’armée rappelé par le directeur de la Gendarmerie nationale, le général Christian Rodriguez : « Vous semblez ignorer que le statut militaire interdit ce type de message. » il a dénoncé, jugeant cette campagne « inadmissible ».

Un rappel à l’ordre que Jordan Bardella n’a pas apprécié : « Les gendarmes respectent le devoir de réserve dans leurs fonctions, contrairement à vous qui prenez publiquement parti pour un mouvement politique en pleine campagne officielle », il a répondu.

Le parti d’extrême droite s’est également défendu en assurant à l’AFP que la publication était « tout à fait légal », la photo ne s’affiche pas « le visage d’un policier ». Puisque ces affiches sont une mise en scène et non des témoignages directs de soldats, cette campagne est-elle illégale ?  » CONTRECe qui est spécial c’est qu’on a une photo qui est utilisée par un parti politique. Ce n’est pas le gendarme qui l’utilise. rapporte le sociologue Sébastien Roché sur France Info. Une subtilité qui devrait permettre au RN d’éviter une sanction.

Un rappel d’un rapprochement inquiétant entre l’armée et l’extrême droite

Cependant, le fait d’exploiter ces corps d’armée, en faisant passer le message qu’un gendarme ou un militaire vote forcément pour Jordan Bardella est en soi problématique, politiquement et moralement. Ce que a rappelé le ministre des Armées Sébastien Lecornu : « Respecter la République, c’est ne jamais utiliser l’armée qui protège la Nation à des fins électorales. »

Cette polémique rappelle cependant le rapprochement inquiétant entre l’armée et l’extrême droite ces dernières années. Selon une étude du Cevipof de 2021, 60 % des policiers et militaires s’apprêtaient à voter pour Marine Le Pen au second tour de l’élection présidentielle.

Par ailleurs, en 2021, une vingtaine de généraux, une centaine d’officiers supérieurs et plus d’un millier d’autres militaires avaient signé une tribune aux sonorités d’appel à un futur coup d’État. Ciblage « Islamisme et hordes suburbaines », ils ont menacé « l’intervention de nos camarades actifs dans une mission périlleuse pour protéger nos valeurs civilisationnelles ». Une ambiance sur laquelle cherche à surfer le Rassemblement national.

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William Dupuy

Independent political analyst working in this field for 14 years, I analyze political events from a different angle.
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