Divertissement

« Je ne suis pas très à l’aise dans le monde des adultes »

L'illustratrice Nicole Claveloux, dans son atelier de Moëlan-sur-Mer (Finistère), le 29 août 2024.

Comment l’appeler ? Une parenthèse ? Trop courte. Une éternité ? Trop longue. Un tunnel ? Trop sombre. C’est parti pour une longue absence. Et même une  » très «  longue : une quarantaine d’années, période pendant laquelle Nicole Claveloux s’est éloignée de la bande dessinée avant d’y revenir. Le jalon final d’un processus de redécouverte de son œuvre entamé il y a quelques années est la publication, ces jours-ci, de Ce soir est un cauchemar (Cornelius) célèbre le retour étonnant d’un illustrateur de 84 ans longtemps oublié par le 9et art.

Monstre sacré de la littérature jeunesse, l’invitée de marque du festival parisien de bande dessinée Formula Bula (du 20 au 22 septembre) dissipe aussi un malentendu persistant selon lequel le milieu l’aurait boudée, à moins que ce ne soit l’inverse. « Ni l’un ni l’autre »rectifie-t-elle cet après-midi de mi-août, dans sa maison de Moëlan-sur-Mer (Finistère). Il pleut sans relâche dans le pays bigouden, un feu crépite dans la cheminée. La réalité est plus prosaïque.

En 1987, épuisé par des années de faibles ventes, le magazine Métal hurlant ferme ses portes. Avec la scénariste Edith Zha, Nicole Claveloux avait publié deux perles oniriques dans ce magazine pionnier, l’un des premiers à faire sortir la bande dessinée du ghetto de la littérature jeunesse : La Main Verte (Les Humanoïdes Associés, 1978) et Hors saison (Les Humanoïdes associés, 1979). Le premier récit raconte les aventures fantasmagoriques d’un corbeau nostalgique et d’une jeune fille rêveuse. Le second, dans une veine surréaliste, suit les pas de deux détectives privés (auxquels les auteurs ont prêté leurs traits) enquêtant sur la disparition d’un « homme triste ».

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D’autres nouvelles constitueront plus tard un recueil de nouvelles, Le petit légume qui rêvait d’être une panthère et autres histoires (Les Humanoïdes associés, 1980). Et puis, le téléphone a cessé de sonner au moment même où s’amorçait un tournant décisif dans l’histoire de la bande dessinée : sa transformation en industrie de divertissement de masse. Comme l’explique son éditeur actuel et fondateur de Cornélius, Jean-Louis Gauthey, de nombreux artistes qui avaient tenté des expérimentations graphiques et narratives avec le médium ont été abandonnés par un secteur éditorial qui ne jurait que par les séries historiques et d’aventures – tels Francis Masse, Gérald Poussin, Guy Peellaert (1934-2008) et donc Nicole Claveloux.

Style hypnotique

« Il y a probablement une part de vérité là-dedans, mais le fait est aussi que j’ai arrêté les bandes dessinées pour adultes simplement parce que Métal hurlant arrêtéelle confie aujourd’hui. Je n’ai pas cherché d’opportunités à l’époque, car je ne fais pas beaucoup de démarchage. J’attends que les gens me contactent. Et si l’éditeur attend aussi d’être contacté, rien ne se passe, c’est aussi simple que ça. J’ai donc recommencé à faire des livres pour enfants. » Des albums essentiellement illustrés, mais aussi quelques bandes dessinées pour la jeunesse, jusqu’au milieu des années 1980. Pas moins de cent quarante ouvrages composent sa bibliographie, dont ceux des débuts, publiés après son installation à Paris en 1966, après avoir été diplômé des Beaux-Arts de Saint-Etienne, où sa mère enseignait.

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Malagigi Boutot

A final year student studying sports and local and world sports news and a good supporter of all sports and Olympic activities and events.
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