ENTRETIEN – En 2023, le romancier canadien a expliqué à Figaro Les caractéristiques du « Acadien » français, près des Français de Louis XIV.
Elle est la première non européenne et la seule Canadienne à avoir reçu le prix Goncourt en 1979. La romancière et dramaturge canadienne, Antonine Maillet, une grande voix d’Acadia, est décédée le lundi 17 février 2025 à l’âge de 95 ans. Elle avait obtenu la reconnaissance littéraire dans les cercles parisiens pour son roman Pélagie-la-Charirettequi raconte l’histoire de milliers d’Acadiens qui ont été expulsés au sud des États-Unis, il y a 270 ans.
À travers l’Atlantique, elle est surtout connue pour son personnage de Sagouine (1971), qui célèbre le « Chiac », cette conversation du sud-est du Nouveau-Brunswick, un mélange de vieux français et d’anglais. L’écrivain avait été élevé au grade de commandant de la Légion d’honneur en 2021 à l’Élysée pour son travail littéraire et français. En 2023, Le Figaro lui a demandé de décrire les caractéristiques de la culture acadienne et sa relation avec la langue française.
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Le Figaro. – Anglais ou français … Comment définissez-vous votre identité linguistique?
Antonine Maillet. – La langue anglaise est très belle, c’est celle de Shakespeare. Mais je suis un francophone de la Nouvelle-Écosse au Canada. Je me sens canadien et français. Je me sens comme un Acadien dont les ancêtres sont venus de la France et vivent au Canada. Les Acadiens ont été les premiers Européens à se rendre en Amérique du Nord, avant la création du Québec. Ils parlent toujours ce qu’on appelle le vieux français. Je parle anglais et français, mais je n’aurais jamais accepté que on me dit que je suis en anglais. Les Acadiens sont arrivés pour la première fois en Nouvelle-Écosse. Cette province n’était pas occupée par les Anglais mais par les Amérindiens.
En quoi l’Acadienne est-elle différente du français?
Les Acadiens viennent de la France: nous sommes arrivés au XVIe siècle, nous avons donc parlé le vieux français. L’acadien est donc une variété de vieux français que nous avons parlé une fois. Saviez-vous que Louis XIV a dit « j’avais » au lieu de « nous avions »? (Rires) Alors que quelqu’un qui dirait qu’aujourd’hui, nous le mépriserions. Cependant, le roi de France l’a dit. Nous avons inventé des mots avec les Amérindiens et nous avons également gardé la langue de Louis XIV avec des expressions comme « j’avais » au lieu de « nous avions ». Dans mon livre, je fais parler mon personnage, La Sagouine (qui a donné son nom à son livre, la note de l’éditeur), la langue du peuple, celle des Acadiens primitifs.
Qu’est-ce qui vous a amené à écrire des livres?
Tout d’abord, je suis né un conteur, j’ai adoré inventer des histoires, on m’a demandé de m’occuper des enfants. On m’a demandé parce que les adultes avaient autre chose à faire, à cuisiner ou à nettoyer. Pendant ce temps, j’aimais raconter des histoires aux enfants. Les enfants n’aiment pas les choses pour leur imposer des choses, mais ils veulent entendre des histoires. J’ai donc développé ce goût. J’ai reçu « la morsure » ou plutôt ce cadeau d’un très jeune écrivain. Nous avions un bon à la maison qui nous contenait des histoires: je suis entré dans mes veines. À l’école, quand d’autres voulaient être des enseignants ou des médecins, je voulais déjà devenir écrivain.
Qui sont vos lecteurs?
Mes lecteurs sont particulièrement français. Les Acadiens ont également lu la sagouine. J’avais aussi peur qu’ils se sentent humiliés lors de la lecture de ce livre, même choqué, mais pas du tout. Ils étaient heureux de comprendre qu’ils existaient finalement à travers cette histoire. Ce que je craignais ne s’était pas produit. Ils m’ont respecté et aimaient.
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L’anglais a-t-il également influencé votre écriture?
Oui, de nombreux mots de l’Acadienne viennent de l’anglais aujourd’hui. Mais au début, ce n’était pas le cas parce que nous sommes arrivés en premier. Les Acadiens utilisent des mots anglais parce que ce sont des mots qui circulent. Aujourd’hui, nous avons beaucoup emprunté. Mais dans la langue acadienne originale, il n’y avait pas un mot d’anglais car il n’y avait pas de Britannique en Acadia. L’anglais a fini par nous influencer à long terme. En Acadia, nous disons toujours des mots principaux qui sont dans les écrits de Rabelais ou dans les classiques. Les vieilles paroles des Français qui ont disparu pour la littérature française ont longtemps été conservées, ils ont été conservés.
Il y a trois phases dans la langue acadienne: la première, la plus ancienne, avec les Acadiens qui parlaient vraiment le français; Le second, influencé par les Anglais lorsqu’ils nous ont envahi et nous ont expulsés (au XVIIIe siècle); Enfin, lorsque nous sommes revenus et que nous avons repris la possession de notre territoire, les Acadiens ont compris que nous devions nous défendre contre les Anglais. La langue a été corrigée, en particulier chez les Acadiens qui se respectent et qui ont une éducation.
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