Je suis la femme qui craque
La femme en colère
A ne pas voir dans ce monde
Que les reflets de la spéculation
Je suis la femme qui marche
Celui qui regarde la vigne rouge
Cascade le long d’un mur de rue de quartier
La femme qui se souvient des morceaux d’une chanson :
» Ça tourne en milliers de pas qui ne mènent nulle part, dans un monde de béton aux barreaux fleuris, fleuri de désespoir »
Je suis la femme, assise par terre dans sa cuisine
Qui ferme les yeux pour se cacher dans un tronc d’arbre
Et revoir quelque part cet if millénaire
Ce temps d’enfance perdu puisqu’on ne sait plus trop quand
Puis soudain retrouvé avec ce blotti au fond d’un creux
Je suis la femme qui voudrait le chant de la baleine
Nous guide vers d’autres chemins plus hospitaliers
Où l’air emporterait dans son sillage
Les senteurs d’un bouquet de mille et un territoires
Je suis la femme qui déteste marcher
Au son des chaînes
Je suis la femme penchée à sa fenêtre qui crie
Comme une bouteille dans la mer : « Arrêtons de détruire la Nature ! »
Je suis la femme qui claque des dents quand elle entend les mots
Transhumanisme – technologisme – capitalisme
Je suis la femme debout à l’aube dans la blancheur des nuages
Je rêve du ciel de demain
Je suis la femme qui boit son café noir
Sans la cuillère à café pour faire fondre le sucre
Je suis la femme qui allume sa cigarette sans regret
Je suis la femme qui regarde comme un enfant regarderait le fil de son jeu préféré
La femme qui surveille le passage des éboueurs
Le courage des travailleurs
Je suis la femme fatiguée d’entendre qu’il faut attendre
Mais que faire sinon attendre et attendre
Je suis la femme qui écoute le battement d’ailes d’un papillon
Comme l’appel de la liberté
Je suis la femme adossée à sa balustrade, qui lève l’ancre
naviguer le bateau
La femme qui suit du regard le vol des corbeaux
Et tout là-bas à l’horizon
La mer Égée
Vers d’autres rivages plus accueillants
Je suis la femme qui achète de la nourriture
A celle qui trop fragile ne peut plus le faire elle-même –
Celle qui ouvre la porte en robe de chambre et me sourit
Je suis la femme que le chat regarde avec des yeux brillants
Dans la nuit noire de ma chambre
Je suis la femme qui descend les escaliers
Celui qui un jour de folie
Pense qu’elle est la nouvelle Mistinguett du music-hall
Je suis la femme qui cherche aussi les vertus de l’absinthe
Comment se libérer d’une anxiété inutile
Mais qui ne fait que le prolonger
Il va falloir qu’ils arrêtent… Hasta la victoria
Je suis la femme qui pense au lendemain
Dans le futur qui se profile
Auteur de Le petit travailleur métis aux éditions La Rumeur Libre.
Grb2
