Mercredi après-midi, Bayonne a annoncé les dates de ses Festivals en 2025 : ils se tiendront du 16 au 20 juillet. Quelques heures plus tard, le maire de Mont-de-Marsan faisait part de sa « profonde incompréhension » dans un communiqué rageur. Car les Landais voisins envisageaient les mêmes dates pour leurs fêtes patronales. Ils ne dérogeront pas à cette intention et Charles Dayot confirmera la Madeleine du 16 au 20 juillet. « Je ne veux déranger personne », jure son homologue bayonnais, Jean-René Etchegaray. Il estime n’avoir « pas d’autres solutions » pour répondre aux problèmes d’apaisement de l’événement de Bayonne.
« Sud-Ouest ». Avez-vous parlé au maire de Mont-de-Marsan depuis votre annonce ?
Jean-René Etchegaray. Non. Je l’avais appelé la veille, mardi, pour lui faire part de la décision prise par les élus de ma majorité lundi. Je l’ai rappelé mercredi après-midi à sa demande où je lui ai confirmé.
Vous annoncez d’emblée les dates de Bayonne : vous coupez l’herbe sous le pied de Mont-de-Marsan…
Je n’ai pas précipité les choses. Comme je l’ai dit, plus nous décidons tôt, plus nous disposons d’une marge de négociation avec les prestataires de services.
Charles Dayot assure que « Bayonne s’était renseigné auprès de (son) cabinet depuis deux mois » et connaissait les dates envisagées par les Montois…
Je n’en ai pas entendu parler. Nous avons considéré qu’il y avait un risque à organiser le Festival de Bayonne pendant la période la plus chargée de la saison estivale. C’est ce qui nous a guidé.
Pourquoi alors ne pas se positionner avant le 14 juillet, date de basculement des grands mouvements estivaux ?
C’est de moins en moins vrai, à mesure que l’année scolaire et universitaire s’étend de plus en plus jusqu’en juillet. La vie professionnelle suit le rythme des enfants. Le changement se produit un peu plus tard, nous indiquent des indicateurs tels que les taux d’occupation des hôtels. Et puis nous ne voulons pas passer nos vacances une seconde fois en même temps que Pampelune, notre ville jumelle.
Pensez-vous qu’un parti a fait du mal à l’autre en 2024 ?
Non, nous pensons plutôt ici au fait de ne pas pouvoir nous recevoir pendant nos vacances respectives.
N’est-ce pas très fortuit au regard des enjeux que pose un changement de dates ?
L’enjeu le plus important est de ne pas se retrouver dans ce tourbillon de fin juillet. En 2024, je pense que nous avons retrouvé l’ADN de nos Vacances. Les dates y sont pour quelque chose. De la même manière que nous avons éloigné la Foire du Jambon de Pâques.
Des voix déplorent que vous n’ayez pas consulté les professionnels ni le Collectif 2032…
Je voulais que ma majorité puisse prendre position, qui est aussi politique. En effet, il n’y a pas eu de consultation ouverte et formelle. Les vacances reposent beaucoup sur les épaules du maire, je ne sais pas qui pourra se mettre à ma place pour ce type de décision.
Faites-vous référence à votre responsabilité pénale ?
Qui signe la commande ? C’est moi. Vous savez que ma responsabilité pénale est recherchée dans le drame survenu en 2023 (1). Il y a une plainte. Je dois répondre de ces choses.
Les représentants du parc des expositions, qui devront renoncer à l’une des deux manifestations, menacent de bloquer Bayonne…
Je ne cède pas à la pression. Encore moins d’intimidation.
Y a-t-il un risque de devoir partager les renforts policiers des fêtes avec Madeleine ?
Nous signons des conventions avec l’État pour la mise à disposition de CRS. A ma connaissance, nous sommes la seule ville à faire cela. Cela nous coûte près de 100 000 euros.
Une petite musique se fait entendre selon laquelle les commerces du littoral ont souffert de l’avance des dates des Fêtes de Bayonne. Ceux-ci auraient aspiré des barges à une époque où il y en avait moins. Est-ce que cela a été pris en compte dans le choix des dates pour 2025 ?
Non. Il est très commode de blâmer les fêtes pour tous les maux et peut-être certains déficits commerciaux. Nous ne sommes pas responsables de tout. S’il y a des commerces qui souffrent des fêtes, ce sont bien ceux du centre de Bayonne, qui sont fermés pendant cinq jours. Je voudrais aussi parler de toutes les personnes qui nous ont dit, cette année, avoir aimé retrouver l’authentique Festival de Bayonne qu’ils aiment.
(1) Lors de la soirée d’ouverture de l’année 2023, Patrice Laniès a été tué par des agresseurs alors qu’il rentrait chez lui dans le centre.
« Un manque de considération »
Sébastien Aguer, président de l’Association des commerçants et cafétés du Petit Bayonne, n’est pas vexé : « Depuis la fin des dernières vacances, nous n’avons eu aucune réunion avec la mairie. Pas une critique. Ce n’est pourtant pas faute de l’avoir demandé. » Le patron du bar Zamai est furieux d’avoir découvert coup sur coup dans la presse les dates de la prochaine Foire au jambon (du 10 au 13 avril) et celles des Fêtes de Bayonne. « C’est un manque de considération envers les commerçants, mais aussi envers tous les acteurs du festival. » Le patron du café critique un coup de couteau dans le « contrat moral » passé entre la municipalité et le Collectif 2032. Le groupe, qui regroupe 12 associations, habitants, jeunes et professionnels, avait engagé une réflexion sur l’avenir de l’événement pour faire c’est plus « durable ». La Ville s’est inspirée de certaines de ses propositions pour tester plusieurs nouveautés l’été dernier : comme l’instauration d’une journée sans sonorisation extérieure ou la circulation des forains, pour favoriser la dispersion de la foule lors de l’ouverture et de la fermeture des Fêtes. « On a l’impression que tout ce travail a été balayé d’un revers de main. La seule chose que nous demandions, c’était de participer à la réflexion. »
Pantxika Delobel