Au comble du découragement, Ben Gottlieb se consacre à ce qu’il ne faut jamais faire, dans son état : il » googler soi-même ». Le résultat de ses recherches n’est guère de nature à le remonter le moral, puisqu’il n’apparaît qu’après des centaines d’occurrences consacrées à d’autres Ben Gottlieb. Il faut dire que ses états de service ne suffisent pas à effrayer Google : ce chantre d’une synagogue près de New York a perdu la voix – et la foi – depuis qu’il a perdu sa femme, décédée des suites de complications. ‘un lapsus stupide. De quoi pourtant, aux yeux de Nathan Silver, faire de ce Ben Gottlieb le personnage principal de son remarquable dixième long métrage, Carla et moien salles depuis le 23 octobre.
L’homme qui prête ses traits, Jason Schwartzman, a également de nombreux homonymes parfaits. Parmi eux, un écrivain new-yorkais évoque régulièrement la difficulté de partager son nom avec un acteur aussi célèbre et célébré, depuis que Wes Anderson l’a révélé dans Rushmore (1998). Quand nous le lui avons annoncé, l’Américain était abasourdi. « Y a-t-il d’autres Jason Schwartzman ? » Est-ce que vous plaisantez?fait-il semblant de nous demander, de passage à Paris fin octobre. L’autre Jason Schwartzman, c’est moi ! »
La plaisanterie est moins anodine qu’il n’y paraît : issu d’une des dynasties les plus prolifiques du cinéma – il est le fils de l’actrice Talia Shire, le neveu du cinéaste Francis Ford Coppola, le cousin des réalisateurs Sofia et Roman Coppola… –, Jonglant avec les casquettes de musicien, scénariste, producteur et acteur depuis un quart de siècle, nous serions facilement, si nous étions à sa place, troublés par des troubles identitaires.
« Jason ne pouvait pas rester assis »
A 44 ans, en bon descendant d’Hollywood, il combat ce vertige par l’action : c’est-à-dire en explorant les registres les plus variés du métier d’acteur, en multipliant les pseudonymes, en doublant son activité et sa curiosité. . Damien Bonnard s’est lié d’amitié avec lui sur le tournage deVille d’astéroïdes (2023), de Wes Anderson, où l’Américain incarnait déjà un veuf déconfit et inconsolable. « Jason ne pouvait pas rester assis.rembobine l’acteur français. Avec le matériel qu’il avait rapporté dans sa chambre, il faisait de la musique, dessinait, sculptait des balles de tennis en papier mâché… Au petit-déjeuner, il semblait découvrir chaque objet avec un émerveillement enfantin : « Tiens, un grille-pain ! Ah, une banane ! »
C’est à Damien Bonnard que Jason Schwartzman doit sa présence dans Carla et moi. Nathan Silver, le réalisateur américain, a écrit le scénario en pensant à ce compatriote qu’il admire, énumère-t-il, « la cadence, l’art de sortir la bonne blague au bon moment, le côté fouineur et fouineur ». Mais l’e-mail qu’il a envoyé à l’agent de Schwartzman est resté sans réponse. Silver s’est également ouvert à Damien Bonnard, qu’il avait dirigé dans Qui est cette fille ? (2017) et dont il est suffisamment proche pour lui avoir demandé de célébrer son mariage. « J’ai pris la liberté d’appeler Jason et de lui dire : ‘Écoute, je n’ai pas l’habitude de faire ça, mais tu devrais lire ce script.' »confirme l’acteur français, avec modestie.
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