« J’ai peur pour ma famille et mes enfants », déclare un policier mobilisé sur le terrain
Le policier Daniel Tamanogi est mobilisé face aux violences qui touchent la Nouvelle-Calédonie. En 34 ans de carrière, il affirme n’avoir « jamais vu ça ».
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C’est un témoignage au cœur des événements qui secouent la Nouvelle-Calédonie depuis plusieurs jours. Celui d’un policier de 55 ans, avec 34 ans de carrière là-bas, et que franceinfo a pu contacter lors de son service mercredi 15 mai. Daniel Tamanogi est habituellement affecté aux enquêtes judiciaires mais, comme tous ses confrères, il a rejoint le terrain ces derniers jours. Il est également secrétaire territorial du syndicat Unité-SGP Police FO en Nouvelle-Calédonie et a le sentiment que la police est complètement dépassée par la situation.
franceinfo : Quelle est la situation sur place ?
Daniel Tamanogi : C’est la désolation. Nous avons l’impression d’être en guerre. Il est clair que la situation devient incontrôlable. L’État, qui doit assurer sa mission de service public de protection des personnes et des biens, n’est plus en mesure de le faire puisque c’est effectivement la population elle-même qui se protège. On retrouve des quartiers barricadés par les habitants du quartier, de peur que tous ces jeunes complètement en détresse ne viennent brûler leurs maisons.
« C’est une situation chaotique et à laquelle la police n’est plus en mesure de subvenir. Nous n’avons pas les effectifs nécessaires pour éteindre toutes les explosions de violence.»
Daniel Tamanogi, policiersur franceinfo
Avez-vous peur pour votre vie ?
Clairement, oui. Parce que je me dis que peut-être que ma vie va finir le lendemain puisqu’il y a des armes aux barrages maintenant. Et pour venir travailler (il faut) franchir une cinquantaine de barrages à vos risques et périls. Du coup, des collègues ont désormais choisi de rester au commissariat 24 heures sur 24, dans les bureaux ou à la salle de sport, sur un tatami, pour pouvoir assurer leur garde du lendemain.
Pour vous, qu’est-ce qui explique cette situation ?
La situation n’a pas été correctement évaluée. Nous aurions dû planifier, nous aurions dû anticiper. Le grand patron aurait dû anticiper cela. J’ai 55 ans, je n’ai jamais vu ça. Les événements de 1984, 1988 qui s’étaient produits, je pensais que je ne reverrais jamais cela. Mais là, à mon avis, ça va faire monter la pression. Malheureusement, je ne pense pas que cela s’arrêtera là. Honnêtement, j’ai peur pour ma famille, j’ai peur pour mes enfants.