« J’ai l’impression d’avoir un peu tout gâché » regrette Arnaud Assoumani
Déçu par sa 5e place au saut en longueur, le Français a néanmoins gardé le sourire en évoquant la réussite de ces Jeux en France.
Au Stade de France
Comment vous sentez-vous après cette 5ème place en finale du saut en longueur ?
Arnaud Assoumani : Je me sentais plutôt bien, même si j’ai eu un peu de mal à mettre les jambes en route car c’est un peu dur le matin. Ce n’est pas la première fois que je participe aux Jeux Paralympiques et à chaque fois, c’est difficile. Je m’y étais préparé mais malgré ça, c’est resté compliqué. Je ne fais pas une bonne compétition, avec beaucoup de freins inconscients et psychologiques mais aussi physiques.
Quels sont ces obstacles ?
Je me suis blessé il y a trois ans en sautant sur la planche et depuis, je travaille beaucoup là-dessus. Physiquement, je m’améliore de plus en plus mais psychologiquement, je reproduis les mêmes obstacles. C’est frustrant car à chaque compétition cette année, j’ai fait mieux et aujourd’hui, je fais le pire de ma saison. C’est un peu dur à encaisser car je suis dans la meilleure forme physique depuis très longtemps. Je n’ai pas été à la hauteur de mon potentiel actuel. Sportivement, il y avait clairement une marge de progression.
D’autant plus que le podium n’était pas si loin…
Non, il n’était pas loin du tout. C’est difficile à expliquer. Si tu regardes ma compétition, en fait, il ne faut absolument pas faire ça (sourire). Au saut en longueur, il faut réussir à traverser, il faut engager les épaules en avant. Je reste trop en arrière, ce qui est totalement inconscient parce que je peux t’assurer que j’avais envie d’y aller. Je m’entraîne très dur depuis de nombreuses années, je sais toute l’énergie et les sacrifices que j’ai mis et en plus j’avais beaucoup d’amis au stade donc vraiment, l’envie était là. Donc, j’ai l’impression d’avoir un peu tout gâché dans cette compétition. C’était une compétition plus contre moi-même que contre les autres. C’est comme ça, ça fait partie d’une carrière.
Ces Jeux laisseront un héritage et contribueront à construire des choses qui, selon moi, seront très importantes pour la société.
Arnaud Assoumani
Sur le plan émotionnel, le contexte était également particulier à Paris…
Bien sûr. Mais cela me porte habituellement, alors que cette fois-ci, je n’ai pas réussi à me transcender. Je sais que ce n’est pas la première fois que je me sens comme ça le matin alors que trois ou quatre heures plus tard, ça aurait été une toute autre compétition. Mais les conditions sont les mêmes pour tout le monde. Je m’appelle Assoumani et il faut « mettre KO » comme on dit dans le jargon (sourire). Maintenant, ce dont je me souviens le plus, c’est la fierté de tous les gens qui étaient là pour moi, dont certains que je n’avais pas vus depuis très longtemps. Je sais aussi que des gens de ma famille sont allés voir du goalball, du cécifoot hier, pour faire un peu de divertissement et c’est génial.
Au-delà de cette compétition, comment vivez-vous ces Jeux Paralympiques chez vous ?
Avoir ces Jeux à la maison est une fierté. On s’est battu pour ça. Le sportif en moi est déçu de sa performance d’aujourd’hui. Mais l’être humain aime ces Jeux. Ce qui se passe est tout simplement fabuleux. Il faut que ça continue. On voit qu’avec la rentrée, il y a un peu moins de monde au Stade de France, mais j’invite et j’encourage tout le monde à venir vivre cette fête unique dans une vie. Ces Jeux laisseront un héritage et permettront de construire des choses qui, je pense, seront très importantes pour la société. Je le sens déjà. Pour l’avoir vu en 2012 à Londres, je suis extrêmement fier de faire partie de cette équipe. Je n’étais pas bon dans cette compétition mais désormais, je continuerai à encourager les Bleus.