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« Je suis militaire, j’avais un travail à faire », explique Cathy, l’ancienne gardienne de prison à la tête de

A Aix-en-Provence, 16 personnes sont jugées pour un double meurtre à l’aéroport de Bastia en 2017. Une histoire de vengeance entre héritiers du clan mafieux corse du Brise de Mer. Dans ce procès, une accusée attire tous les regards : Cathy Chatelain, « Cathy la matrone ».

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Le procès s'est ouvert le 6 mai 2024 à la cour d'appel d'Aix-en-Provence.  (STÉPHANE DUCLET / MAXPPP)

L’ancien gardien de la prison de Borgo est accusé d’avoir désigné les cibles des tueurs, en les embrassant. Lundi 13 mai, elle est interrogée à la cour d’assises d’Aix-en-Provence dans un procès qui devrait durer deux mois. Cathy Chatelain se démarque dans l’immense box vitré parmi les autres prévenus, avec sa carrure imposante et ses longs cheveux noirs. Elle est la seule femme, et la seule aussi, à avoir grandi non pas en Corse, mais en banlieue parisienne.

A 48 ans, Cathy n’a jamais été condamnée, elle a cinq enfants, rêvait d’être hôtesse de l’air et a fini gardienne de prison. Lorsqu’elle parle des détenus devant la cour d’assises, elle dit « mes détenus ». « Mes détenus, avec qui j’aimais discuter. » Ils ont rempli sa vie sociale « rien », dit-elle, et c’est en fait un détenu qui lui a parlé de la Corse. On lui a promis qu’elle et ses enfants y seraient protégés. Un peu comme une nouvelle famille, explique une psychologue du bar.

Cathy demande à être affectée à Borgo et là, elle se passionne pour la langue, la musique, la culture corse… et pour le grand banditisme. Selon les experts, c’est pour rompre avec sa vie un peu trop douce qu’elle a rejoint le clan. « Je l’ai choisi »Cathy l’avait même affirmé auprès des enquêteurs.

Une fascination radicale pour la mafia

« Cathy la matrone » a prêté allégeance au clan, explique un psychiatre présent à la barre. Il y a eu un mécanisme d’adhésion, un peu sectaire, on n’est pas très loin du radicalisme religieux. Elle est très attachée au clan, elle le dit elle-même : « Je suis militaire, j’avais un travail à faire ». Elle va jusqu’au bout, précise encore l’expert. Selon le parquet, le gardien de prison communique sur un téléphone crypté, échange la nuit avec des hommes cagoulés, donne des renseignements sur la permission de sortir d’un détenu – l’une des deux cibles – et vient l’embrasser alors que personne, à l’aéroport de Bastia. , juste avant les tirs. Le baiser de la mort. Tout cela en échange d’une somme à six chiffres. Aujourd’hui au banc des accusés, Cathy garde la tête haute, au frais, alors qu’elle risque la prison à vie.

Cammile Bussière

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