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« J’aime les femmes, je veux qu’elles soient heureuses, qu’elles arrêtent de penser à l’avortement », promet Donald Trump lors d’un discours lunaire


Par Clément Arbrun | Journaliste

Passionné de questions de société et de culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.

Des propos lunaires dont le principal concerné a le secret : Donald Trump a une nouvelle fois fait réagir en s’adressant directement aux femmes lors d’un discours pour la course à la présidentielle. Et selon lui, l’ancien Président veut agir pour leur bien. Oui oui.

« J’aime les femmes, je veux qu’elles soient heureuses, qu’elles arrêtent de penser à l’avortement », promet Donald Trump lors d’un discours lunaire

Le reste après l’annonce

« Si je suis réélu, les femmes seront heureuses« 

Quand un discours commence ainsi, on se doute que les promesses sont d’emblée un peu trop belles pour vraiment se réaliser. Et quand c’est Donald Trump qui parle, la chose devient expérimentale… En pleine course à la présidentielle dans l’espoir de revenir à la Maison Blanche en novembre prochain, le candidat républicain s’est rendu en Pennsylvanie ce lundi 23 septembre pour y adresser une partie importante du peuple américain : les électrices.

L’équipe des « Femmes avec Donald Trump » semble avoir diminué depuis 2016, et la rivale de la vice-présidente Kamala Harris a donc envie de gagner quelques bons points. Il s’est donc prononcé pour rallier la gent féminine. Avec ces propos, directement rapportés par CNN : «Je veux que les femmes soient simplement en bonne santé, confiantes et libres. »

« J’ai toujours pensé que les femmes m’aimaient. Mais les fausses nouvelles continuent de prétendre que les femmes ne m’aiment pas ! Je n’y crois pas du tout »dit encore le milliardaire. Certains jugeront de la pertinence de ce constat.

« Je suis ton protecteur. Je veux être ton protecteur. En tant que président, je dois être votre protecteur »a ensuite inscrit le Républicain pour la gent féminine, avec la rhétorique qui le caractérise – répéter des mots forts tout en proposant quelques variantes.

« Si je suis réélu, vous ne penserez plus à l’avortement, car il est là où il devrait toujours être, avec les Etats et avec le vote du peuple.« . Voilà une curieuse affirmation, qui laisse libre cours à de nombreux décryptages politiques… Et des coups de rappel.

« J’aime les femmes, les femmes comme moi » : un féminisme opportuniste de Donald Trump en Pennsylvanie ?

Comment interpréter ces propos de Donald Trump ?

C’est simple : certains y voient un « feminism washing », un féminisme opportuniste : des enjeux d’égalité déployés dans une volonté de rassembler, plus par pure stratégie politique que par honnêteté intellectuelle et réel activisme. Une pratique devenue courante dans la publicité, la mode, l’industrie du divertissement…

Madame Figaro y voit une initiative indissociable des résultats de récents sondages, qui viseraient à devancer Kamala Harris dans l’opinion publique : «ces propos arrivent à un moment où il est en mauvaise position auprès des électrices. Selon les sondages, Kamala Harris devance Donald Trump de neuf points chez les femmes. Et au niveau national, le candidat démocrate conserve également quelques points d’avance« .

Par ailleurs, rappelle CNN à ce propos, « Un sondage de notre chaîne a révélé que les électeurs probables à l’échelle nationale préféraient l’approche de Kamala Harris en matière d’avortement (52 %) à celle de Trump (31 %). Il est clair que Trump est confronté à des vents politiques contraires sur la question du droit à l’avortement. « 

« Une large majorité (58 %) des votants ont déclaré qu’ils voteraient en faveur d’une mesure référendaire visant à établir le droit à l’avortement dans l’État, tandis que 35 % s’y opposaient. » recense encore la célèbre chaîne d’information américaine. La question de l’avortement est loin de susciter un soutien aux Etats-Unis, mais ce clivage pourrait être en faveur de Kamala Harris…

A l’inverse, ce « tu ne penseras plus à l’avortement« , une formule trouble, rappelle aussi l’engagement de l’ancien président au détriment de ce droit fondamental. Au sein d’une nation où, depuis 2016, la répression s’est exacerbée à travers les États sur ce sujet. Surtout depuis la révocation de l’arrêt historique Roe v Wade par la Cour suprême en 2022. En Pennsylvanie, par exemple, le droit à l’avortement existe toujours, mais reflète des restrictions qui bloquent l’accès à de nombreuses femmes concernées.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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