"Je suis ingénieur dans l'industrie et je suis également batteur dans un groupe de metal qui se produit au Hellfest."
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« Je suis ingénieur dans l’industrie et je suis également batteur dans un groupe de metal qui se produit au Hellfest. »

« Je suis ingénieur dans l’industrie et je suis également batteur dans un groupe de metal qui se produit au Hellfest. »

« La musique est une de mes passions depuis l’âge de huit ans. A l’école de musique près de chez moi, il n’y avait plus de place pour le piano, alors on m’a proposé des percussions. Je ne les ai jamais quittés. Adolescente, j’ai découvert le rock. J’ai commencé à jouer de la batterie, je me souviens que j’avais imprimé les partitions de « Smell Like Teen Spirit » de Nirvana, c’était la première chanson que j’ai apprise. Au lycée, j’ai rencontré les filles avec qui nous fonderions le groupe Fallen Lillies, quelques années plus tard…

Du DUT au manager dans l’industrie

Parallèlement, je suis en terminale scientifique au lycée, et, attirée par la technologie, je m’oriente vers un DUT génie thermique et énergétique, à l’IUT Nord Franche-Comté. Il y a très peu de filles, trois sur 80 élèves, mais ça me plaît beaucoup. Cela me donne envie de poursuivre mes études en école d’ingénieur jusqu’à bac+5. Ce sera à l’INSA de Strasbourg, en alternance. J’ai ainsi intégré GE Power, l’entreprise où je suis encore aujourd’hui (depuis restructurée et devenue Arabelle Solutions, NDLR).

Professionnellement, j’ai commencé comme ingénieur et j’ai évolué tout au long de ma carrière. Il y a six ans, je suis devenu manager. Lorsque le groupe s’est réorganisé, séparant les activités fossiles et nucléaires, je me suis orienté vers le deuxième domaine. J’ai pris la responsabilité d’un centre d’outillage qui s’occupe de la maintenance des centrales, avec une vingtaine de personnes. Notre rôle est la logistique : expéditions, retours, gestion des stocks, métrologie… J’aime mon métier, le monde de l’industrie est passionnant et je ne m’ennuie jamais.

Deux vies complémentaires

Et surtout c’est complètement différent de ma vie musicale ! Parallèlement à tout cela, j’ai continué à jouer avec Fallen Lillies, notre groupe de hard rock formé en 2013. Cela n’a pas toujours été facile, selon les études, les postes, les changements de ville de chacun, mais nous avons toujours été animés par le le groupe et ses projets. Nous avons sorti des EP, un album, joué pour la première fois au Hellfest grâce à un concours tremplin en 2019, mais aussi aux Eurockéennes. Nous sommes également partis en tournée en Angleterre. Et ce week-end, nous nous produirons à nouveau au Hellfest !

Personnellement, mon objectif n’est pas de vivre de la musique, ce qui signifierait devenir un artiste intermittent. Pour cela, il faudrait que j’aie plusieurs groupes, que je gère, que je donne des cours… Ce qui m’intéresse, en fait, c’est de faire de la musique avec mes amis ! Et de profiter de ma passion. Le vendredi soir, le travail s’arrête et la musique commence. J’aime mes deux vies, et je pense qu’elles sont très complémentaires.

Mon manager le sait : quand je prends des congés, il ne me demande pas où je pars en vacances, mais où je joue en concert… Ce sont des sacrifices personnels, je ne vois pas mes proches autant que je le voudrais, mais pour moi, ça en vaut la peine.

Métal et industrie, deux mondes peu féminins

Là où ces deux vies se rejoignent, c’est dans le peu de femmes qu’on y retrouve, dans le métal comme dans l’industrie. Au Hellfest, on a compté les groupes avec des femmes à l’affiche, elles ne sont que 7%. Il y a cinq ans, c’était 3%, il y a un peu de progrès, mais on est encore loin de la parité. À mes yeux, tout est une question de représentation. Plus il y aura de modèles féminins, plus ça donnera envie aux petites filles de jouer de la guitare ou de la batterie. Dans l’industrie, c’est pareil : si on voit plus de femmes ingénieures, techniciennes, accéder à des postes de direction, ça pourrait inspirer les prochaines générations.

C’est certain, il y a encore du chemin à parcourir. Dans mon équipe, au travail, tout se passe bien et je ne ressens aucune misogynie. Cela peut cependant arriver. J’ai entendu certains fournisseurs me demander si je suis assistant… Aucun commentaire »

À noter

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