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Jannik Sinner, un « gentleman » devenu le nouveau patron du tennis mondial

Avant même l’issue de Roland-Garros, où il s’est qualifié pour les demi-finales, l’Italien est assuré d’être numéro un mondial dès lundi.

France Télévisions – Éditorial Sport

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Jannik Sinner lors de son quart de finale contre Grigor Dimitrov à Roland-Garros, le 4 juin 2024. (MUSTAFA YALCIN/ANADOLU/AFP)

En 2020, à l’âge de 18 ans, Jannik Sinner dispute son premier quart de finale d’un Grand Chelem, à Roland-Garros. Quatre ans après ce premier coup d’éclat, l’Italien se dirige vers sa première demi-finale porte d’Auteuil (vendredi, contre Stefanos Tsistsipas ou Carlos Alcaraz), quelques mois après avoir remporté l’Open d’Australie, son premier Grand Chelem. Un début de saison qui lui assure de devenir le nouveau numéro un mondial dès lundi.

A 22 ans, l’Italien endosse le rôle du nouveau patron du tennis mondial, avant même de savoir s’il soulèvera la Coupe des Mousquetaires dimanche. Premier numéro un mondial italien de l’histoire, après avoir ramené la Coupe Davis à la Botte pour la première fois depuis quarante-cinq ans et premier Transalpin sacré à l’Open d’Australie en début de saison, le natif des Dolomites est déjà au sommet, après une ascension fulgurante.

Jannik Sinner aurait très bien pu ne jamais se lancer dans une raquette. A la maison, c’est plutôt aux pieds qu’ils sont attachés, puisque le futur numéro un mondial est un enfant du Trentin-Tyrol du Sud, région montagneuse frontalière de l’Autriche, où l’on parle allemand. Ce qui explique aussi la consonance plus germanique qu’italienne de son patronyme, comme de nombreux skieurs italiens.

Une Ski Squadra Azzurra qu’aurait pu rejoindre dans une autre vie Jannik Sinner, lui qui fut champion national de slalom géant en 2008 puis vice-champion en 2012, dans sa catégorie d’âge. « J’étais meilleur en ski qu’en tennis, mais je n’ai aucun regret, du moins pas encoreavait-il déclaré en 2020, à Roland-Garros. Ce sont deux sports qui n’ont rien à voir l’un avec l’autre. Mais peut-être que grâce au ski, j’ai un jeu de jambes un peu plus fort et cela m’aide avec l’équilibre et la glisse. ». Un atout véritablement non négligeable sur la terre battue parisienne.

A 13 ans, au moment de choisir entre la neige et une petite balle jaune, Jannik Sinner traçait un trait sous les remontées mécaniques et privilégiait la montée au filet. Le voici membre de l’académie de tennis de Riccardo Piatti – qui a notamment formé Novak Djokovic et Richard Gasquet – à Bordighera, près de la frontière française : le début de la folle ascension. Cinq ans plus tard, il est quart de finaliste à Roland-Garros, mais se retrouve face au roi de la Porte d’Auteuil, Rafael Nadal.

Ce début de carrière en fanfare fait de lui la tête d’affiche de la nouvelle vague italienne. Mais Jannik Sinner peine à confirmer, malgré des résultats honorables en 2021 et 2022. Il faudra attendre 2023 pour voir l’ancien skieur prendre son envol. En fin d’année, il s’est notamment illustré au Masters, en battant Novak Djokovic en poules, avant de s’incliner face à lui en finale. Quelques jours plus tard, Jannik Sinner remporte la Coupe Davis avec l’Italie, la première depuis 1976. Il domine d’ailleurs à nouveau Djokovic en demi-finale contre la Serbie.

Quelques semaines plus tard, début 2024, l’Italien triomphe à l’Open d’Australie, confirmant sa progression fulgurante. « Ce n’est peut-être pas celui qu’on attendait le plus il y a un an et demi, il progressait lentementanalyse notre consultant Arnaud Clément, ancien N.10 mondial. Mais il a réalisé des progrès spectaculaires dans de nombreux domaines : au service, dans sa régularité, mais aussi physiquement et dans son jeu défensif.

« C’était un très bon attaquant, mais un défenseur moyen. Aujourd’hui, c’est un très bon défenseur. Il a également amélioré son jeu au filet. Il est l’un des rares joueurs à ne plus avoir de point faible. »

Arnaud Clément

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Cette progression n’a rien de surprenant quand on regarde la personnalité du futur numéro un mondial. Connu pour être humble et travailleur, presque trop sage, le discret Jannik Sinner n’en reste pas moins un joueur franc, malgré son refus de la célébrité. « Il a une personnalité intéressante, il est plus calme et réservé, mais toujours charismatique. Il dégage quelque chose sur le terrain, c’est un peu un gentleman sur le circuit actuel, plein de personnalités hautes en couleur. »représente Arnaud Clément.

Son début de match raté face à Corentin Moutet l’a prouvé : Jannik Sinner, 22 ans à peine, a déjà tout d’un vieux vétéran du circuit. « Il est déjà expérimenté et sait gérer. Il sait que la route est longue malgré un mauvais départ. Il a déjà l’expérience pour laisser passer la tempête.soutient Arnaud Clément. Mais c’est loin d’être plat ! Sur le terrain, il s’exprime. On le voit serrer le poing. Après, c’est sûr qu’il est moins optimiste qu’Holger Rune ou Carlos Alcaraz. »

À y regarder de plus près, ce côté réfléchi explique aussi les progrès fulgurants de ce stakhanoviste, selon Arnaud Clément : « Il est calme, posé, réfléchi, travailleur, élégant en dehors du terrain. Il a pensé à son tennis et aujourd’hui ça paie”.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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