« J’ai passé trois mois à être malade tout le temps… » Swann Arlaud explique pourquoi il n’aime pas son personnage dans la série de France 2
Acteur singulier, Swann Arlaud César récompensé pour ses rôles au cinéma dans Anatomie d’une chuteainsi que dans Petit fermierrevient avec un rôle fort, à la télévision cette fois sur France 2. L’acteur de 43 ans est l’une des stars de thriller politique, Dans l’ombre (notre avis), l’adaptation télévisée éponyme du roman écrit conjointement par Édouard Philippe et son ancien proche collaborateur Gilles Boyer, créée et réalisée par le cinéaste Pierre Shoeller (Exercice d’État). Swann Arlaud, qui donne la réplique à Melvil Poupaud (Paul Francoeur) et Karin Viard (qui a posé une condition avant d’accepter de jouer Marie-France Trémeau), incarne César Casalonga, le proche conseiller du vainqueur contesté des primaires du parti conservateur, Paul Francoeur, candidat à l’élection présidentielle. César est un personnage trouble que Swann Arlaud a eu du mal à s’approprier. Une expérience qu’il n’a jamais euetoujours pas récupéré« . Rencontre avec l’acteur qui parle de cette expérience unique.
Dans l’ombre : « J’ai passé trois mois à être malade tout le temps…« Swann Arlaud a eu beaucoup de mal à incarner le personnage de César
Télé-Loisirs : Avez-vous eu l’impression à travers le personnage de César, le proche conseiller du candidat Paul Francoeur, que vous incarniez un « baron noir de droite » ?
Je ne regarde pas du tout les séries, donc je n’en ai jamais vu Baron Noir. Je n’avais pas cette référence. D’ailleurs, je n’en avais pas pour ce rôle. Je n’ai posé aucune question à Édouard Philippe et je n’ai pas non plus discuté avec des conseillers politiques. En revanche, je me suis beaucoup appuyé sur Gilles Boyer. Ce n’est pas spécifiquement pour ce rôle, c’est ce que j’ai tendance à faire pour tous les personnages que je joue. Je m’appuie vraiment sur le texte, je l’imprime et je me le dis, encore et encore. C’est vraiment aussi simple que cela. Et puis, je me laisse emporter par la vision d’un réalisateur, je suis entre ses mains. Les gens venaient toujours vers moi pour des scores d’émotion, de sensibilité et d’hyperfragilité et puis je me suis dit, c’est peut-être l’occasion de changer ça et d’être dans quelque chose de purement cérébral avec ce conseiller qui pense tout de suite à la suite et qui est toujours à un pas. devant.
Lorsque vous jouez dans une série comme celle-ci, parvenez-vous à décorréler vos opinions personnelles et vos engagements politiques du personnage que vous incarnez, même s’il s’agit de pure fiction, vous rendez-vous compte de l’impact que cela peut avoir sur la vie ?
Nous n’avons aucune visibilité sur l’impact que peut ou aura une série avant sa diffusion. Après, je ne m’en suis pas remis du tout ! J’ai passé trois mois sur le plateau en étant tout le temps malade, j’avais un vrai conflit intérieur avec mon personnage. Nous avons eu des discussions intéressantes à ce sujet. En effet, nous sommes acteurs, nous jouons des rôles et nous ne sommes pas obligés de partager les avis de notre personnage, sinon nous ne jouerions pas beaucoup (Il rit) Mais mon expérience, et je ne sais pas trop pourquoi, c’était compliqué pour moi. jusqu’à la fin.
Dans l’ombre : « J’ai eu du mal…« , Swann Arlaud confie pourquoi le tournage de la série a été particulièrement éprouvant pour lui
Ce sentiment de mal-être, est-ce un sentiment récurrent dans votre carrière ou est-ce spécifique à ce rôle en particulier ?
Ça ne m’arrive jamais mais là j’ai eu un problème, c’est que j’avais du mal à aimer mon personnage. C’est vraiment un conflit avec moi-même et j’y suis toujours. A priori, il faut aimer nos personnages car il faut les défendre. Mais je ne voulais pas le défendre. Je ne sais pas pourquoi… Il n’est pas mauvais, et pourtant j’ai tout fait pour qu’il le soit, c’est ça qui est fou. Jacques, le directeur de la photographie, m’a dit « fais attention, tu as des rides dans le cou ». Je voulais que ce soit moche, j’ai tout fait (il rit).
Votre personnage est le narrateur de la série et il s’adresse plusieurs fois au spectateur face à la caméra, tout comme Franck Underwood (Kevin Spacey) dans Château de cartes. Comment avez-vous mis en pratique ce gadget ?
En fait il y a eu beaucoup de « face caméra » qui ont été coupés au montage, je trouve que c’était assez mauvais (il rit). Sur le premier épisode par exemple, il y en a eu beaucoup qui ont été supprimés et qui sont devenus des voix off. C’était une bonne idée mais ça n’a pas forcément marché, c’est très difficile. Du coup, à force de regarder la caméra, j’ai perdu tous mes moyens. Nous en avons quand même gardé quelques-uns, mais cela n’a pas fonctionné.