« Je ne m’y attendais pas ! » : à Quimper, dans les coulisses d’une matinée de valorisation de faïences
Malagigi Boutot
« Depuis que je suis petite, je les vois dans la salle à manger de mon oncle à Scaër », sourit Christelle. La Quimperlaise est venue au musée de la Faïence, samedi 3 août, pour la faire expertiser mais surtout pour en savoir plus sur cette faïence dont elle a hérité il y a un an. « Ce n’est pas tant la valeur monétaire qui m’intéresse mais surtout son histoire. » À chaque expertise, c’est le même cérémonial captivant. Bernard Verlingue, expert en faïence de Quimper, regarde longuement la pièce, puis il la ramasse et l’examine, en silence, sous toutes les coutures. La jeune femme est suspendue à ses lèvres, comme ceux qui attendent leur tour pour entendre le verdict du maître sur le sujet. Chacun retient encore un peu son souffle.
« Ce sont les sonneurs de cloches du Moulin-Vert »
« C’est une pièce assez incroyable. Il y a juste une petite tache sur la base due à un défaut de cuisson. Elle a été réalisée par Robert Micheau-Vernez (1907-1989) pour la faïencerie HB Henriot. Ce sont des sonneurs de cloches du Moulin-Vert. Je l’estime entre 500 et 600 € », explique Bernard Verlingue, d’une voix calme et posée. Christelle sourit et se dit surprise par la valeur de la faïence.
« C’est à vous, monsieur ! », lance l’un des membres des Amis du musée à un monsieur assis, tenant dans ses mains une Vierge en faïence. « C’est une pièce extrêmement rare, qu’on ne voit quasiment jamais. Elle a été réalisée par Henriette Porson (1874-1963) pour HB Henriot dans les années 1925. Cela fait bien dix ans que je n’ai rien vu de pareil. Je l’estime au moins à 1 000 €, mais elle pourrait valoir plus. » Son propriétaire reste sans voix. « Je ne m’y attendais pas ! Je pensais qu’elle valait 300 €, voire 400 €. J’ai voulu l’estimer car je vais m’en séparer », explique le Quimpérois, un peu abasourdi. « Je l’ai héritée de ma mère décédée il y a dix ans. Je l’ai toujours vue sur sa cheminée. »
Un porc-épic à 3 000 €
Le conservateur du musée de la faïence lui fournira même les coordonnées d’un collectionneur qui pourrait être intéressé pour l’acquérir, sinon il l’orientera vers une salle de vente aux enchères. Pendant ce temps, à l’entrée du musée, une pièce représentant un porc-épic attire toute la curiosité. Les animaux en faïence sont assez rares. Les passionnés des Amis du musée ne la quittent pas des yeux. Tout le monde attend que l’expert en dise quelque chose. Son propriétaire, Stéphane, originaire de Plovan, l’a acheté aux enchères il y a quinze ans. « Je suis un amateur d’objets rares. Je veux en savoir plus sur cette pièce et je suis curieux de savoir si elle a pris de la valeur ». Le porc-épic arrive enfin entre les mains de l’expert. « Ce n’est pas le genre de pièce qu’on voit tous les jours. C’est seulement la deuxième fois pour moi. Il peut se vendre entre 2 500 et 3 000 € ». Le double du prix auquel son propriétaire l’avait acheté quinze ans plus tôt. « Je ne suis pas surpris », sourit le Plovanais en partant, porc-épic sous le bras.