Raynald Tremblay est le portrait peint de son défunt frère Jean-Claude. La ressemblance est frappante. Même visage, même moustache, même accent saguenéen. Et il faut voir la taille de ses mains.
« Ils m’ont servi contre les frères Hanson ! » dit-il d’une voix vive.
« Tous les trois ! » ajouta-t-il. « Je les ai combattus, l’un après l’autre. Je crois que j’en ai coupé un à la lèvre avec mon bâton.
« C’est là que tout a commencé. »
Au moment de Lancer frappé
Raynald a été rendu fort et il l’est toujours. Il devait être fort pour jouer dans la Ligue nord-américaine dans les années 1970.
« C’était la ligue de Lancer frappé« , se souvient-il.
Comme son frère aîné, Raynald jouait en défense et portait le numéro 3. Il n’était pas un combattant comme son grand ami Alan Globensky, qu’il avait rencontré chez les Nordiques du Maine. Mais il devait se défendre certains soirs.
PHOTO FOURNIE PAR LES EDITIONS DE L’HOMME
Après une carrière de cinq ans dans ce qu’il appelle les rangs semi-professionnels, il a vécu 38 ans à Portland, la ville la plus populeuse du Maine bien connue des Québécois. Il y était entrepreneur en peinture.
Frères et sœurs de huit enfants
Raynald et sa soeur Line apprécient que le journaliste et auteur Mikaël Lalancette ait écrit une biographie de leur célèbre frère. Ils n’ont pas eu l’occasion de le connaître autant qu’ils l’auraient souhaité en raison de la différence d’âge qui les séparait. Tous deux étaient enfants lorsque Jean-Claude a commencé à voyager pour le hockey. Il avait 14 ans de plus que Raynald et 16 ans de plus que Line.
Lorsqu’on lui demande quel est son plus beau souvenir de « Jaycee », Line répond instinctivement : « Il n’était pas apprécié à sa juste valeur ! »
Le sujet revient toujours sur le tapis lorsqu’on évoque Tremblay. Ses plus fidèles partisans estiment qu’il mérite une place au Temple de la renommée du hockey. Le trophée Conn Smythe, remis au joueur le plus utile à son équipe en séries éliminatoires, lui est passé sous le nez à trois reprises.
« Mais en 1966, l’année où il était en avance sur tout le monde, un club de supporters de Montréal lui a offert une Mustang », se console Raynald.
Construite par Ford en 1965, cette voiture a rapidement gagné en popularité. On en voyait partout à l’époque yéyé.
Raynald et Line sont membres d’une famille de huit enfants, six garçons et deux filles. Dans leur jeunesse, ils s’asseyaient devant la télévision pour regarder la messe du samedi soir. Ils voyaient Jean-Claude jouer dans la grande ville et dans l’historique Forum de Montréal, faisant une passe astucieuse à Jean Béliveau ou battant Johnny Bower d’un lob du centre de la patinoire, que René Lecavalier surnommait « son tir en tire-bouchon » en raison des rebonds capricieux de la rondelle.
« Lorsqu’il venait nous visiter à la maison, il m’apportait des rondelles des Canadiens et de vieux patins que les joueurs ne portaient plus », raconte Raynald.
« J’avais choisi ceux de John Ferguson. »
Toujours sur la palette
Présent au lancement du livre avant le match d’hier soir au Centre Bell, Serge Savard garde de bons souvenirs de Tremblay, aux côtés de qui il a évolué ses cinq premières saisons avec les Canadiens. Contrairement à ceux qui ont bien connu Tremblay, il ne l’a jamais vu comme un homme bourru.
« J’étais assis entre Jean-Claude et Jacques Laperrière dans le vestiaire quand j’ai commencé avec les Canadiens », raconte-t-il.
« Lappy » « Il ne parlait pas. Quand il parlait, cela durait dix jours, puis il redevenait silencieux. Jean-Claude était un véritable passeur ! »
À ses débuts avec les Canadiens, Guy Lafleur demandait à Tremblay pourquoi il ne lui passait pas la rondelle.
« Mets son bâton sur la glace et tu le recevras », avait-il répondu sur le ton de quelqu’un qui n’accepte pas la critique.
« Et la passe était toujours sur la palette », a dit Savard.
Espérons que la biographie de Tremblay contribuera à le faire mieux connaître à ceux qui ne l’ont pas vu jouer.
Parce que ce gars était un vrai joueur de hockey !
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